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Actualités - ANALYSES

PARLEMENT - Les « pro » et les « anti » durcissent le ton - Présence syrienne : dialogue de sourds place de l’Étoile

Le débat sur la présence et l’influence syriennes au Liban n’est pas près de prendre fin à la Chambre où des ténors comme Albert Moukheiber, Nassib Lahoud et Boutros Harb reviennent à la charge, inlassablement, plus ou moins violemment, sur le dossier syrien. Avec les réserves exprimées sur le projet de réforme économique que de nombreux parlementaires souhaitent voir situé dans le cadre d’un plan global de redressement, c’est incontestablement l’un des principaux éléments de la réunion parlementaire qui s’est ouverte hier, place de l’Étoile. Sauf que si le gouvernement semblait prêt à tenir compte des remarques des députés sur son programme d’assainissement économique et financier – M. Hariri a réagi favorablement à la proposition de Boutros Harb de consacrer une réunion parlementaire au plan économique de l’État – on ne peut pas en dire autant des appels au retrait des forces syriennes du Liban ou au rééquilibrage des rapports avec Damas, que le gouvernement continue d’accueillir avec indifférence. M. Hariri juge en effet qu’il n’a plus rien à dire sur ce dossier depuis qu’il a expliqué, lors du débat de confiance, les raisons pour lesquelles le Liban officiel considère que la présence de 40 mille soldats syriens sur le sol libanais reste indispensable. Place de l’Étoile, c’est le camp proche de Damas qui prend maintenant le relais. MM. Albert Moukheiber et Walid Joumblatt sont parvenus à transposer la polémique sur la présence syrienne de la rue à la Chambre à la faveur du débat de confiance en novembre dernier, il est vrai, mais ils ont surtout entraîné un durcissement de ton de l’aile parlementaire prosyrienne : plus le ton des partisans d’un retrait syrien monte, plus la position du camp opposé se durcit. Il y a quelques mois, ce sont des menaces de mort qui ont été proférées contre M. Joumblatt parce qu’il avait «osé» mettre en cause l’hégémonie de Damas et de ses services au Liban. Hier, c’est le spectre d’un retour à une guerre interlibanaise qui a été brandi : un argument de choc, asséné comme une vérité par les deux camps adversaires. Comme si les deux souhaitaient, mais pour des raisons différentes bien sûr, susciter chez un État qui s’efforce d’ignorer l’importance de la polémique autour de la présence syrienne une prise de conscience sur la gravité des conséquences de la querelle relative à ce sujet. «Mais qu’on me cite une seule mission effectuée par l’armée syrienne au Liban. Personnellement, je ne trouve aucune raison d’être à sa présence dans notre pays. (…). Le Liban ne supporte plus des remous internes qui pourraient déboucher sur de nouvelles guerres tribales», s’est exclamé M. Moukheiber, soutenu farouchement par Boutros Harb. Nassib Lahoub et Salah Honein renchérissent, plus conciliants, mais tout aussi catégoriques, en plaidant pour une révision des rapports libano-syriens. La réaction ne se fait pas attendre. Nasser Kandil et Kassam Hachem (membre du Baas) montent sur leurs grands chevaux. Le premier relève en susbtance dans un discours plein de sous-entendus que l’État fait preuve d’indulgence à l’égard des auteurs d’un appel au retrait syrien et que dans le passé, cette indulgence par rapport à d’autres questions conflictuelles (peut-être la présence palestinienne armée) avait fait que «des divergences de vues ont fait l’objet d’un dialogue qui s’est toutefois transformé en conflit politique qui s’est transposé dans la rue, qui a miné la sécurité et qui a fini par provoquer la guerre». Tout était dit. Comme pour Ali el-Khalil qui soutient que le chef du gouvernement «avait été clair sur la question syrienne» et qu’il avait «reflété le point de vue de la majorité». Par ses positions en flèche, l’aile prosyrienne montre une nouvelle fois qu’elle est hermétiquement fermée au dialogue. Mais elle trouve quand même le moyen de faire l’apologie «du dialogue au sein des institutions qui est de nature à protéger la démocratie». À condition, bien sûr, qu’il se limite à des échanges verbaux ponctuels ayant l’avantage de sauver les apparences. Car, apparemment, c’est cela qui compte. Quant au dialogue qui doit servir de base pour une entente libanaise, c’est une autre histoire.
Le débat sur la présence et l’influence syriennes au Liban n’est pas près de prendre fin à la Chambre où des ténors comme Albert Moukheiber, Nassib Lahoud et Boutros Harb reviennent à la charge, inlassablement, plus ou moins violemment, sur le dossier syrien. Avec les réserves exprimées sur le projet de réforme économique que de nombreux parlementaires souhaitent voir...