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Actualités - REPORTAGES

CONGRES - La restauration des icônes, un sujet traité par de grands spécialistes - Comité pour la sauvegarde - du patrimoine pictural au Liban

La sauvegarde et la conservation du patrimoine pictural libanais est le premier objectif de la maison d’Antioche. Restaurer les icônes au Liban et initier les jeunes à s’occuper scientifiquement de ces œuvres d’art est la mission que s’est fixée cette association privée. Dans cet objectif, un séminaire sur les notions de base de la restauration des icônes se déroule jusqu’au 31 mai dans les locaux de la maison d’Antioche à Adonis. Afin de bien préparer ce séminaire et de lancer le Ccmité national pour la sauvegarde du patrimoine pictural, cette association a organisé un colloque international. Des experts venus de Russie, Finlande, Chypre, Syrie et Grèce ont présenté les différentes techniques de restauration et les problèmes auxquels ils font face au quotidien dans leurs ateliers. Fonder le comité pour la sauvegarde du patrimoine pictural au Liban est devenu une nécessité dans le contexte actuel. En effet, les conflits armés, la mauvaise conservation et le manque d’information ont eu raison de certaines œuvres d’art au cours des dernières années. «Les collections sont souvent négligées au profit d’autres priorités, note sœur Agnès-Mariam de la Croix, présidente et fondatrice de la maison d’Antioche. Et faute de soin, des œuvres uniques se détériorent rapidement risquant d’être perdues à jamais. Il a fallu alors songer à dresser des plans pour sauver ce patrimoine et le faire connaître. Il fallait alors réunir tous les intéressés et conjuguer leurs efforts afin de mieux servir cette cause. C’est dans ce but qu’a été fondé le Comité pour la sauvegarde du patrimoine pictural au Liban. Ce dernier offre aux propriétaires et aux responsables des peintures mobiles un ensemble de services pour faciliter et éclairer leur tâche», assure-t-elle. Les membres du comité, auxquels on peut faire appel, peuvent assurer une expertise des œuvres, faire des propositions sur les moyens de conservation face aux facteurs climatiques. Ils peuvent aussi assurer une mise en état de conservation des œuvres, une réhabilitation des lieux et des aides pour la formation d’experts en histoire de l’art et en restauration. L’organisation du colloque international est une première étape pour l’établissement d’une formation initiale à tous les problèmes que peuvent connaître les restaurateurs d’icônes. La riche expérience de ces experts internationaux contribue à la formation des membres du comité qui détermineront ainsi les données de base et les problèmes et découvriront la manière de résoudre, explique sœur Agnès-Mariam, organisatrice du colloque. Car conserver une icône ne consiste pas uniquement à savoir la reconstituer. C’est tout un autre processus qui requiert des connaissances, notamment, en chimie et en microbiologie. Il faut de plus apprendre au conservateur à ne pas se poser en juge de l’œuvre d’art sur laquelle il travaille. Il ne doit par juger sa qualité artistique, mais doit se contenter d’effectuer son travail de restauration avec le plus de minutie possible. Le contexte des objets Avant d’effectuer toute forme de traitement sur un objet, il faut recueillir les informations possibles sur celui-ci et déterminer son état de conservation. La photographie aux rayons X permet ensuite de déterminer les points faibles de l’œuvre. Toutes ces démarches doivent être effectuées dans un laboratoire spécialisé et sous la supervision d’un expert. «Pour un restaurateur, l’outil le plus important demeure sa main, note la directrice du centre de restauration de Valamo en Finlande Helena Nikkannen. Certes, il a besoin de microscopes et de différentes formes et formats de pinceaux, mais c’est avec sa main qu’il manie tous ces objets et le travail de chaque personne est unique. De ce fait, toute opération de restauration demeure très personnelle. On ne peut pas éliminer le facteur humain et chaque restaurateur a sa propre technique et suit un procédé qui lui est propre. Ainsi, un même objet touché par la même maladie, et traité suivant le même procédé par deux restaurateurs différents est considéré comme restauré de deux façons différentes». Le grand problème des restaurateurs demeure le lieu de conservation des icônes. Car ces dernières sont souvent placées dans des églises très anciennes et humides ce qui tend à détériorer les boiseries. À cela, il faut ajouter le facteur humain, les croyants, n’hésitent pas à passer leurs mains sur les œuvres peintes, voire même les embrassent sans oublier une autre source de détérioration, les fumées des bougies et de l’encens, qui constituent des éléments extrêmement «démolisseurs» de l’œuvre peinte, souligne la coordinatrice du projet «Networking in Icons» du programme Culture 2000 financé par la Commission européenne, Kiriaki Tsesmoglou. L’objet arrive alors au laboratoire dans un état de dégradation très avancé. Mais ce qui est malheureux c’est qu’une fois sa restauration achevée, l’icône est replacée dans le même contexte, et dans les mêmes conditions. D’où un retour inévitable au laboratoire quelque temps plus tard. De plus, selon ces experts, à son retour, l’état de l’îcone est plus dégradé que lors de la «première visite». «Avant de procéder à la restauration d’une icône, il faut exiger auprès des propriétaires, qui sont souvent des ordres religieux, d’effectuer une réhabilitation de l’édifice, note Kiriaki Tsesmoglou. Une icône traitée pour l’humidité ne doit pas être replacée dans un contexte humide. Actuellement, toute restauration de ces œuvres d’art ne doit se faire qu’une fois la réhabilitation des lieux terminée», poursuit cette grande experte en restauration. La directrice de la section au centre Vniir à Moscou et restauratrice des icônes d’André Rublev, Olga Lelekova, explique pourquoi les œuvres d’art retournent dans les ateliers de restauration dans un état plus dégradé. «Nous travaillons tous avec des produits réversibles et nous sommes souvent convaincus que les matériaux utilisés sont les meilleurs et les moins néfastes pour l’œuvre d’art. Mais tout matériau introduit dans les couches picturales est étranger à la peinture qui elle a déjà subi des changements chimiques irréversibles durant les centaines d’années de son existence. Croire au caractère réversible des colles est une erreur, car une fois introduit, un matériau ne peut être extrait de l’objet sans y porter préjudice et nous ne savons pas comment il va vieillir», explique cette experte. La restauration a toujours été considérée comme un travail plus minutieux et plus dur que la réalisation d’une œuvre. Certes, ce sont toujours des experts qui doivent superviser le travail, mais un atelier de restauration est désormais possible au Liban grâce au soutien de ces scientifiques. Ces derniers offrent leur collaboration au travail du comité pour la protection du patrimoine pictural et supervisent toute opération. Une ombre au tableau, l’ouverture de l’atelier de restauration n’est pas prévue de sitôt. Mais le séminaire qui a eu lieu dans les locaux de la bibliothèque orientale à l’USJ constitue une première étape appréciable.
La sauvegarde et la conservation du patrimoine pictural libanais est le premier objectif de la maison d’Antioche. Restaurer les icônes au Liban et initier les jeunes à s’occuper scientifiquement de ces œuvres d’art est la mission que s’est fixée cette association privée. Dans cet objectif, un séminaire sur les notions de base de la restauration des icônes se déroule...