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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Colloque de Byblos - à la seconde journée, une étude comparative des textes sacrés - L’image de l’autre dans la Torah, l’Évangile et le Coran

Après avoir été traitée sous l’angle socioculturel, pédagogique et politique au cours de la première journée du colloque portant sur «l’image de l’autre», organisé par l’Usek et l’Institut autrichien des études Est-Sud-Est européennes de Vienne (OSI), la question de l’altérité a fait hier l’objet d’une étude comparative, à travers les textes sacrés, menée par le doyen de la faculté de philosophie et des sciences humaines de l’Usek, le père Georges Hobeika, par Mme Hoda Nehmé et par le père Ayoub Chahwan. Introduisant sa communication intitulée «L’image de l’autre dans la Torah» par une citation du prophète Isaïe : «Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime» (Is. 43,4), le père Chahwan en a déduit que dans la Torah, l’autre n’existe, positivement, que s’il «compte à mes yeux et que je l’aime». Sans aller plus loin dans ce sens, le père Chahwan a abordé par la suite, dans une approche terminologique et analytique, les différentes déclinaisons du concept de l’autre dans la Torah : le frère, le prochain, l’étranger, le résident. Même Dieu ne semble pas échapper à cette question de l’altérité, puisqu’«il se met en colère toutes les fois que les siens Lui tournent le dos, ou même pensent le faire, ou aussi lorsqu’ils introduisent d’autres dieux à coté de Lui». En dernier lieu, le père Chahwan a considéré que la Torah réserve une place privilégiée à la question de l’autre qui ne doit pas nécessairement se fondre avec le moi. «L’autre n’est pas un être que je rencontre, qui me menace ou qui veut s’emparer de moi…Son mystère constitue son altérité», a-t-il conclu. Le père Georges Hobeika a traité le sujet de «l’image de l’autre dans l’Évangile» en cinq points successifs. Il a tout d’abord évoqué plusieurs scènes de l’Évangile où l’autre est reconnu dans son droit à l’autodétermination : «Tel est par exemple le cas du Fils prodige, qui, en utilisant sa liberté de pouvoir se déterminer autre, se situe dans le droit prolongement de la thématique centrale de la Genèse, d’Adam et d’Ève qui s’embarquent librement dans l’aventure de refuser leur statut de créés et de s’employer à se déterminer loin de l’autre absolu qui a été au principe de leur vie». Par la suite, et c’est là le second point de l’argumentation du père Hobeika, au moment où cet autre désire se rétablir dans son altérité initiale, c’est à travers l’amour et le pardon qu’un nouveau départ devient possible. Pour ce qui est du rapport avec l’ennemi, Hobeika a affirmé que la loi du Talion tombe en désuétude à travers Jésus, dont les armes seront celles de la non-violence, car, explique-il, tout homme est cellule vivante dans le grand corps de l’humanité. Le doyen a achevé son intervention en évoquant l’altérité de la Pentecôte et de la Nouvelle Jérusalem, contre-images de la tour de Babel, où «grâce à l’esprit de Dieu qui rassemble harmonieusement les diversités, aucune culture, aucune langue, aucune civilisation ne sera marginalisée ou écartée». La troisième thématique, «L’image de l’autre dans le Coran», a été exposée par Mme Hoda Nehmé, professeur d’islamologie à l’Université Saint-Joseph. Tout comme dans les deux cas précédents, Mme Nehmé s’est chargée d’identifier les différentes images ou identités de l’autre dans le Coran. Par rapport au croyant, il s’agit de l’apostat, de l’associateur, de l’infidèle, de l’impie et des gens du Livre. De manière générale, Mme Nehmé a considéré que «ces autres, à des degrés divers, n’appartiennent pas à la société fermée dont fait partie à part entière le musulman, de même qu’ils ne jouissent pas des ferveurs divines. La fidélité, l’entraide, la justice sont limitées aux croyants». Les seuls droits qui sont accordés à l’autre, toujours d’après Mme Nehmé, découlent de son statut de «dhimmi» que lui reconnaît le Coran. Elle en a conclu que l’image de l’autre y est source d’inquiétude et d’angoisse, tant pour le croyant que pour le non-croyant, et a affirmé : «À l’heure actuelle, l’arsenal des idées émanant de la déclaration des droits de l’homme s’inscrit en faux par rapport au principe de la umma, ou communauté des croyants, dont l’existence même est profondément mise en doute par des clivages internes. Deux issues sont donc possibles : soit il faudra accepter de rester en marge de la modernité, soit il faudra penser réformer l’islam à travers l’ijtihad».
Après avoir été traitée sous l’angle socioculturel, pédagogique et politique au cours de la première journée du colloque portant sur «l’image de l’autre», organisé par l’Usek et l’Institut autrichien des études Est-Sud-Est européennes de Vienne (OSI), la question de l’altérité a fait hier l’objet d’une étude comparative, à travers les textes sacrés,...