MULTIMÉDIA - Deux artistes british organisent un Workshop sur l’art audio - Jeff et Thor : une nouvelle lecture des espaces publics à travers le son

Jeff Sedgley et Thor Mc Burnie, deux jeunes artistes british, organisent, à l’initiative du British Council et de l’association Ashkal Alwane, des ateliers de travail sur les travaux d’art audio dans des lieux publics. Six artistes libanais participent à ces ateliers qui ont été entamés hier. Il s’agit de Marwan Rechmaoui (Visual Artist), Nadine Touma (installation et performance), Akram Zaatari (vidéo), Samar Kanafani (journaliste), Walid Sadek (installation) et Nesrine Khodr (vidéo). Le travail des deux artistes british vise à proposer une nouvelle lecture des espaces publics en y instaurant des éléments auditifs variés. C’est une manière d’agrémenter les espaces urbains «oubliés». Chacune de ces installations est une création originale «in situ». Ce genre d’installation est désigné, dans la langue de Shakespeare, comme «Audio Art Work». De quoi s’agit-il au juste ? Jeff et Thor, à peine la trentaine, ont organisé une démonstration de leur travail, projection de diapos à l’appui. «Vous n’êtes pas obligés de vous taire, vous n’êtes pas obligés de rester immobiles, vous n’êtes pas obligés d’ouvrir les yeux pour voir ce qui se passe autour de vous», dit la voix dans un accent british à couper au couteau. Une vingtaine de personnes, debout, immobiles, dans le «dar» de la maison Samaha, rue d’Amérique, Clemenceau. Huit haut-parleurs, posés sur des trépieds, sont répartis de manière à former un octogone. Des voix de femmes remplissent l’espace. Il s’agit d’un mixage de quatre pièces différentes chantées par le Chandaley Choir. Le premier moment de surprise passé, on commence à circuler. Les oreilles se tendent, s’avancent vers les haut-parleurs, s’y collent. On flâne, certains s’assoient à même le sol. Très vite, on s’aperçoit que chaque haut-parleur diffuse un son différent. La musique et les chants changent au gré de nos déplacements. On a droit ensuite à une ballade sonique dans une forêt Costaricaine (enregistrements de Chris Watson). Fin de la présentation. On apporte des chaises, on déroule un panneau de projection. Les deux artistes commentent les diapositives. Premier travail : installation audio dans Victoria Garden, à Brighton, intitulée A Sound Peace of Turf. «Ce jardin est l’exemple type du lieu public devenu insignifiant, n’attirant plus de monde». Il fallait le revigorer, lui donner un nouveau souffle. Jeff et Thor ont alors monté huit speakers camouflés dans des monticules recouverts de gazon. La musique qui s’en échappait ? «Le langage des oiseaux et de la nature». «Nous avons réussi à donner une nouvelle perception du lieu. Notre objectif a été atteint», souligne Jeff. Autre projet s’inscrivant dans le même cadre, le réaménagement auditif d’un pavillon de style victorien niché sur la corniche de Brighton, « qui ne remplissait pas son potentiel . Pour tester le lieu, nous avons invité deux danseurs de salon. Le couple a dansé sous le patio deux heures durant. Près de 200 personnes se sont attroupées et retrouvées, comme autrefois avec les kiosques à musique», commente Thor. Test réussi, le lieu possède un potentiel. Les deux artistes ont alors aménagé un studio dans le sous-sol du patio et installé huit haut-parleurs dans les colonnes du site. C’est devenu une sorte de gigantesque instrument de musique dans lequel les passants entrent, dansent, passent un moment magique. Le tout filmé par des caméras cachées. Car, pour les deux artistes, le plus intéressant dans tout cela c’est de voir l’usage qu’en fait le public. La manière dont il approche l’installation artistique. «Ne pas mettre de pancarte signalétique ni le présenter à grands renforts publicitaires. Il est essentiel que l’interaction du public se base sur la surprise. Ils sont curieux de voir, de découvrir et non pas d’analyser une œuvre d’art», avertissent-t-ils. Prochains rendez-vous avec Jeff et Thor : le jeudi 1er mars, les deux artistes donnent une conférence sur les arts contemporains public et sonique à l’Architecture Lecture Hall, de l’école d’architecture de l’ AUB. Samedi 3 mars, une présentation portes ouvertes se tiendra toujours à la maison Samaha, à partir de 15h. Un séminaire et une discussion suivront à 18h30.