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Actualités - CHRONOLOGIES

FESTIVAL AL-BUSTAN - Au Crystal Garden - Ermonela Jaho : l’impitoyable loi du désir

Une voix pailletée d’or, une présence et ces mélodies qui se déroulent sous les voûtes transparentes du Crystal Garden du Bustan tels de fuyants rubans en soie... Accompagnée au piano par Vincenzo Scalera, la soprano albanaise Ermonela Jaho, robe noire longue avec bustier piqué de fils d’argent, a offert aux mélomanes libanais un magnifique bouquet fleurant bon les grands moments du répertoire lyrique. Au menu, des pages de Rossini, Mozart, Rodrigo, Charpentier, Strauss, Tosti et Puccini. Ouverture avec L’invito, une des douze pièces tirés des «soirées musicales» de l’auteur des I Puritani. Languissant boléro avec toute la suave colorature et le panache rossiniens. Suit un passage des Noces de Figaro (qu’on avait applaudi récemment dans son intégralité à l’Auditorium Émile Boustany) où la comtesse se souvient des doux premiers moments d’une conjugalité alors comblée et heureuse. Souvenirs radieux transmis par une cantatrice à la voix puissante et ductile. De l’Espagne, quatre madrigaux de l’auteur du célèbre concerto d’Aranjuez. Lyrisme ibérique et passion rougeoyante sur fond de langue de Cervantès. Passage obligé à Paris avec Gustave Charpentier pour cette très belle aria-romance Depuis le jour (tirée de l’opéra Louise), morceau de bravoure vocale et d’émotion pour les soprani. Vivacité viennoise, fraîcheur et trémolos à la hongroise avec cette «czardas» aux carillons de volatiles vocalises triomphantes du meilleur cru de l’opérette La chauve-souris de Johan Strauss où Rosalinde attend le prince Orlowski. Après l’entracte, Mi chiammano Mimi, un des grands airs de La Bohême où Mimi décline en accents timides et susurrant son nom... «Un rêve» plein de douceur et de nostalgie de Sir Paolo Tosti, italien installé à Londres. Sogno, charmante chanson vaporeuse, un rien sirupeuse, avec des modulations toutes en tendresses. Retour à Puccini (qui a une part léonine dans ce concert!) avec l’aria O mio babbino (ô mon père) où Lauretta implore et cajole son père pour jeter un dernier regard sur un testament bien injuste et sévère. Chef-d’œuvre d’écriture ironique, ce passage est tiré de l’opéra Gianni Schicchi, personnage inspiré de l’Enfer de Dante. Place ensuite à la cruelle Turandot dénoncée par la douce mais fière servante Liu qui lui lance, comme une flèche acérée et empoissonnée, ce «Tu che di gel sei cinta» (toi dont le cœur est de glace). Aria superbe considérée à très juste titre comme un des sommets du répertoire lyrique par sa force d’émotion. Encore La Bohême (Donde lieta usci) où Mimi rompt avec regret avec Rodolphe à cause d’une liaison aux orages répétés. Pour clôturer ce cycle, retour au point de départ avec une «tarentelle» des Soirées musicales de Rossini. Ensoleillée, d’une décapante fraîcheur, vive, d’un rythme alerte et d’une légèreté de plume, cette «tarentelle» est un authentique joyau qui met du baume sur le cœur des auditeurs. Explosion d’applaudissements d’un public absolument conquis. En bis, tout d’abord La promesse de Rossini suivie d’une admirable chanson folklorique albanaise et, comme il se doit, à tout seigneur tout honneur, les dernières phrases et mesures étaient à La Traviata de Verdi. Ovation à tout rompre pour un tour de chant qui reflétait avec superbe toutes les grandeurs et servitudes de l’impitoyable loi du désir...
Une voix pailletée d’or, une présence et ces mélodies qui se déroulent sous les voûtes transparentes du Crystal Garden du Bustan tels de fuyants rubans en soie... Accompagnée au piano par Vincenzo Scalera, la soprano albanaise Ermonela Jaho, robe noire longue avec bustier piqué de fils d’argent, a offert aux mélomanes libanais un magnifique bouquet fleurant bon les grands...