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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - Défis contemporains et nouvel humanisme à l’Usek - Michel Eddé : La réconciliation et le pardon tardent à venir

L’ancien ministre Michel Eddé a pris la parole hier au cours de la première séance du colloque international organisé par l’Université Saint-Esprit de Kaslik sous le thème «Défis contemporains et nouvel humanisme : rôle des universités». Le colloque est organisé en collaboration avec la Congrégation pour l’éducation catholique de Rome. La première séance du séminaire avait pour thème «Nouvel humanisme et images de l’homme». M. Eddé a axé son intervention sur «les exigences éthiques du repentir». Après avoir longuement évoqué la question, l’ancien ministre a abordé le problème de la situation actuelle des chrétiens du Liban, mettant l’accent notamment sur les problèmes majeurs auxquels est actuellement confronté le pays sur tous les plans. M. Eddé a souligné à ce propos que «la réconciliation et le pardon tardent encore à venir». Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de l’intervention de M. Eddé : (…) «Je voudrais aborder notre situation à nous chrétiens, et en particulier catholiques du Liban. N’est-il pas temps de nous interroger nous aussi sur notre fidélité au message évangélique et sur notre engagement à le vivre avec cohérence ? «Le Saint-Père avait, à l’issue de la guerre terrible qui nous a été imposée, pris l’initiative dès le 12 juin 1991 de convoquer une assemblée spéciale pour le Liban du synode des évêques, en raison de la situation dramatique du pays qui avait été profondément ébranlé dans toutes ses composantes. «Si le Saint-Père a pris cette initiative tout à fait inhabituelle, c’est en raison de l’affection et de la sollicitude spéciales qu’il a toujours manifestées pour le Liban qu’il considère non pas un État comme les autres, mais comme un “message” pour toutes les nations, un message de fraternité, de charité, de tolérance et de convivialité. «Dix ans après la convocation de cette assemblée spéciale et près de quatre ans après l’Exhortation apostolique postsynodale de Sa Sainteté qu’elle nous a remise à l’occasion de sa visite pastorale au Liban, pouvons-nous dire que nous avons répondu à l’appel du Saint-Père pour le renouveau de l’Église et pour une espérance nouvelle pour le Liban ? «Sa Sainteté a constaté dans son Exhortation (je cite) : «L’Église catholique au Liban a beaucoup pâti de la division de ses fils, particulièrement durant les récentes années de guerre. Elle en a été déchirée même de l’intérieur. En 1993, ceux qui ont préparé l’assemblée spéciale écrivaient dans les lineamenta : “L’Église au Liban (...) fut, comme les autres composantes du pays, blessée dans sa chair. Mais c’est surtout dans sa conscience qu’elle fut profondément éprouvée. Elle a vu ses fils tués, tuant et s’entre-tuant. Elle continue à souffrir de leurs querelles toujours vivaces ; la meurtrit vivement le fossé profond que ces années troublées ont creusé entre nombre de ses fidèles et entre ceux-ci et l’autorité ecclésiastique”. «Que constatons-nous à l’heure actuelle ? «Sans vouloir en aucun cas minimiser l’importance des effets négatifs des séquelles de la guerre, de l’occupation et de l’ingérence étrangères, nous sommes appelés à réfléchir aussi sur notre part de responsabilité dans la situation grave où se trouve notre pays aux divers plans politique, social et économique. «L’entente ne s’est pas véritablement réalisée, et chacun de nous en est en partie responsable. Dans de nombreux cas, le ressentiment et la haine continuent de prévaloir. Le repentir et le pardon ne sont souvent même pas envisagés. Nombreux sont ceux qui ont été forcés à l’exode et ne peuvent encore revenir. «La réconciliation et le pardon qui devraient mettre un terme aux souffrances de ceux qui ont été entraînés dans la guerre tardent encore à venir. «Le chômage prend des proportions jamais atteintes auparavant, et le nombre des exclus continue d’augmenter sans cesse. «L’émigration, surtout celle des jeunes, représente une hémorragie qui met en péril l’avenir même du pays. «L’Administration traverse une crise sans précédent, et la réforme tant attendue reste bloquée en raison des ingérences inadmissibles de certains politiciens. «Le niveau de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur a gravement baissé. L’école et l’université au Liban, qui étaient la fierté du pays, traversent dans certains cas une grave crise et cela en particulier au niveau de l’enseignement public. «Le problème des réfugiés et des déplacés, qui est un des problèmes les plus graves de notre temps, ne trouve pratiquement pas d’échos au sein de l’opinion publique et reste encore sans solution malgré des efforts récemment déployés. «N’est-il pas temps dans ces conditions de nous remettre nous aussi en question et d’examiner ensemble les moyens de mettre en pratique les recommandations de l’Exhortation apostolique ? «Ayons le courage du Saint-Père et disons comme lui : “Pardonnons et demandons pardon”. «En ces temps de Carême, alors que les plus graves dangers nous guettent tant au plan local que régional, notre espoir demeure plus que jamais dans la paix, la paix du Christ à laquelle nous ne pouvons accéder que par le repentir et le pardon. «Lors de la visite du Saint-Père au Liban le 10 mai 1997, 500 000 personnes représentant près de 15 % de la population s’étaient réunies pour assister à la messe. Cette proportion comparée à la population de la France et des États-Unis par exemple aurait représenté respectivement 8 millions dans un cas et 40 millions dans l’autre. «Et lors du récent retour de Sa Béatitude le patriarche maronite, 200 000 personnes, soit plus de 6 % de la population, s’étaient massées pour son accueil, ce qui aurait représenté respectivement 3 600 000 en France et 17 millions de personnes aux États-Unis. «Un peuple qui manifeste une telle foi et avec une telle vigueur ne peut que revenir sur la voie du Seigneur. «Un tel peuple ne peut pas mourir».
L’ancien ministre Michel Eddé a pris la parole hier au cours de la première séance du colloque international organisé par l’Université Saint-Esprit de Kaslik sous le thème «Défis contemporains et nouvel humanisme : rôle des universités». Le colloque est organisé en collaboration avec la Congrégation pour l’éducation catholique de Rome. La première séance du...