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Actualités - ANALYSES

Relations libano-syriennes - Damas explicite son point de vue - Divergences marquées sur l’interprétation de Taëf

Dans la foulée du dernier discours «restrictif» du président Bachar el-Assad, qui a eu sur l’Est l’effet d’une douche froide, des sources autorisées affirment à Damas qu’il n’existe aucune limite de temps à la présence militaire syrienne au Liban. Ajoutant qu’en tout état de cause, il ne peut être question que d’un redéploiement (sur la Békaa) et non d’un départ total qui, à les en croire, n’est pas au programme puisque Taëf ne parle pas de «sortie» des forces syriennes du Liban. Une façon comme une autre de dénaturer en le minimisant le terme de «retrait», qui reste inscrit noir sur blanc dans le pacte mentionné. Qui ne dit mot consent : à cette récente interprétation syrienne des accords de Taëf, les autorités libanaises n’ont rien répondu. Ce silence étonne des pôles politiques. Qui rappellent que la position officielle du Liban à l’égard de la présence militaire syrienne est ipso facto dictée par la Constitution issue de Taëf. «Certes, soulignent ces personnalités, tout le monde est d’accord pour convenir que les forces syriennes sont entrées afin de rétablir et de préserver la paix civile dans un Liban déchiré. Mais les Syriens soutiennent que cette paix civile est toujours en balance. Et ils nient de la sorte que l’État libanais, qui a tant fait pour réorganiser son armée ainsi que le régime est bien placé pour le savoir, soit encore capable de veiller à la sécurité du pays par ses forces propres. Bien entendu, cet argument n’a rien de convaincant. On ne peut se faire à l’idée que dix ans après la fin de la guerre, après le désarmement des milices, après la reconstruction d’une armée nationale bien plus solide que par le passé, le départ des forces syriennes mettrait ce pays en péril d’implosion. Mais les Syriens n’en démordent pas. Même le simple redéploiement sur la Békaa, ils l’estiment inopportun. En affirmant que le rétablissement de la souveraineté de l’État libanais sur l’ensemble du territoire n’est pas possible tant qu’il subsiste des éléments armés, notamment palestiniens. Ajoutant, pour faire bonne mesure, qu’avant de leur demander de bouger, il faut aussi assurer le retour dans leurs foyers d’origine de tous les déplacés de la guerre libanaise. Ils veulent en outre lier le redéploiement sur la Békaa, fixé à deux ans après les réformes politiques, à l’abolition du confessionnalisme politique. Ils estiment enfin que les parties libanaises, qui sont pour le maintien de leur présence militaire, adoptent par là une position nationale; tandis que leurs contempteurs sont mus par des motivations d’ordre purement confessionnel. À cela on peut répondre, prosaïquement, qu’on ne voit pas en quoi les forces syriennes peuvent aider à contrôler les Palestiniens armés, à parachever le programme de retour des déplacés ou à supprimer le confessionnalisme politique. Sur ce dernier point, évoqué une fois par M. Abdel Halim Khaddam, le président Hariri a qualifié, dans sa dernière intervention télévisée, de «fallacieux» le lien qu’on établit entre la présence syrienne et l’abolition du confessionnalisme politique. Par contre, le chef du gouvernement a affirmé, dans la même interview, que «les grandes puissances s’étaient engagées, dans les accords de Taëf, à faire appliquer la 425. Or cette résolution n’a pas été exécutée totalement. De sorte que la présence syrienne ne peut être liée à l’éviction de l’occupation israélienne». D’autre part, on ne le sait que trop, le cabinet actuel a proclamé dans sa déclaration ministérielle, au mépris de Taëf, que la présence militaire syrienne reste «nécessaire, légale et temporaire». Le pouvoir souscrit à la lecture syrienne des accords de Taëf selon laquelle le Liban ne peut servir ni de base ni de passage aux forces hostiles à la Syrie. Qui continuera donc à veiller à ce qu’il ne soit le théâtre d’aucune action mettant en danger sa sécurité. En précisant que le péril israélien subsiste, d’où la nécessité stratégique de faire protéger par l’armée syrienne le flanc libanais de la plaine de Damas. Pour tout dire, les Syriens lient leur retrait du Liban à la conclusion d’une paix régionale. Et encore, il n’est pas sûr qu’ensuite ils voudront partir. Ce qui est inquiétant, c’est que cette approche semble approuvée par le pouvoir local. Malgré Taëf. Par ailleurs, et peut-être surtout, s’il doit y avoir présence militaire syrienne au Liban pour des considérations stratégiques, elle ne peut être que d’ordre purement militaire, ni socio-politique, ni même sécuritaire, cette mission revenant aux forces régulières libanaises. C’est ce qu’énoncent clairement les minutes de la conférence fondatrice de Taëf, citées par l’ancien ministre Albert Mansour dans son ouvrage Putsch contre Taëf. Un titre qui dit tout, concluent ces sources. Libanaises.
Dans la foulée du dernier discours «restrictif» du président Bachar el-Assad, qui a eu sur l’Est l’effet d’une douche froide, des sources autorisées affirment à Damas qu’il n’existe aucune limite de temps à la présence militaire syrienne au Liban. Ajoutant qu’en tout état de cause, il ne peut être question que d’un redéploiement (sur la Békaa) et non d’un...