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Actualités - ANALYSES

L’esprit de contradiction domine la scène locale

Hippocrate dit oui, Galien dit non : au-delà de toute considération objective, dès qu’une partie locale enclenche une initiative quelconque, une autre partie s’empresse d’y faire obstacle. Pour le plaisir, pour faire acte de présence ou pour servir d’obscurs intérêts. Ainsi le président Nabih Berry s’est tout de suite attiré certaines foudres lorsque, sur le perron de Bkerké, il a cru pouvoir indiquer que le redéploiement était en cours, dans les faits, depuis avril dernier. Le chef du Législatif, qui n’est pas né de la dernière pluie, a capté le message cinq sur cinq. Et il s’est résigné à faire carême sans tarder sur le plan des déclarations d’ordre national, pour se cantonner dans un prudent mutisme. En évitant soigneusement, désormais, toute allusion à la présence militaire syrienne. Le président Rafic Hariri n’est pas en reste de déconvenues, pour ne pas dire de rebuffades. Dès qu’il s’est avancé à promettre au général Michel Aoun un retour sans problème majeur, de soi-disant «sources judiciaires», manifestement très puissantes puisque nul officiel n’a pu les contrer ni même les identifier, ont rectifié le tir, au plein sens du mot. En assignant pratiquement à comparaître en justice, pour détournement de fonds et usurpation de pouvoir, l’ancien chef du gouvernement s’il tentait de revenir. Ces deux exemples montrent que toute démarche motu proprio des tenants du pouvoir en direction de l’entente nationale est immédiatement contrée. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les velléités du patriarche Sfeir en faveur de la libération de M. Samir Geagea fussent de suite neutralisées. La riposte, très efficace il faut bien le reconnaître, consistant dans ce cas à dépêcher à Bkerké une délégation de protestation formée par les familles des victimes du massacre d’Ehden, le 13 juin 1978. Le siège patriarcal, face à cette charge émotionnelle intense, n’a pu faire autrement que lier la libération du leader des Forces libanaises à la réalisation de l’entente nationale. Dans le même contexte, un recul similaire est noté au sujet de la motion parlementaire pour une proposition de loi d’amnistie. Parmi les 12 signataires initiaux, certains se sont rétractés. Et la plupart des députés relancés se sont dérobés. Qui en faisant valoir l’obligation d’en référer à son bloc parlementaire, qui en se prévalant de sa qualité actuelle de membre du Cabinet. Il n’est donc pas sorcier d’affirmer que cette proposition de proposition va rester lettre morte. À tout le moins jusqu’à la réalisation d’une entente nationale qui apparaît de plus en plus comme une pure utopie. Mais le propre de toute action de fond sur le plan public est de ne pas trop tenir compte des astreintes du moment. Et de continuer à lutter, un peu comme Don Quichotte, au nom des grands principes. Ainsi, la Ligue maronite et le député Neemetallah Abi Nasr n’entendent pas baisser les bras en ce qui concerne une loi d’amnistie qui cristallise à leurs yeux la réconciliation nationale, bien évidemment indispensable pour toute entente du même nom. Ils se sont donc adressés au ministre Sleiman Frangié, dont la réponse a du reste été plutôt positive. C’est-à-dire qu’il insiste pour qu’une éventuelle amnistie s’inscrive dans un cadre d’entente générale, non de défi. Partant de ces données, le président de la Ligue, l’émir Hares Chehab, a multiplié les contacts avec divers pôles concernés, ministres ou parlementaires. De son côté, le député Abi Nasr s’est rendu à Bkerké. Pour en sortir avec l’équation suivante : l’amnistie doit être le produit de la réconciliation nationale et non son prélude. Du côté des loyalistes, on indique que le président de la République ne signerait un décret graciant M. Geagea que dans le cadre d’un consensus général. Dans le même esprit, il renverrait à la Chambre toute loi d’amnistie ayant couleur de défi. Car il ne s’agit pas de provoquer des divisions supplémentaires autour d’un projet qui devrait être rassembleur. D’autant que des voix s’élèveraient sans aucun doute pour que l’amnistie profite aussi à cheikh Soubhi Toufayli, aux auteurs des incidents de Dennyé et même aux assassins des juges à Saïda, concluent les partisans du pouvoir. Pour tout résumer, des conditions politiques sont posées par les meneurs de jeu. Aussi bien au sujet de la libération de M. Geagea qu’en ce qui concerne le général Michel Aoun. Et ces conditions se résument elles-mêmes en un mot : non. Du moins pour le moment.
Hippocrate dit oui, Galien dit non : au-delà de toute considération objective, dès qu’une partie locale enclenche une initiative quelconque, une autre partie s’empresse d’y faire obstacle. Pour le plaisir, pour faire acte de présence ou pour servir d’obscurs intérêts. Ainsi le président Nabih Berry s’est tout de suite attiré certaines foudres lorsque, sur le perron de...