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Actualités - BIOGRAPHIES

PHOTOGRAPHES - Joe Sassine : « focus » sur un œil magique...

Derrière ses mini-lunettes jaunes et rondes, Joe Sassine porte sur le monde un regard magique. Un «focus» un peu bizarre, un brin décalé, saupoudré d’un zeste d’impertinence, qui transfigure les situations les plus communes, les objets les plus banals, en acteurs, aux jeux de rôles les plus divers. Ainsi, un tuyau de douche et une robinetterie se transforment sous la caméra de Joe Sassine en serpent hypnotisant un oiseau. Une aubergine, traitée en ombre et lumière, devient un nu féminin. Deux nids, deux tomates, un demi-kiwi, une fraise, une feuille d’érable et deux yeux donnent une chouette… figure de dessin animé. Un oud, renversé, déploie mieux l’étendue de sa beauté plastique. Même dans les portraits les plus conventionnels, Joe Sassine essaye toujours de faire ressortir un détail qui fait mouche ! Cela, quand il ne joue pas les caricaturistes. Dans son atelier, où foisonne un bric-à-brac d’objets insolites et ludiques, il travaille des heures sur des clichés aussi divers qu’un paysage, une composition publicitaire, un portrait, une photo industrielle, d’architecture, ou des images artistiques. La manipulation sur ordinateur n’a plus de secret pour lui. Normal, ce grand original se sert «d’un appareil digital, qui aide à planer dans l’imaginaire» pour fixer sur pellicule des scènes surréalistes. Sensibilité et technique C’est ce mélange de sensibilité, d’originalité, de culture et de technique qui constitue la trame des œuvres photographiques de Joe Sassine. Lequel affirme que dans son domaine «ce qui compte c’est la personne du photographe, son regard, son œil». C’est pourquoi il s’amuse à infiltrer, le plus souvent possible, un œil dans ses images. «J’essaye d’insérer ce symbole du photographe dans la plupart de mes clichés», dit-il. Couleurs, graphisme et imagination sont les matières premières – et primordiales – de ce créatif qui vit la photo comme une vocation. Il a d’ailleurs fait un an de théologie et un an de gestion, avant de trouver sa voie…photographique. «C’est un domaine qui demande beaucoup de patience, d’efforts, et qu’il faut exercer avec amour», souligne Joe Sassine, dont le parcours témoigne d’une belle réussite. Après un Deug de photographie à l’Usek, il intègre directement le domaine de la publicité, et se retrouve en 1989 à Chypre où il fait un stage de six mois chez un grand photographe publicitaire. «C’est dans son studio que j’ai acquis l’autre moitié de ma formation. J’y ai appris tous ces petits trucs essentiels pour réussir une bonne photo», dit-il. C’est aussi grâce à ce monsieur qu’il a l’occasion de participer au Congrès international de photographie, qui réunit chaque année les plus grands photographes professionnels, pour débattre de leurs nouvelles techniques. Malgré son jeune âge et son expérience toute fraîche, Joe Sassine se fait remarquer par la qualité de ses œuvres. Il est invité l’année suivante à participer à l’«Eurofoto» à Londres, pour y exposer son travail devant la crème des photographes internationaux. Il y donne une conférence d’une heure trente, avec 320 diapositives à l’appui, sur le thème de la photographie publicitaire en temps de guerre. Depuis, il y est invité régulièrement. Il a également obtenu deux diplômes pour des sessions de formation photographique en Grande-Bretagne. L’un délivré par la British Institute of Professional Photography et l’autre par le Master Photographer Association U.K. Et il fait désormais partie, entre autres associations, du British Institute of Professional Photography. En 1997, il est lauréat du London International Advertising Awards (l’équivalent de l’Oscar de la meilleure publicité au monde) pour une affiche réalisée pour Anis Printing Press. En 1998, c’est la consécration. Il remporte le premier prix catégorie photo, de la même prestigieuse institution. C’est le premier photographe du Moyen-Orient à recevoir ce prix qui, il faut le souligner, met en lice près de 16 000 personnes dans cinq catégories : télévision, cinéma, imprimeries, radio et couverture d’ouvrages. Suite à ce prix, le London International Advertising Awards lui confie la réalisation de ses propres photos promotionnelles. En une douzaine d’années, Joe Sassine s’est fait un nom. Qu’il entend protéger. En le singularisant d’une part par un extrême professionnalisme et une originalité certaine. Et d’autre part, en revendiquant certains droits, «comme le droit d’auteur ou celui d’avoir sa signature sur ses clichés. Quand les gens voient une belle photo, ils s’imaginent malheureusement, souvent à tort, qu’elle provient de l’étranger», dénonce-t-il. Avis donc aux publicitaires, afficheurs, imprimeurs : une signature locale sur une belle affiche, c’est du pain sur la planche… des photographes. Et pourquoi pas un motif de fierté, pour ces artistes de la caméra.
Derrière ses mini-lunettes jaunes et rondes, Joe Sassine porte sur le monde un regard magique. Un «focus» un peu bizarre, un brin décalé, saupoudré d’un zeste d’impertinence, qui transfigure les situations les plus communes, les objets les plus banals, en acteurs, aux jeux de rôles les plus divers. Ainsi, un tuyau de douche et une robinetterie se transforment sous la caméra...