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Actualités - ANALYSES

Les tiraillements destinés à se poursuivre en l’absence d’une véritable entente - La Syrie seule apte à initier la réconciliation nationale

La classe dirigeante est décidément incapable de tirer les leçons de l’histoire. Pourtant, un observateur un tant soit peu averti constaterait que les tiraillements et les polémiques dont la scène locale est le théâtre depuis la conclusion de l’accord de Taëf jusqu’à aujourd’hui ne sont qu’une réédition du passé tourmenté de ce pays. Il serait donc temps de comprendre qu’une guerre – civile ou non – qui, au bout du compte, n’aboutit pas à une entente, entretient la haine, la frustration et la rancœur dans les esprits. Or, relève un ancien responsable, les événements de 1860, de 1943 et de 1958 ont tous pris fin grâce à la détermination des dirigeants en ce temps-là de tourner définitivement la page du passé. Preuve en est, les slogans respectifs qui avaient été adoptés à l’époque : «Le passé est révolu», «ni Est ni Ouest» ou encore, «ni vainqueur ni vaincu». Il n’y a que la page des événements de 1975, les plus douloureux dans l’histoire du Liban, que les gouvernants qui se sont succédé au pouvoir de 90 à nos jours refusent obstinément de tourner. L’accord de Taëf avait pourtant prévu la formation d’un gouvernement d’entente nationale dans une optique de réconciliation. Mais il n’a jamais vu le jour, et l’accord en question continue toujours à être appliqué de manière sélective. La loi d’amnistie votée après le conflit est bancale, et des procès ont été intentés depuis lors à certains seigneurs de la guerre à l’exclusion d’autres, de façon arbitraire. Il aurait donc fallu que l’amnistie soit globale pour que les Libanais fassent réellement la paix entre eux. Or rien n’a été fait à ce niveau et un sentiment de frustration continue de prévaloir dans l’esprit d’une faction non négligeable de la population. Concrètement, une véritable réconciliation nationale implique nécessairement la libération de Samir Geagea et le retour du général Michel Aoun. Or, selon le responsable susmentionné, il est évident qu’une telle démarche requiert l’aval de Damas. De fait, aucune partie libanaise aussi haut placée soit-elle ne peut assumer à elle seule la responsabilité d’une telle initiative sauf si elle obtient au préalable l’appui et le feu vert syriens. En effet, la présence au pouvoir à Damas du président Bachar el-Assad laisse espérer la réalisation d’une telle entente dans la mesure où il a déjà entamé une politique d’ouverture en direction des personnalités libanaises de tous les horizons. En outre, étant donné les défis qui s’annoncent dans la région, l’intérêt de la Syrie est de pouvoir compter sur un Liban fort plutôt que d’avoir un voisin encombrant. L’avenir du pays dépend donc entièrement du bon vouloir de la Syrie qui est à même de décider du sort à réserver au général Aoun et à M. Geagea. En d’autres termes, tant que Damas n’a pas décidé d’initier l’entente nationale, les dirigeants libanais, laissés à eux-mêmes, n’aboutiront jamais à un accord là-dessus, et les tiraillements entre eux iront bon train.
La classe dirigeante est décidément incapable de tirer les leçons de l’histoire. Pourtant, un observateur un tant soit peu averti constaterait que les tiraillements et les polémiques dont la scène locale est le théâtre depuis la conclusion de l’accord de Taëf jusqu’à aujourd’hui ne sont qu’une réédition du passé tourmenté de ce pays. Il serait donc temps de...