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Actualités - ANALYSES

Déjà des spéculations sur le sort du Cabinet

«Rodrigue qui l’eût cru, Chimène qui l’eût dit, que notre heure fût si proche et si tôt se perdît...». Le présent gouvernement a été formé il y a trois mois douze jours. Et l’on parle déjà de son départ ! Des bruits de salon, certes, mais qui traduisent bien un malaise et une tension peu susceptibles de favoriser la longévité du Cabinet. Pour certains, l’entente «artificielle» entre le président de la République et le président du Conseil, une entente dont les coutures craquent tous les jours et en toutes occasions, ne saurait tenir longtemps la route. D’autres soutiennent qu’aux premiers bourgeons du printemps, si cher à M. Hariri, force sera de constater l’échec du programme de relance économique initié par le gouvernement, qui devra alors s’en rendre compte, en rendre compte, puis rendre son tablier. Les tenants de l’implosion par suite du désaccord entre les présidents soulignent qu’il n’existe aucun précédent de maintien du gouvernement en cas de mésentente au sein du pouvoir. Inversement, quand le chef de l’État s’entend bien avec son Premier ministre, il se hâte de le redésigner quand ce dernier se voit obligé de démissionner pour des causes extérieures. La compréhension mutuelle des deux têtes de l’Exécutif assure non seulement la survie du Cabinet mais aussi la faisabilité des projets sur lesquels ils tombent d’accord, lors du tête-à-tête qui les réunit avant la séance du Conseil des ministres. Quant aux questions litigieuses, si elles ne sont pas laissées de côté comme c’est souvent le cas, elles ont peu de chances de se voir traduites en actes, même si le Conseil les approuve, les voies d’obstruction étant multiples. D’autant que l’harmonie doit nécessairement s’étendre à la Chambre, qui est le point de chute naturel de la plupart des projets gouvernementaux. Ce qui explique les concertations régulières, au moins hebdomadaires entre le chef de l’État et le président de l’Assemblée, ainsi qu’entre ce dernier et le président du Conseil. Quant aux politiciens qui prédisent une éviction prématurée du Cabinet à cause de l’échec de son plan de redressement, ils soutiennent qu’en l’état actuel des choses, et de la crise économico-financière, la cohésion du pouvoir exécutif, la bonne entente entre les présidents ne suffisent plus. Ils en veulent pour preuve que, malgré le soutien indéfectible du chef de l’État, le gouvernement Hoss n’a pas pu obtenir de reconduction après les législatives. Mais quelle pourrait bien être la formule de substitut si l’équipe Hariri devait s’en aller dans les prochains mois ? Quel gouvernement serait assez fort ou assez habile pour réussir là où «l’homme-miracle» aurait échoué ? Cette question est, bien évidemment, au centre même de ce débat spéculatif. Et bien évidemment, aussi, le point sur lequel s’accordent tous les fabricants de théories savantes est que tout dépendra des «circonstances régionales». Entendre des décideurs. La thèse qui recueille le plus de suffrages dans les milieux loyalistes antihaririens prévoit qu’on ferait de nouveau appel à M. Hariri, mais qu’on mettrait sur pied un gouvernement réduit presque de moitié, c’est-à-dire de 14 ou de 16 membres seulement. Où le re-Premier ministre ne disposerait que d’une minorité infime, payant de la sorte le prix de son échec. Tandis que le chef de l’État aurait, pour sa part, une part bien plus grosse au sein du Conseil des ministres. Ce sont là, on s’en doute, des vœux bien plus que des prévisions. Des souhaits de contempteurs dissimulés du président du Conseil. Et de ministrables impénitents.
«Rodrigue qui l’eût cru, Chimène qui l’eût dit, que notre heure fût si proche et si tôt se perdît...». Le présent gouvernement a été formé il y a trois mois douze jours. Et l’on parle déjà de son départ ! Des bruits de salon, certes, mais qui traduisent bien un malaise et une tension peu susceptibles de favoriser la longévité du Cabinet. Pour certains,...