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Actualités - CHRONOLOGIES

Le ministre des Finances résolument optimiste après la réunion de Paris - Siniora minimise les attaques du chef du Législatif

Le ministre Fouad Siniora avait naturellement beaucoup de choses à dire hier aux députés de la commission des Finances, surtout après la visite que le chef du gouvernement Rafic Hariri a effectuée mardi à Paris en vue de renflouer le Trésor public. Pendant plus de deux heures, il a ainsi rendu compte des résultats positifs de la «réunion sur le Liban» tenue à l’Élysée sous l’égide du président français Jacques Chirac. En guise d’introduction à l’examen du projet de budget, M. Siniora a en outre exposé et expliqué de manière exhaustive la politique financière du gouvernement. Résultat concret de cette nouvelle orientation économique et financière : selon le ministre des Finances, on s’attend cette année à une croissance de 3 %. Mais cette séance de débat parlementaire s’est déroulée sur fond de litige entre le Législatif et l’Exécutif. Est-ce parce que le gouvernement projette de s’en prendre aux émoluments et aux indemnités des parlementaires ? En tout état de cause, certains députés au sein de la commission n’ont pas manqué de critiquer l’exposé de M. Siniora, en affirmant que ce dernier s’était montré très évasif concernant les projets d’investissements susceptibles de réduire la dette publique. Le ministre avait pourtant indiqué dans ce cadre que le gouvernement comptait investir 600 à 700 millions de dollars dans des projets de développement. Certes, une amélioration de la situation économique ne peut être que progressive, selon lui. Il n’en reste pas moins que toutes les mesures prises par l’Exécutif se basent sur une libéralisation de l’économie de manière à stimuler la production du secteur privé. D’où création d’emplois. D’où encore amélioration du niveau de vie des Libanais. À sa sortie du Parlement, M. Siniora a indiqué que les discussions s’étaient caractérisées par leur «clarté» et leur «franchise». Une expression diplomatique qui signifie généralement qu’une réunion n’a pas été de tout repos, même si le ministre affirme y avoir «perçu un climat de confiance». La réponse à Berry Prié de commenter le qualificatif de «lâche» que le président de la Chambre Nabih Berry avait attribué au cabinet Hariri à partir d’Abou Dhabi, M. Siniora a tenté de minimiser la portée du propos : «Cette accusation est une sorte de boutade qui concerne le président Nabih et le gouvernement. Je crois que les deux conviennent de la nécessité de réduire les dépenses actuelles en vue de privilégier celles qui stimulent les investissements, la croissance dans le pays et l’augmentation des recettes du Trésor». Le tête-à-tête que les deux chefs du Législatif et de l’Exécutif auront à Faqra au cours du week-end permettra sans doute de dissiper le malentendu entre eux. Certes, la réunion était prévue depuis déjà un mois après concertation avec le président de la République, le général Émile Lahoud. Mais elle permettrait sans doute d’aboutir à un arrangement concernant l’affaire des émoluments parlementaires... que certains députés n’ont pas manqué d’évoquer hier «en passant», selon des sources de l’hémicycle. Et sur ce point, il y a eu pratiquement consensus au sein de la commission : «La question est délicate. En effet, on semble dire ainsi que les émoluments des députés sont à l’origine des problèmes financiers de l’État», a-t-on affirmé. Le ministre des Finances s’est arrangé de son côté pour se démarquer de la motion initiée par les députés Abbas Hachem et Farid Makari et clore le chapitre concernant la suppression des dépenses somptuaires de la Chambre. Il a déclaré en effet que le gouvernement n’avait strictement rien à voir avec ce projet. En public, et devant les journalistes, M. Siniora a même affirmé qu’il n’était pas question de mettre en cause l’intégrité des députés. Néanmoins, il a souligné la nécessité de faire en sorte qu’à «chaque livre dépensée, corresponde dorénavant un rendement économique déterminé». Par ailleurs, au ministre des Finances, qui se montrait résolument optimiste quant aux résultats de la réunion de Paris, d’aucuns parmi les membres de la commission ont adressé des questions pertinentes : «Pourquoi cette aide n’a-t-elle pas été octroyée auparavant ? Quel est donc le prix que le gouvernement devra payer en contrepartie de ces dons et prêts bonifiés ? Cette aide n’est-elle pas assortie de conditions politiques déterminées ? Est-ce vraiment le facteur confiance qui a incité les parties internationales impliquées à venir en aide au Liban ?». D’autres députés ont demandé au ministre des Finances des précisions concernant une éventuelle baisse du service de la dette, chiffres à l’appui. D’autres enfin ont réclamé du gouvernement des détails quant à la manière dont il comptait s’y prendre en vue de réduire cette dette. La partie semble donc loin d’être jouée pour l’Exécutif qui devra se démener pour obtenir l’aval de la Chambre au moment du débat budgétaire.
Le ministre Fouad Siniora avait naturellement beaucoup de choses à dire hier aux députés de la commission des Finances, surtout après la visite que le chef du gouvernement Rafic Hariri a effectuée mardi à Paris en vue de renflouer le Trésor public. Pendant plus de deux heures, il a ainsi rendu compte des résultats positifs de la «réunion sur le Liban» tenue à l’Élysée...