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Actualités - ANALYSES

La souveraineté, une constante pour les patriarches maronites

Ce n’est pas la première fois que Bkerké mène la lutte pour un Liban souverain, libre et indépendant. Le responsable religieux, qui fait ce constat, rappelle à cet égard que tout au long de son histoire, le patriarche maronite s’est toujours fait un point d’honneur d’assumer ce rôle patriotique. Ceux qui demandent à l’instance maronite de se cantonner dans sa vocation religieuse oublient en fait que c’est elle qui a donné à l’accord de Taëf la couverture chrétienne indispensable à sa survie. Quand le cardinal Nasrallah Sfeir se réfère à son lointain prédécesseur Élias Hoayek, il insiste sur le consensus que ce dernier avait réussi à établir autour de sa personne lorsqu’il s’était agi de réclamer de la France la création du Grand Liban. À l’époque, le patriarche Hoayek était resté sourd aux mises en garde de certains chrétiens qui appréhendaient une extension des frontières du pays pour des considérations démographiques et confessionnelles. De même, quand les Libanais ont mené la lutte pour l’indépendance en 1943, Bkerké a joué un rôle efficace à ce niveau. Le patriarche Arida avait alors pris position contre le Mandat français, suscitant un tollé au sein de la communauté maronite. D’aucuns parmi les membres de la communauté insistaient en effet sur la signature d’un traité avec la France visant à protéger l’indépendance du pays. Par ailleurs, on se souvient que le cardinal Méouchi s’était opposé aux abus dont s’étaient rendus coupables les régimes des deux présidents Camille Chamoun et Fouad Chéhab. Il avait même pris franchement position contre un renouvellement du mandat de Fouad Chéhab, conformément aux vœux de la majorité. On se rappelle ainsi le surnom de «Mohammed Méouchy» dont on avait affublé le patriarche à l’époque. Il répétait sans cesse que le Liban était à tous les Libanais, chrétiens et musulmans. Dès le début de la guerre, en 1975, le patriarche Khoreiche avait convoqué les leaders maronites à Bkerké pour leur demander de renoncer à la violence. Il s’était alors exposé à des critiques virulentes de la part d’un certain nombre d’entre eux, et seul le Amid Raymond Eddé lui avait apporté son appui. Aujourd’hui, le cardinal Sfeir reste fidèle à la voie tracée par ses prédécesseurs, militant comme eux pour l’indépendance et la souveraineté du pays. D’ailleurs, cette constance dans la défense de la pérennité du Liban avait fait dire à feu le président Saëb Salam : «Sans les maronites, le Liban n’aurait jamais été un État souverain et indépendant. Il aurait fait partie de la Syrie». Une phrase de Mgr Sfeir suffit à résumer son attitude par rapport à l’avenir de ce pays, bâti sur le consensus et la coexistence : «Le Liban ne peut être chrétien. Il serait ainsi un nouvel Israël sans la force de l’état hébreu et sans l’appui dont il jouit auprès des États-Unis. De même, il ne peut être une République islamique. Il serait vite absorbé par ses voisins. Le Liban est donc aux chrétiens et aux musulmans ; c’est ainsi qu’il restera indépendant». Le patriarche maronite ajoute dans ce sens que si les Libanais étaient demeurés unis, leur pays n’en serait pas là aujourd’hui. D’aucuns s’estimaient victimes d’une injustice alors que d’autres réclamaient en permanence des assurances et des garanties tant les tenaillait le sentiment de peur. Résultat : tous se sentent aujourd’hui lésés, tous ont peur. Le cardinal Sfeir tire les conclusions de ce drame : «Le Libanais ne craint pas son compatriote car, en fin de compte, nous sommes tous les fils d’une même nation. Si les Libanais s’unissent, la peur et l’injustice disparaîtront. S’ils se divisent, ils en seront tous victimes».
Ce n’est pas la première fois que Bkerké mène la lutte pour un Liban souverain, libre et indépendant. Le responsable religieux, qui fait ce constat, rappelle à cet égard que tout au long de son histoire, le patriarche maronite s’est toujours fait un point d’honneur d’assumer ce rôle patriotique. Ceux qui demandent à l’instance maronite de se cantonner dans sa vocation...