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Actualités - ANALYSES

RÉFUGIÉS - Les propositions américaines jugées inapplicables - Des indices plus ou moins rassurants concernant l’implantation

Bien que les dernières propositions américaines éludent le droit au retour des déplacés de la diaspora palestinienne dans leurs foyers d’origine, les autorités de Beyrouth veulent se rassurer. D’abord parce que ces propositions ne marchent pas. Ensuite parce que les solutions envisagées parallèlement restent les suivantes : 1)- Le retour dans un État palestinien potentiel. 2)- Le maintien dans les sites d’hébergement actuels. 3)- L’obtention de sauf-conduits permettant aux déplacés palestiniens de s’installer là où bon leur semble et de se répandre librement dans le monde. 4)- L’entrée en Israël au titre du regroupement des familles ou pour des raisons humanitaires, sous le couvert évidemment des législations en vigueur dans cet État. Dans l’ordre pratique des choses, un responsable libanais relève que, «pour certains, il faut se contenter de réitérer à satiété le rejet de l’implantation, sans aborder les complications inhérentes à l’opération de retour. Et sans discuter non plus des indemnisations qui seraient consenties à ceux qui ne souhaiteraient pas retourner et des parties qui devraient assumer de tels dédommagements. D’autres estiment qu’on ne peut rejeter l’implantation sans dire comment le retour peut être assuré, condition évidente à leurs yeux pour que les réfugiés palestiniens ne demeurent pas au Liban, ou dans d’autres pays d’accueil, ad vitam aeternam. La création d’un État palestinien rendrait les réfugiés titulaires de passeports les autorisant à partir pour les cieux de leur choix. Et s’ils choisissaient de rester, ils seraient dès lors considérés comme tous les autres ressortissants arabes résidant chez nous, soumis donc aux mêmes règlements. Il n’y aurait plus à craindre leur naturalisation et leur implantation. Dans le même cadre, on pourrait les répartir entre d’autres pays arabes ou étrangers, après les avoir indemnisés». «En tout état de cause, souligne cet officiel, la situation du Liban diffère, par rapport à ce problème précis, de celle qui prévaut dans les autres pays arabes. La présence des réfugiés palestiniens revêt chez nous un aspect sécuritaire inquiétant, à cause de l’arsenal entassé dans les camps et de leur statut de fait d’îlots d’insécurité échappant à l’autorité de l’État». Ce responsable, que l’idée d’une prise de contrôle des camps par les forces régulières libanaises ne semble pas effleurer, ajoute que «le problème sécuritaire ne peut être résolu que dans le cadre d’une solution globale de la question des réfugiés permettant de désarmer d’abord les camps puis de les supprimer progressivement. Les autres pays arabes d’accueil n’ont pas les mêmes soucis, car les camps sont sous leur contrôle et obéissent à leurs lois. De même, notre Constitution précise clairement le rejet de l’implantation, qui est une constante nationale qui fait l’unanimité des Libanais, alors que les Constitutions des autres pays arabes ne mentionnent pas la question». À ce propos, le président Hussein Husseini, qui fut l’un des principaux artisans de Taëf, explique que c’est tout à fait à dessein que le rejet de l’implantation est inclus dans l’alinéa i du préambule de la Constitution qui régule la coexistence «dont les composantes sont comme les grains d’un chapelet, tributaires les unes des autres». En effet, cet alinéa fondamental s’établit comme suit : «Le territoire national appartient à tous les Libanais. Tout citoyen a le droit de résider dans n’importe quelle partie du pays, et d’en profiter dans le cadre de la souveraineté de la loi. La répartition de la population sur base de n’importe quelle appartenance est prohibée. De même que sont prohibés le morcellement, le partage et l’implantation». L’ancien président de la Chambre reprend ensuite l’argumentation classique : l’implantation reviendrait à dépouiller les Palestiniens de leur identité nationale, à les priver du droit légitime de retour, tout en posant au Liban un de ces problèmes de souveraineté qui l’ont déchiré. L’implantation n’est donc pas une solution, mais une épreuve autant pour les Palestiniens que pour les Libanais. Elle constitue une tentative de transférer un problème aigu, pour répondre aux vœux d’Israël. M. Husseini rappelle également que c’est sur base de ce préambule de la Constitution que le Liban a accepté de participer à la conférence de Madrid. Comme sur base de la lettre d’assurances US qui s’engageait à soutenir l’État libanais à établir son autorité sur l’ensemble de son territoire et à mettre en application les accords de Taëf. Qui ont autant valeur de traité international que de charte nationale. – De leur côté, les officiels palestiniens rejettent l’implantation dans leurs déclarations. Ainsi, M. Fayçal el-Husseini estime, dans une interview, qu’Israël «doit reconnaître le droit au retour». Mais il ajoute que ce droit «doit rester facultatif, les réfugiés palestiniens devant disposer d’un large éventail d’options. En Israël, nous le comprenons, l’on a peur du retour, car certains pensent qu’il y aurait là un afflux de 4 millions de Palestiniens. Nous devons faire en sorte que la peur israélienne se dilue pour ne plus constituer que des appréhensions, qu’il est toujours possible d’apaiser. Le président Clinton n’a pas su le faire. Nous croyons qu’il est possible de rétablir les réfugiés dans leurs droits sans porter atteinte à l’existence israélienne». Ce cadre palestinien précise ensuite que «certains réfugiés voudront retourner alors que leurs villages d’origine ont disparu. Il faudra alors les installer en Israël et ils deviendront des citoyens de cet État. D’autres, sans doute plus nombreux, voudront gagner l’État de Palestine». Et de conclure en voyant dans l’attitude d’Israël une évolution graduellement positive, vers l’acceptation d’un nombre limité de réfugiés. Pour leur part, les officiels libanais se déclarent aujourd’hui convaincus que la solution ne se fera pas aux dépens de ce pays. Il faut l’espérer.
Bien que les dernières propositions américaines éludent le droit au retour des déplacés de la diaspora palestinienne dans leurs foyers d’origine, les autorités de Beyrouth veulent se rassurer. D’abord parce que ces propositions ne marchent pas. Ensuite parce que les solutions envisagées parallèlement restent les suivantes : 1)- Le retour dans un État palestinien potentiel....