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Actualités - ANALYSES

À l’Est, la crise politique prend le pas sur la récession

Réunies vendredi à Kornet Chehwan autour de Mgr Youssef Bechara, les notabilités chrétiennes qui devaient initialement discuter de la récession économique (l’invitation datait de deux bonnes semaines) ont estimé plus approprié de débattre de la crise politique aiguë que traverse le pays. Les députés, anciens ou actuels, les politiciens indépendants et les représentants des formations populaires (FL exceptées) sont convenus de mener campagne pour le respect de Taëf. Et a fortiori pour l’application de ses clauses pendantes, dont le redéploiement syrien sur la Békaa. Ils se sont également entendus pour promouvoir un dialogue élargi, dépassionné, dans l’esprit même de la ligne nationale adoptée par SB Nasrallah Boutros Sfeir. Ils ont condamné toute forme de fanatisme. Mais aussi toute tentative de marginaliser Bkerké et d’escamoter le débat sur la souveraineté, en soulignant le rôle national constamment joué par le patriarcat maronite. Les participants ont chargé MM. Nassib Lahoud, Samir Frangié, Sami Nader, Chakib Cortbaoui et Gebran Tuéni de préparer un manifeste qui jetterait les fondements d’un plan pour un dialogue généralisé. Ce texte une fois élaboré sera discuté au cours d’une deuxième réunion au siège du même diocèse. Il est d’ailleurs fortement question d’instituer un cycle de rencontres régulières et d’élargir le panel des participants. En quelque sorte pour former un front national, les députés devant pour leur part insister en vue d’un débat de fond rapproché, place de l’Étoile. Bien entendu, il s’est répété à Kornet Chehwan que c’est le laxisme des autorités, leur refus d’organiser un dialogue général qui a facilité la dégradation du climat politique, en ouvrant la voie aux surenchères d’ordre confessionnel comme aux pêcheurs en eau trouble. Cependant certains notables ont cru pouvoir relever que le laisser-aller ou le laisser-faire étatique se trouve en réalité commandé par des considérations d’ordre régional. Dans ce sens que les crispations sur la scène libanaise pourraient servir des projets déterminés qui visent à accélérer la reprise du processus régional de paix. Mais d’autres participants ont souligné, toujours dans une perspective régionale, que la tension provoquée sur la scène libanaise pourrait avoir pour but de faciliter l’implantation des Palestiniens. Ou, pire encore, de provoquer une dislocation géopolitique qui commencerait par le Liban. Des craintes qu’avive l’attitude détachée de la nouvelle Administration US. Qui a tenu à proclamer qu’elle ne compte pas s’impliquer comme la précédente dans les tiraillements du Proche-Orient et qu’elle va se contenter de jouer les go between, sans imposer ni même proposer de solutions. Ce qui, de l’avis de ces personnalités locales, laisse un peu trop les mains libres au boutefeu qu’est Ariel Sharon. Quoi qu il en soit, pour en revenir au dossier strictement local, on croit savoir que M. Fouad Boutros va reprendre le chemin de Damas sous peu. Et que le ministre Sleiman Frangié rencontrerait le patriarche Sfeir avant la visite traditionnelle que le chef de l’État, le général Émile Lahoud doit effectuer à Bkerké le vendredi saint. Du côté des prosyriens, et cela n’étonnera personne, on affirme que Damas est agacé, voire ulcéré, de voir sa présence militaire au Liban étalée sur le tapis en ce moment régional précis. Ces sources indiquent cependant que la nouvelle direction syrienne reste dispose à discuter d’autres questions relationnelles avec les Libanais. S’ils acceptent de ne plus parler de redéploiement et, à plus forte raison, de retrait. Sujet qui reste absolument tabou.
Réunies vendredi à Kornet Chehwan autour de Mgr Youssef Bechara, les notabilités chrétiennes qui devaient initialement discuter de la récession économique (l’invitation datait de deux bonnes semaines) ont estimé plus approprié de débattre de la crise politique aiguë que traverse le pays. Les députés, anciens ou actuels, les politiciens indépendants et les représentants...