Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Réconciliés avec l’apprentissage - et avec eux-mêmes

Dans les écoles régulières où ils allaient, ils étaient la risée des élèves, alors que leurs enseignants les ignoraient ou les traitaient d’incapables. S’ils ont été psychologiquement affectés, parfois même détruits, perdant jusqu’à l’estime d’eux-mêmes, ces enfants réapprennent aujourd’hui à vivre et se réconcilient avec l’apprentissage, à force d’encouragements et de valorisation. À 12 ans, Michael expérimente sa première année à l’école Alternative La Rosette, après avoir connu de nombreux échecs dans quatre établissements réguliers. «J’avais des problèmes de lecture, d’écriture et je n’arrivais à aucun résultat, parce que j’étais trop lent. Les maîtresses étaient dures avec moi, se souvient-il. Elles me grondaient et me qualifiaient de tortue». Durant de nombreuses années, Michael a supporté les moqueries de ses enseignants et des élèves, parce qu’il n’avait pas d’autre choix. Ses notes étaient trop mauvaises pour lui permettre de réussir et il accumulait les échecs, sans trouver d’issue à son problème. Malgré une prise en charge individuelle pour sa dyslexie, il n’arrivait plus à suivre le rythme d’une classe régulière et refusait d’aller à l’école, prétextant toutes sortes de maux. C’est grâce à une psychomotricienne qu’il parvient aujourd’hui à dépasser son problème à l’école Alternative La Rosette. «Car, ajoute-t-il avec un large sourire, je travaille sans aucun stress et les enseignants sont ouverts au dialogue. Et puis, ici au moins, je comprends les maths et je les apprécie». Encadré par l’équipe de sa nouvelle école qui a décelé une dyslexie et une dyscalculie découlant d’un problème de perception, mais aussi une lenteur dans la compréhension, Michael a une meilleure image de lui-même et fait preuve d’un don remarquable pour l’informatique. Don qui est mis en valeur par ses enseignants qui l’aident à développer son intelligence pratique. Encouragé par ses performances et par une mère à l’écoute de ses problèmes, Michael est devenu le boute-en-train de l’école. Cérine a neuf ans et présente de graves troubles du langage, éprouvant aussi de la difficulté à se repérer dans l’espace et dans le temps. Remarquant la grande lenteur de sa fille, la mère a pris la décision de renoncer à l’école traditionnelle où elle n’arrivait plus à suivre les cours, encouragée par l’établissement qui n’avait pas la possibilité de la prendre en charge. «Je n’arrivais jamais à bout d’une dictée, raconte-t-elle, car la maîtresse était trop rapide pour moi et les dictées trop longues. De plus, elle me grondait sans cesse à cause de ma lenteur». Encouragée par ses nouveaux éducateurs et par ses parents, Cérine réussit mieux, à présent, ses dictées qu’elle fait à son propre rythme, avouant comprendre sans aucun problème les explications de sa maîtresse, et heureuse de se retrouver dans un établissement où elle est enfin acceptée telle qu’elle. Depuis son arrivée à l’école Alternative La Rosette, Maroun a fait d’énormes progrès. Présentant un déficit de l’attention et une hyperactivité, perdant souvent le contrôle, face à la frustration, cet enfant de 9 ans ne savait même pas lire, l’année passée, alors qu’il allait encore à l’école régulière. «À son ancienne école, on le faisait pourtant passer de classe, déplore Mme Aramouni, malgré ses importantes lacunes, tout en lui imposant d’interminables heures de leçons particulières». Doté d’une très bonne mémoire et d’une intelligence supérieure, Maroun apprend à présent à lire et ne déchiffre les lettres et les syllabes que depuis un mois. Un apprentissage qui se fait sous forme de jeu, car il refuse encore son problème, son milieu familial ne l’aidant pas encore à s’accepter tel qu’il est. Certes, Maroun aurait pu suivre une école régulière, avoue la directrice, si ses troubles avaient été décelés à temps, mais il a accumulé tellement de lacunes, qu’il perdait littéralement son temps sur les bancs de l’école traditionnelle, subissant les continuelles moqueries des élèves et des enseignants. Les progrès de l’enfant sont énormes, mais beaucoup de chemin reste à faire pour permettre à Maroun de dépasser ses problèmes.
Dans les écoles régulières où ils allaient, ils étaient la risée des élèves, alors que leurs enseignants les ignoraient ou les traitaient d’incapables. S’ils ont été psychologiquement affectés, parfois même détruits, perdant jusqu’à l’estime d’eux-mêmes, ces enfants réapprennent aujourd’hui à vivre et se réconcilient avec l’apprentissage, à force...