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Actualités - ANALYSES

L’implantation, un fait accompli toujours en marche

Encore une fois, le Liban affirme ce rejet de l’implantation palestinienne inscrit dans sa Constitution. Les députés ont en effet tenu à combattre ce projet autant que faire se peut, à travers les amendements restrictifs apportés à la loi sur l’appropriation des étrangers. Les Libanais restent donc unanimes sur ce point, comme ils l’ont été pour la libération du Sud. À cette nuance près que des voix timides se sont quand même élevées dans l’hémicycle pour faire vibrer la fibre de l’humanitarisme au profit des camps palestiniens. Qui vivent effectivement dans des conditions sociales ou de santé effroyables. Mais bien vite les parlementaires se sont interdit tout amalgame. Pour rappeler en chœur que l’implantation, la cooptation de l’ensemble des réfugiés, mettrait en danger les équilibres nationaux. Et par là l’existence même de l’entité libanaise. Il reste que les mesures prises, autant que les fermes déclarations, ne parviennent pas à dissiper les inquiétudes des responsables. Car une évidence saute tout de suite aux yeux : l’implantation convient à presque toutes les autres parties concernées ou leur est égale. Israël ne veut à aucun prix d’un retour massif des Palestiniens de la diaspora. Arafat ne saurait où les mettre. Et les pays arabes d’accueil n’ont pas les mêmes problèmes aigus que le Liban. Ni en quantité relative ni en qualité politique. Pour peu qu’on indemnise grassement ces États hôtes et qu’on transplante une partie des réfugiés dans des continents d’immigration comme l’Australie ou le Canada, ils sont prêts à se laisser faire douce violence. De leur côté, les Américains, mais aussi les Occidentaux d’une manière générale, se tiennent aux côtés des Israéliens dans cette affaire. Dans la mesure où le retour entraînerait un risque de déstabilisation régionale et de flottement dans le rapport des forces effectifs. L’intifada ne fait du reste que renforcer les convictions apeurées du camp occidental. Qui redoute que cette forme de résistance active ne soit décuplée un jour, si des centaines de milliers de revenants devaient déferler dans les Territoires. En ce qui concerne le Liban, des pôles modérés soulignent en substance que les chances de contrer le complot en gestation «seraient automatiquement compromises si nous continuons à nous entre-déchirer à l’intérieur. Nos divisions nous affaiblissent sur tous les plans. Et si nous ne faisons pas front en rangs solidement unis, nous risquons de perdre la partie. Nous avons notre mot à dire. Encore faut-il savoir le faire entendre et pour cela, nous avons besoin de toute notre crédibilité». Allant bien plus loin, d’autres personnalités se demandent «si les manœuvres déployées actuellement pour provoquer une fracture au sein du camp de l’Est, c’est-à-dire pour dresser les chrétiens les uns contre les autres, n’ont pas finalement deux objectifs complémentaires. Le premier, le plus visible, serait évidemment de neutraliser la campagne hostile à la mainmise des décideurs. Le deuxième serait de faciliter l’implantation. Un objectif que pourraient rechercher les Américains. Ce qui expliquerait qu’ils répètent ces temps-ci leur plein soutien au maintien de la présence syrienne». «En somme, supputent ces sources, ce serait donnant donnant entre les deux parties extérieures les plus influentes sur la scène locale. L’exacerbation des tensions revêt une dangereuse coloration confessionnelle. Mais il y a plus, si l’on peut dire. Dans ce sens que l’escalade risque d’avoir pour effet d’élargir le fossé entre la rue chrétienne et le régime. Pour affaiblir ce dernier, qui reste au sein du pouvoir libanais, le plus fermement opposé à l’implantation. Au point d’avoir demandé que l’on ajoute la question des réfugiés au dossier des négociations régionales». Et de conclure en relevant que «c’est dans de pareilles conditions agitées que l’on comprend pourquoi l’on a pris soin, durant toutes ces années, de saboter l’entente nationale prévue dans les accords de Taëf. Car si les Libanais avaient été autorisés à s’unir, tous les autres, Palestiniens compris, auraient dû repartir». Au-delà de ces considérations, qui vont peut-être un peu trop loin, le résultat immédiat le plus regrettable de la tension actuelle reste, comme le souligne le président de l’Association des industriels M. Jacques Sarraf, «de porter préjudice à une situation économique déjà difficile. Et d’entraver les efforts de redressement que le gouvernement tente de déployer. En décourageant les aides et les investissements». Mais qui s’en soucie au-dehors ?
Encore une fois, le Liban affirme ce rejet de l’implantation palestinienne inscrit dans sa Constitution. Les députés ont en effet tenu à combattre ce projet autant que faire se peut, à travers les amendements restrictifs apportés à la loi sur l’appropriation des étrangers. Les Libanais restent donc unanimes sur ce point, comme ils l’ont été pour la libération du Sud. À...