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Actualités - OPINIONS

Opinions - Poison d’avril

La nouvelle lui était parvenue l’après-midi même, par télécopie. Il avait beau la lire et la relire, en isoler chaque mot pour savourer ce qu’elle annonçait d’incroyable, mais de réjouissant et de formidable à la fois, il arrivait difficilement à croire qu’il rêvait. La réalité était là, devant ses yeux, elle le remplissait de ce bonheur indéfinissable que seul un secrétaire général des Nations unies pouvait décrire. Étalé sur la table de son bureau, le petit message qui provoquait ce grand émoi contenait en effet ces quelques mots ahurissants : Le Liban vient d’étendre sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. L’homme à la peau couleur de bronze et à la barbe couleur d’argent eut un sourire compréhensible. Demain, se dit-il, ce petit pays si longtemps torturé par la politique tortueuse des nations, retrouvera enfin la prospérité à laquelle il était depuis longtemps promis ! Son turbulent voisin au Sud multipliera les appels à la paix, tous les pays autour viendront y goûter ce parfum de liberté dont il a le secret. Les investisseurs de la planète s’y bousculeront, les artistes de l’univers s’y donneront rendez-vous…les… Le secrétaire général interrompit brusquement ses pensées. Le grésillement de la machine dans le petit bureau de son assistante lui fit tendre l’oreille : un autre message tombait ce dimanche encore ! L’automate à nouvelles se tut au bout d’un moment, seules les vibrations d’un message qu’il venait de vomir se firent entendre un peu plus tard. L’assistante courut vers le bureau de son patron, un étrange sourire aux lèvres, un nouveau message à la main. Il disait simplement : En ce qui concerne le Liban et sa souveraineté, désolé M. Annan, mais poisson d’avril ! Petit farceur, va ! … ce ne pouvait être autrement ! se dit l’homme de la paix.
La nouvelle lui était parvenue l’après-midi même, par télécopie. Il avait beau la lire et la relire, en isoler chaque mot pour savourer ce qu’elle annonçait d’incroyable, mais de réjouissant et de formidable à la fois, il arrivait difficilement à croire qu’il rêvait. La réalité était là, devant ses yeux, elle le remplissait de ce bonheur indéfinissable que seul...