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Actualités - REPORTAGES

Le Proche-Orient à la veille du IIe millénaire

Que se passe-t-il dans cette région aux Xe-XIe siècles ? La dynastie abbasside, dont la capitale était Bagdad, en Irak, commence à perdre de son influence au profit de dynastes locaux qui grignotent son territoire : les Fatimides, adeptes d’une secte issue du chiisme, contrôlent l’Égypte et la côte palestino-libanaise ; les Hamdanites règnent sur le nord de la Syrie ; les Seldjoukides et les Turcs commencent à pointer vers le nord de l’Irak et menacent Constantinople. Et les petites villes comme Tyr tentent en vain de secouer le joug qui des Fatimides, qui des Seldjoukides, revendiquant désespérément une certaine autonomie. À la fin du Xe siècle, une nouvelle religion apparaît en Égypte, le druzisme. Elle secoue un moment le trône fatimide du Caire mais doit finalement se retirer et fuir en Palestine et dans les montagnes du Sud-Liban. Dans le même temps, en Syrie du Nord émerge une nouvelle secte issue de l’islam chiite, les Alaouites. Les coups de boutoir répétés infligés par les Turcs aux Byzantins rendent précaires les conditions de vie de cet empire. Les appels au secours adressés à l’Occident et à la papauté demeurant sans réponse, l’opposition à l’Occident gagne du terrain à Constantinople. Ce ras-le-bol généralisé débouche sur ce qu’on a appelé depuis le grand schisme d’Orient, consommé en 1054 par le patriarche Michel Cérulaire et qui divise les chrétiens en deux Églises. Pagaye généralisée en Orient, troubles et guerres en Occident : c’est dans cette ambiance que tombe en 1095, l’appel du pape Urbain II aux croisades. Par cet appel, ce dernier tente d’une part d’arrêter les guerres fratricides en Occident en canalisant l’ardeur des frères ennemis vers un but sacré : libérer le tombeau du Christ des mains des infidèles ; d’autre part de mater la rébellion de l’Église orthodoxe d’Orient et de doter les hobereaux turbulents de nouvelles possessions et de nouvelles terres. La première croisade s’ébranle en 1096. Elle arrive en Orient en 1098 et reprend Antioche la même année. Jérusalem est soumise en 1099. Cependant, les cités du littoral résistent encore : Tripoli, assiégée en 1099 par le comte de Toulouse Raymond de Saint-Gille, ne tombera que dix ans plus tard, sous les assauts combinés des Francs et des Génois ; Saïda est prise en 1110 et Tyr en 1124. Vainqueurs, les Francs établissent à Tripoli un comté, installent un baron à Beyrouth et un duc à Saïda, villes qui dépendent directement de la principauté de Jérusalem. Des seigneurs féodaux francs gouvernent également, avec des prérogatives diverses, Byblos et Tyr. Les Croisés ne sont expulsés définitivement de l’Orient qu’en 1291. Ils ont laissé des vestiges et des traces tout le long du littoral libanais, et beaucoup de leurs se sont intégrés à la population locale, surtout maronite, et sont demeurés dans le pays, en particulier dans le Nord. Au moment de la conquête, les Arabes se sont répandus sur les côtes du Liban et n’ont pas affronté aussitôt les périls d’une infiltration dans la montagne. Mais il semble qu’ils ont pénétré dans les diverses régions libanaises à l’époque des croisades beaucoup mieux qu’ils ne l’avaient fait au temps de leur toute-puissance. Des tribus et des groupes ont été en effet envoyés au Liban sous la conduite des émirs Ma’an, Chéhab, Tannoukh…, pour défendre l’empire musulman contre les incursions des Croisés. La population du Liban était alors dans son ensemble phénicienne et araméenne, c’est-à-dire d’origine sémitique comme les Arabes, et parlait des langues fort rapprochées de celle de ces derniers. Aussi la montagne s’arabisa-t-elle rapidement. Les nouveaux venus apportent avec eux les titres en usage dans les tribus arabes, ceux d’émirs et de cheikhs aujourd’hui encore très répandus. Les luttes politiques qui divisent les Arabes entre Kaisites et Yéménites vont se prolonger chez les habitants de l’actuel Liban jusqu’au XVIIIe siècle. Enfin, une tradition tenace fait remonter l’ascendance de nombreuses familles libanaises à la tribu arabe chrétienne des Banou-Ghassan. Progressivement, la langue arabe remplace l’araméen ou le syriaque et se généralise dans le Liban. Bagdad tombe aux mains des Mongols (1242). H.B.
Que se passe-t-il dans cette région aux Xe-XIe siècles ? La dynastie abbasside, dont la capitale était Bagdad, en Irak, commence à perdre de son influence au profit de dynastes locaux qui grignotent son territoire : les Fatimides, adeptes d’une secte issue du chiisme, contrôlent l’Égypte et la côte palestino-libanaise ; les Hamdanites règnent sur le nord de la Syrie ; les...