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Actualités - REPORTAGES

Le document de vision globale : permettre au Liban de renouer avec une croissance durable

Conscient de la gravité de la crise interne, le Conseil économique et social propose une vision à multiples volets pour permettre au Liban de renouer avec une croissance durable basée sur une modernisation de ses structures publiques et privées. Cette croissance doit être équitablement partagée entre les différentes classes sociales et toutes les régions du pays et doit être consolidée par un environnement politique assaini et démocratique. La progression de la richesse s’appuiera obligatoirement sur une plus grande solidarité sociale, d’autant plus nécessaire que la modernisation économique passe inévitablement par des tensions sur le marché du travail. Cette solidarité n’est pas uniquement dictée par des choix sociaux mais aussi par des nécessités économiques. D’une part, une croissance économique durable ne peut s’accommoder d’un grand nombre d’exclus, et d’autre part, les activités sociales offrent d’importantes opportunités d’affaires. L’identification des facteurs structurels et conjoncturels qui ont provoqué la crise économique et sociale du pays est fondamentale pour l’élaboration d’un programme de redressement approprié et l’utilisation optimale des potentiels. Le plan quinquennal de redressement des finances publiques et le plan quinquennal de développement établis par les autorités publiques contiennent les grandes lignes ainsi qu’un schéma détaillé du traitement de la crise. Cependant, les études publiées par les différents organismes économiques ainsi que les avis des experts et agents sur le terrain relèvent des insuffisances plus ou moins significatives dans la formulation des plans et certains aspects de leur mise en œuvre. La mise en application de ces plans confirme les différences entre les approches des uns et des autres. Le Conseil économique et social (CES) tiendra compte de ces divergences dans les multiples chantiers qu’il propose. Le CES propose une vision générale ainsi que les étapes détaillées des travaux qu’il juge nécessaire d’entreprendre pour sortir de la crise. Des propositions sont formulées, afin d’améliorer la situation existante, d’amorcer le redressement du pays et le sortir de la situation difficile dans laquelle il se trouve. Les «chantiers», nombreux et très ramifiés, se veulent exhaustifs. Cela n’implique en aucun cas qu’ils doivent être traités simultanément. La complexité et la multiplicité des tâches face à nos ressources et les moyens limités dont nous disposons imposent le choix d’un programme de priorités. Certaines mesures qu’il convient de prendre sont de simples corrections ou de modernisations de lois existantes. Elles peuvent être appliquées à court terme. D’autres en revanche, plus longues à réaliser, nécessitent un remaniement structurel profond. Des mesures concrètes, acceptables par les différentes parties et faciles à mettre en œuvre sont proposées par le CES. 1 – Les réformes du secteur public Les dysfonctionnements du secteur public ont des retombées négatives sur la santé de l’économie libanaise. La réforme du secteur public devra se faire en profondeur. Elle nécessitera de redéfinir le rôle de l’État et les services qu’il assure, ainsi que son action pour une redistribution économique, pour la garantie de pratiques économiques saines, sans oublier ses engagements internationaux et ses choix stratégiques. Le CES pourrait contribuer au suivi des plans de redressement des finances, œuvrer avec les autorités compétentes à réduire l’impact de l’endettement et l’accumulation des déficits, et à évaluer les résultats effectifs de la politique financière par rapport aux objectifs initiaux. 2 – La réforme de la gestion politique et administrative Le Conseil économique et social considère tant la création d’un climat positif entre les différentes parties, que le support des programmes de réhabilitation administrative, comme des objectifs prioritaires. Il pourrait prendre part à la conception de la réforme, à la redéfinition du rôle économique et social de l’État, et inciter les autorités à renforcer les contrôles garantissant la qualité des biens et services et la protection des consommateurs. 3 – La paix sociale La politique sociale recommandée par le CES devra être rationnelle et garantir le meilleur rendement des ressources financières et humaines. Cela suppose la remise en cause du simple rôle de redistribution et de transfert de l’État, et sa réorientation vers une meilleure gestion et production des services sociaux. L’État pourrait ainsi assurer et développer de nouveaux réseaux et mécanismes de financement et de solidarité entre toutes les catégories économiques et sociales. Le Conseil économique et social veillera à ce que les mesures nécessaires soient prises le plus rapidement possible, notamment : • L’adoption d’une loi garantissant les droits des travailleurs, sans gêner la productivité et la compétitivité des entreprises. • La révision des statuts de la Sécurité sociale. • Le remaniement de la loi sur les indemnités de fin de service et l’assurance-vieillesse. • La réforme de la politique de l’habitat et le développement du secteur de la construction. • La solution des problèmes de transport. L’allégement des factures de transport que subissent les individus et les entreprises. • La réinsertion des personnes exclues de la société et plus particulièrement les handicapés, les chômeurs et les illettrés. 4 – Le développement des ressources humaines Le développement des ressources humaines est en tête des préoccupations du CES, qui se soucie de stimuler l’éducation et l’instruction, et d’encourager la formation et l’apprentissage. 5 – La protection de l’environnement L’environnement libanais a grandement souffert de l’absence de dispositions et de lois visant à le protéger et des conséquences de la guerre qui a ravagé le pays. Malheureusement, l’environnement n’a pas bénéficié de l’importance qu’il mérite dans le projet de reconstruction. Il devient urgent de limiter les dégâts et de considérer l’environnement et la protection de la nature comme une priorité essentielle. 6 – Dynamiser les entreprises privées Les institutions privées elles aussi souffrent d’un manque de productivité et de compétitivité, d’une mauvaise adaptation aux changements régionaux et internationaux. La présence au sein du CES de représentants des principaux acteurs économiques le place dans une position idéale pour réfléchir à l’avenir des entreprises et aux plans et programmes pour les dynamiser. Les chantiers à cet effet sont nombreux : • Programmer une politique d’ouverture des marchés et préparer le Liban à l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. • Améliorer la transparence au sein des entreprises pour encourager la participation interne, mais surtout externe, et pour renforcer leurs capacités. • Œuvrer à ouvrir le capital des entreprises aux salariés, les incitant à une meilleure productivité. • Améliorer l’environnement général de l’investissement par une modernisation des lois et une simplification des formalités administratives. • Assurer de nouvelles sources de financement et développer les marchés financiers en conséquence. • Contrôler les processus de production et se conformer aux normes internationales. • Insister sur la libre concurrence sur la plupart des marchés. Lutter contre les abus tels la contrebande et les monopoles. 7 – L’information et l’informatique Durant la guerre, le Liban est resté pendant plus de vingt ans sans données officielles et précises. Depuis 1995, il essaie de rétablir sa base de données statistique. Les chiffres disponibles demeurent partiels et imprécis dans de nombreux domaines. Le CES est parfaitement conscient des retombées négatives du manque de données. Il est appelé à s’associer au projet de rétablissement de la base statistique, et insiste sur la nécessité de : • Contribuer à renforcer l’Administration centrale de la statistique. • Insister sur la transparence dans la totalité des secteurs d’activité. • Inciter la publication de tous les chiffres obtenus. Le chantier de l’innovation doit intégrer les dernières technologies informatiques et assurer leur généralisation à l’ensemble des agents. Le niveau d’éducation et l’ouverture des libanais leur accordent des avantages comparatifs dans ce domaine. L’informatisation a atténué la différence entre biens et services. Les services deviennent de plus en plus la principale source de la valeur ajoutée, au détriment des produits traditionnels. Une entreprise ne peut survivre et progresser de nos jours qu’à condition d’investir chaque jour davantage dans les équipements et les produits informatiques. Conclusion : il est certain que les possibilités de multiplier les objectifs, d’amplifier les moyens et d’élargir les chantiers sont nombreuses au Liban. La vision du CES n’est pas statique. Elle peut être modifiée et élargie. Les chantiers d’application peuvent également se prêter à des ajouts, des changements en fonction des secteurs, avec la participation des commissions spécialisées qui constituent les piliers du CES, et qui jouent un rôle primordial dans sa dynamisation.
Conscient de la gravité de la crise interne, le Conseil économique et social propose une vision à multiples volets pour permettre au Liban de renouer avec une croissance durable basée sur une modernisation de ses structures publiques et privées. Cette croissance doit être équitablement partagée entre les différentes classes sociales et toutes les régions du pays et doit être...