Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

OPPOSITION - Conférence de presse-tour d’horizon avant-hier samedi de l’ancien Premier ministre - La convergence Karamé-Joumblatt - se confirme aujourd’hui à Tripoli

Tout le monde se souvient de l’appel de l’ancien Premier ministre Omar Karamé, lancé pour la première fois à Bkerké et réitéré lors du débat de confiance place de l’Étoile en novembre dernier. Un appel pressant à la tenue, sous la présidence du chef de l’État Émile Lahoud, d’un «congrès national au cours duquel seront débattues toutes les questions, notamment les plus litigieuses, ainsi que tout ce sur quoi divergent les Libanais afin d’arriver enfin à des solutions qui feront l’unanimité». Et puis le silence, entrecoupé une ou deux fois par des déclarations plus ou moins fermes, la dernière venant commenter les récentes déclarations de Walid Joumblatt à l’encontre du président de la République. Et c’est tout naturellement dans ce cadre-là que s’inscrit l’entretien prévu aujourd’hui à Tripoli entre le chef du PSP et Omar Karamé. Une visite qui sera consacrée, selon des sources proches de Moukhtara, beaucoup plus à appuyer la convergence des points de vue entre les deux hommes et la confirmation de l’appui mutuel qu’ils se portent, qu’à la création d’un hypothétique «front commun» entre le leader du Nord et celui du Chouf. «Walid Joumblatt se rend à Tripoli surtout pour remercier le président Karamé de son soutien d’il y a une dizaine de jours. Il s’entretiendra également avec (la députée de Zghorta) Nayla Moawad, et tout cela s’inscrit parfaitement dans la mouvance de ses alliances préélectorales. Quant à l’éventuelle naissance d’un front unifié... ma foi, on verra bien», a-t-on pu rapporter de ces mêmes sources. L’indispensable collaboration «C’est parce que nous sommes attachés à la démocratie et aux libertés que nous avions établi un distinguo entre la solidarité gouvernementale et l’avis donné par un leader national de premier plan, chef d’un parti d’importance», a rappelé Omar Karamé, lors d’une conférence de presse tenue avant-hier samedi à Tripoli à l’issue de la visite dans la capitale du Liban-Nord du ministre des Déplacés, Marwan Hamadé (voir page 4). Interrogé sur les dessous de la visite de Walid Joumblatt, l’ancien Premier ministre a insisté sur la nécessité et l’importance fondamentale d’une collaboration entre les différents leaders, «d’autant plus que la crise est totale, crise du pouvoir, crise politique, crise économique, peur de l’avenir, situation régionale critique... Il faut rectifier le tir si l’on veut contribuer à la réalisation des intérêts nationaux supérieurs, voilà pourquoi nous nous réunirons, loin des tiraillements intérieurs, loin de toutes tendances, qu’elles soient loyalistes ou d’opposition», a précisé Omar Karamé. Les mots du député de Tripoli sont clairs, nets, sans ambages : «Nous pensons aujourd’hui que tous les problèmes soulevés trouvent leur origine dans les conflits entre les présidents, en dépit de toutes les tentatives destinées à les taire pour ne pas provoquer l’opinion publique, les dissensions ou pour ne pas réveiller les fantômes d’un passé douloureux. Il est donc de notre devoir d’assainir le climat dans notre pays, de trouver les solutions aux problèmes du Liban et des Libanais. Voilà pourquoi nous allons rencontrer Walid bey». Interrogé enfin sur l’éventualité de la création d’un «front libanais unifié», Omar Karamé a affirmé que «ce n’était pas cela, l’important. Il faut éviter les tiraillements, les tensions ou la prééminence d’un front sur un autre. La situation est tellement délicate que chaque citoyen est conscient de l’indispensable solidarité à trouver pour dépasser tout cela. Et parallèlement, à notre grand regret, les responsables chaque jour soulèvent un nouveau dossier. Si seulement ils consultaient la rue... Or ils ne s’imprègnent que de dissensions qui, immanquablement, mèneront à la ruine», a-t-il déploré. La proposition Farès L’ancien Premier ministre avait ouvert sa conférence de presse en dressant un bilan plus que négatif, deux mois et demi après son entrée en fonctions, du Cabinet Hariri. «Ce gouvernement est venu spécialement pour régler la crise économique aiguë et rien n’a encore été réalisé à ce niveau. Le climat politique aujourd’hui influe beaucoup sur cette crise : on n’entend parler que de tiraillements et de conflits entre les présidents, entre les ministres et les présidents, entre les ministres eux-mêmes et tout cela donne lieu à des propositions et à des contre-propositions qui empoisonnent le climat intérieur, ce dont nous pouvons largement nous dispenser. Voilà pourquoi j’affirme que la question de la séparation entre la direction générale de la présidence du Conseil et le secrétariat général du Conseil des ministres, telle qu’elle a été soulevée, est très pernicieuse. C’est un sujet, quel que soit son bien-fondé, qui doit être traité dans le cadre du Conseil des ministres», a-t-il affirmé. Rappelons à cet égard que Omar Karamé avait, toujours au cours du débat de confiance en novembre dernier, déclaré que «la nomination du vice-président du Conseil Issam Farès est anticonstitutionnelle : aucun texte de la Constitution ne parle ni ne définit ce poste», avait-il dénoncé à l’époque. Télé-Liban Interrogé ensuite sur la taxe de 5 000 LL sur les télécommunications – taxe destinée à tomber dans l’escarcelle de la télévision et de l’information publiques – Omar Karamé a déclaré que «lorsque le public se mêle au privé et le privé au public et lorsque les décisions se prennent dans un esprit vengeur, il est impossible de traiter les problèmes avec la sagesse nécessaire. C’est comme si la personne qui avait soulevé cette question l’avait fait de manière à provoquer sciemment l’opinion publique». Selon lui, tout est mis dans le même sac, «la MEA, la télévision, l’Université libanaise ou toute institution gouvernementale», et ce qui prime sur l’intérêt public ou sur la compétence, «c’est le clientélisme, le sectarisme, le confessionnalisme et l’esprit partisan». Mettant en avant le statut légal dont jouit Télé-Liban et qui prévoit un monopole de diffusion jusqu’en 2012, le député de Tripoli a dénoncé la distribution par l’État, ces dernières années, de canaux de télévision à des fractions politiques, à des communautés, «et tout cela sur le dos de Télé-Liban». Conséquence immédiate, selon lui : les médias des hommes politiques richissimes ont été et sont toujours supérieurs à ceux du pouvoir. «Les premiers ont ainsi pu soumettre l’opinion publique. Ils disent que dans tous les pays du monde, il n’y a pas de télévision officielle ni de ministère de l’Information et ils ont raison, sauf qu’ils n’ont pas cette chose (Télé-Liban) que nous avons ici», a-t-il ironisé. Cela étant, le leader du Liban-Nord a insisté sur l’importance de la télévision publique pour une démocratie libanaise plus sereine, comme sur les arrière-pensées du gouvernement concernant la taxe de 5 000 LL : «Vous ne voulez pas payer une taxe pour la survie d’un média, très bien, nous nous passerons donc de ce média, voilà le but de ces 5 000 LL. La solution ? Elle ne plaira pas à tout le monde, loin de là : nous savons qu’il y a au Liban un monopole sur la publicité, alors mettons une taxe sur la publicité, où qu’elle passe, l’argent reviendra à Télé-Liban. Il faut que la télévision publique récupère une partie de ses droits d’exclusivité. Voilà comment l’on pourrait financer, avec justice, ce média», a déclaré Omar Karamé. Enfin, concernant le dossier des déplacés et la visite du ministre Marwan Hamadé à Tripoli et Zghorta, l’ancien Premier ministre n’a pas mâché ses mots évoquant la «négligence» dont a souffert le Liban-Nord en général et sa capitale en particulier. «Nous parlons de Tripoli surtout parce que le coût des dégâts dans cette ville dépasse l’ensemble de ceux de toute la région», a-t-il précisé. «Nous faisons entièrement confiance au ministre des Déplacés, comme au président de la Caisse des déplacés (Chadi Massaad), à leur conscience comme à leurs efforts. Aucune importance n’était accordée précédemment à notre ville ; alors nous avons discuté avec eux du nouveau plan consacré au Liban-Nord et qui sera parachevé dans quatre mois. Nous sommes rassurés, et le dossier des déplacés pourrait être réglé justement et équitablement», a souhaité Omar Karamé.
Tout le monde se souvient de l’appel de l’ancien Premier ministre Omar Karamé, lancé pour la première fois à Bkerké et réitéré lors du débat de confiance place de l’Étoile en novembre dernier. Un appel pressant à la tenue, sous la présidence du chef de l’État Émile Lahoud, d’un «congrès national au cours duquel seront débattues toutes les questions, notamment...