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Actualités - REPORTAGES

RÉFORME - Un projet ambitieux au ministère de l’Information - Aridi s’attaque à l’hydre du clientélisme et de l’incompétence

Dès la formation du gouvernement de M. Rafic Hariri, en octobre dernier, le nouveau ministre de l’Information Ghazi Aridi s’est attaqué à un dossier particulièrement épineux, en suspens depuis de nombreuses années : restructurer et réorganiser le département de l’information, dans ses différentes composantes. Entreprise d’autant plus audacieuse (et risquée) que le ministère de l’Information et les organismes qui en dépendent se caractérisent par un clientélisme politicien chronique qui a eu pour effet de gonfler de manière irraisonnée les effectifs des fonctionnaires et des contractuels. Il en a résulté une inefficacité et une chute de productivité qui ont aggravé le problème budgétaire auxquels sont confrontés les divers services d’information étatiques, notamment Télé-Liban. Pour crever l’abcès sur ce plan, M. Aridi a envisagé une opération de sauvetage axée sur deux lignes directrices : se débarrasser des fonctionnaires et des contractuels improductifs en surnombre; restructurer le ministère en optant pour une «fusion» entre l’Agence nationale d’information, Radio-Liban et Télé-Liban, de manière à accroître l’efficacité et, surtout, la rentabilité de ces trois organismes médiatiques. Il s‘est avéré toutefois au cours des derniers jours que M. Aridi semble buter sur plus d’un obstacle. Un obstacle politique, d’abord, ou plutôt politicien, certains responsables officiels bien placés répugnant à se départir de leur clientélisme qui leur a permis, des années durant, de placer leurs partisans dans les différents services du ministère. C’est précisément pour asséner un coup de boutoir à ce clientélisme dévastateur (pour le Trésor) que certaines parties tentent d’encourager l’audacieux ministre de l’Information à tenir bon et à aller jusqu’au bout de son entreprise. Parallèlement aux obstacles politiques, M. Aridi est également confronté à des obstacles à caractère «technique». Les plus sceptiques se demandent comment le ministre Aridi pourra assainir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Comment par exemple réussira-t-il à déplacer – car il n’est pas question de licencier – toute une pléthore de fonctionnaires improductifs du ministère et vers quel secteur exactement alors qu’aucune politique de réforme globale n’a été définie ? Quelles sont par ailleurs les solutions proposées pour rendre plus viable une télévision vouée à une mort lente, à part l’abolitition de la convention collective, qui ne représente qu’une infime partie de l’iceberg? La récente position qu’avaient affichée dernièrement les présidents du Conseil et de la Chambre – qui étaient au départ favorables au projet de réforme – indique un revirement de la part des deux hommes à savoir une volonté de suspendre, pour l’instant du moins, le processus de restructuration du ministère. Il s’agit pour eux «de ne pas hâter» le traitement de la question du personnel surnuméraire au ministère de l’Information. MM. Hariri et Berry estiment en effet que la solution dépasse le seul cadre du ministère et devrait englober tout le système de l’Administration qui nécessite une refonte globale. Retour à la case départ. Sur le terrain, les choses semblent se compliquer. Le ministre Aridi avait procédé depuis quelques semaines à une série de réunions qu’il avait tenues avec les responsables au sein du ministère, les directeurs des unités et les chefs des bureaux régionaux de l’Ani, leur demandant de lui remettre un rapport sur la situation des employés et de déterminer ceux qui étaient excédentaires. Chose que les responsables avaient unanimement refusé de faire, estimant qu’en l’absence de critères précis, tout transfert serait considéré comme injuste et injustifié. Le ministre Aridi avait également précisé aux responsables des bureaux qu’ils devaient limiter leurs employés et correspondants régionaux à un nombre qui n’excèderait pas 8 par section . Critères de compétence Devant le refus des directeurs de coopérer avec l’équipe ministérielle, le ministre a finalement fait paraître la semaine dernière un mémorandum dans lequel il demande aux directeurs des unités d’effectuer une évaluation des contractuels sur la base de critères de compétence, de productivité et d’assiduité, qui seront notés par les responsables hiérarchiques. Une mesure qui n’a pas non plus recueilli l’approbation des employés au ministère. Même réaction de la part des employés de Télé-Liban, qui n’ont cessé d’exprimer leur mécontentement depuis la récente décision du Conseil des ministres d’abolir la convention collective, un contrat juteux dont bénéficie une équipe non moins importante numériquement. M. Aridi avait pourtant promis d’indemniser, sur la base de cette convention, ceux qui abandonneraient en cours de route leur fonction au sein de TL. La somme totale nécessaire pour indemniser l’ensemble des employés de la télévision, au nombre de 503, s’élèverait à 32 millions de dollars. Encore faut-il les trouver à un moment où le déficit de l’État va en s’aggravant. La convention ne représente d’ailleurs qu’une première tranche de la solution. Car, une fois leurs compensations reçues, tout est à refaire, disent les experts, si l’on veut avoir une télévision publique digne de ce nom. En d’autres termes, c’est d’une restructuration de fond en comble, aussi bien sur le plan technique que du point de vue des ressources humaines et de la gestion, dont a besoin TL qui doit faire peau neuve. Ghazi Aridi réussira-t-il à relever ce défi de taille auquel il est confronté ? Deux anciens ministres de l’Information, l’un plutôt sceptique, l’autre plus positif, répondent chacun à cette question. Pour le ministre Anouar el-Khalil, il est impensable de s’attaquer au dossier de l’information sans avoir établi un état des lieux sur des bases «scientifiques». Selon lui, la restructuration du ministère de l’Information ne peut s’effectuer en dehors d’une politique générale de réforme administrative. Le ministre Samaha par contre approuve totalement l’action menée par M. Aridi. Même s’il s’agit d’une opération chirurgicale douloureuse, estime M. Samaha, il faut s’y attaquer de front et ne plus hésiter une seule seconde. Pour cet ancien ministre, le Liban ne peut plus se payer le luxe de dilapider les deniers publics. Pourquoi le ministère de l’Information et pas un autre ? Il faut bien commencer quelque part. Pour M. Samaha, le choix est purement symbolique.
Dès la formation du gouvernement de M. Rafic Hariri, en octobre dernier, le nouveau ministre de l’Information Ghazi Aridi s’est attaqué à un dossier particulièrement épineux, en suspens depuis de nombreuses années : restructurer et réorganiser le département de l’information, dans ses différentes composantes. Entreprise d’autant plus audacieuse (et risquée) que le...