CORRESPONDANCE - Pour la Saint-Valentin - Courrier du cœur estampillé - Christian Lacroix

PARIS - De Mirèse AKAR De tous les grands couturiers français, Christian Lacroix est sans doute celui qui sait le mieux tenir une plume, et d’ailleurs cet Arlésien d’origine n’avait-il pas commencé par faire des études de lettres à Montpellier ? Il y a fort à parier qu’il doit être excellent épistolier, car il parle comme personne du «pincement au cœur à l’heure du courrier, tellement plus émouvant que l’e-mail, plus mystérieux que le téléphone». À l’en croire, «un timbre sur une enveloppe, c’est le début de tous les dialogues». 20 millions d’exemplaires C’est justement à lui que la Poste s’est adressée pour concevoir le timbre de la Saint-Valentin 2001, un cœur marron sur fond bleu, inséré dans un carré de 38 x 38 mm et tiré à 20 millions d’exemplaires. Enveloppes et cartes postales seront donc les mannequins inattendus destinés à revêtir son dernier modèle. Enthousiasmé par son sujet, il a également imaginé une carte géante illustrée – pour amoureux sûrs de leur coup de cœur – ainsi qu’un papier à lettre portant 5 timbres réunis autour d’une boutonnière. Dans un livre paru voici quelques années sous le titre Pêle-mêle, Christian Lacroix dressait le catalogue des influences très diverses qui l’ont marqué. Mais si dans son superbe travail d’habillage, réalisé en juillet dernier, des 8 voitures d’un TGV, se mêlent en effet de façon débridée les imageries de toutes les ethnies et de toutes les cultures enracinées dans le grand Sud, y reste pourtant reconnaissable au premier regard la patte de celui qui met un point d’honneur à être d’abord lui-même et à redire sans cesse ses convictions et ses fidélités. Déjà en 1987 Dans l’univers mouvant de la mode où une saison et une collection chassent forcément l’autre, ceux qui n’ont pas la mémoire courte se souviendront qu’en juillet 1987, Christian Lacroix plaçait justement sa première collection de couture sous le signe du cœur. Il s’agissait alors du cœur de sa Camargue natale, cœur brodé, tagué, sacré, païen, ou encore sous forme d’ex-voto provençal dans le dos de la mariée. Aujourd’hui, le voici qui persiste et signe avec ce commentaire autour de l’émission du timbre de la Saint-Valentin : «Le cœur est le timbre du corps, l’estampille de la personnalité, le réceptacle des sentiments et de la sensibilité».