Vie scolaire - conférence - débat sur la citoyenneté au Carmel Saint-Joseph

La direction du Carmel Saint-Joseph a entamé un cycle de conférences à l’intention des élèves du secondaire, dans le cadre d’un projet d’éducation à la citoyenneté. Un projet qui vise à développer leur esprit civique, et envisage de les inciter à s’intéresser à la chose publique. C’est dans cet objectif que M. Nawaf Salam, avocat au barreau de Beyrouth, a tenu une conférence suivie d’un débat autour du thème : «Les voies de citoyenneté en pays d’islam et la citoyenneté au Liban». M. Salam a axé son intervention sur trois points : le concept de citoyenneté tel qu’il s’est développé depuis la Grèce jusqu’à l’époque moderne en occident, les éléments d’individualisme dans l’islam classique pouvant permettre l’émergence du concept moderne de citoyenneté en pays d’islam, enfin la quête de citoyenneté propre à «la condition libanaise» tendue entre le logique individuelle et l’appartenance communautaire. M. Salam a d’abord mis l’accent sur le sens que la modernité donne à la pleine citoyenneté. Il a insisté sur les trois éléments constitutifs de cette dernière qui sont l’élément «civil» à travers les libertés individuelles et l’État de droit, l’élément politique associé à la participation à toutes les fonctions de l’État, l’élément social portant sur le bien-être (welfare) et l’égalité des chances. Il a souligné que seul l’État était en mesure de conférer la citoyenneté. En ce qui concerne les pays d’islam, M. Salam a montré qu’il ne fallait pas négliger, malgré le caractère «hostile» des sociétés islamiques et la valeur qu’elles attachent à la «umma», la reconnaissance par la culture islamique de la singularité morale de l’homme, de la responsabilité individuelle et de la notion d’égalité. Il a en outre évoqué l’importance du défi lancé aux pays d’islam par la rencontre avec l’Occident et la profondeur des mutations que cela avait entraîné dans les sociétés islamiques aux niveaux politique, juridique, économique, social et idéologique. Il a montré comment l’impact de l’Occident plaçait l’individu en pays d’islam devant la dilemme d’avoir à poursuivre la réalisation de son individuation en citoyenneté à part entière ou de renoncer à sa liberté au bénéfice d’une communauté confessionnelle, d’un mouvement nationaliste ou d’un idéal religieux. Enfin M. Salam a abordé le problème de la citoyenneté au Liban. Il a insisté sur les processus d’individuation à l’œuvre depuis 1943 à la faveur du développement du libéralisme économique, de l’urbanisation et du système d’éducation moderne.