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Actualités - CHRONOLOGIES

VIE POLITIQUE - Le chef du PSP rencontre Hariri et Satterfield et rend hommage à la position de Karamé - Joumblatt de nouveau au cœur - du tourbillon politico-médiatique

Cela fait bientôt cinq jours que Walid Joumblatt a repris sa place, de nouveau et après presque deux mois de mutisme, au cœur du tourbillon médiatico-politique. La double conséquence de ce retour qui s’est effectué, comme seul sait le faire le leader du PSP, en fanfare, a été immédiate et naturelle. D’une part, une kyrielle de réactions en tous genres, parfois exacerbées dans un sens comme dans l’autre – notamment suite aux déclarations de Walid bey tant à la BBC qu’à L’Orient-Le Jour – et de l’autre, une reprise nette de l’activité politique du député du Chouf, qui s’est traduite ce week-end, notamment, par deux rencontres d’importance, la première avec le chef du gouvernement Rafic Hariri, l’autre avec l’ambassadeur des États-Unis David Satterfield. Omar Karamé «Mon avis personnel ? Le Liban est un pays démocratique, et la base de toute démocratie et de toute liberté tient en un mot : le dialogue. Pourquoi interdirait-on à un leader de l’envergure de Walid Joumblatt, qui est à la tête d’un bloc parlementaire de 16 députés et d’un parti socialiste important, sous prétexte qu’il est partie prenante du pouvoir, de donner son avis politique dans quelque domaine que ce soit ?». Ces mots-là sont ceux de l’ancien Premier ministre Omar Karamé, répondant aux journalistes présents à l’issue de son entretien, avant-hier samedi à Tripoli, avec le ministre de la Culture Ghassan Salamé. Et de poursuivre : «Nous sommes évidemment très attachés aux traditions, comme aux bases essentielles de notre régime, notamment en ce qui concerne la “solidarité entre ministres”. Cette solidarité est un fait, et la position que prend et l’avis que donne un leader politique en sont un autre. Ainsi, je ne vois pas, dans les critiques formulées par Walid bey – qu’elles soient justifiées ou pas –, quoi que ce soit qui aille à l’encontre de ce principe». Interrogé ensuite sur une des affirmations du chef du PSP selon laquelle «c’est au général Lahoud d’initier le dialogue», Omar Karamé a éludé la question, réaffirmant la nature, selon lui, du vrai problème : «C’est le fait de savoir si le député Joumblatt a le droit ou non de donner son avis alors que son bloc participe au Cabinet Hariri». À la question, enfin, de savoir si ce débat pouvait engendrer une crise gouvernementale, l’ancien président du Conseil a répondu : «Je ne crois pas, je ne crois pas...» La réponse du député du Chouf à son collègue de Tripoli ne s’est pas fait attendre. Au cours d’une rencontre dimanche à Moukhtara avec une délégation populaire venue du village de Bayssour, Walid Joumblatt a salué Omar Karamé, «ce leader national dont la prise de position en faveur de la démocratie et du dialogue ne m’a absolument pas surpris. Je n’oublie pas les mots du défunt président Rachid Karamé qui a toujours affirmé que la famille Karamé avait des racines et des parents dans la montagne», a-t-il déclaré. MM. Eddé et Abi-Nasr «Walid Joumblatt insiste sur la nécessité que soient corrigées les relations libano-syriennes, sachant que ces relations dépendent d’accords entérinés au Parlement. Et ce que demande le député du Chouf, c’est l’amendement ou l’éclaircissement de certains points. Or ceci relève du Conseil des ministres et de la Chambre des députés et le président de la République ne peut pas traiter ce sujet sinon il serait accusé d’outrepasser ses prérogatives.» C’est en ces termes que l’ancien ministre Michel Eddé a décrit, lors d’un entretien à La Voix du Liban, la récente escalade politique entre le député du Chouf et le pouvoir. Quant au député du Kesrouan Neemetallah Abi Nasr, il a affirmé, toujours à La Voix du Liban, que «Walid Joumblatt – une constante nationale importante – est représenté au gouvernement par des ministres grâce auxquels il peut poser tous les problèmes qu’il souhaite poser. Cela éviterait de régler les problèmes d’une façon marginale et provocatrice, alors que la situation est des plus délicates». À la question de savoir pourquoi Walid Joumblatt a choisi de diriger sa charge contre le chef de l’État, Michel Eddé a rappelé que «ce n’était pas la première fois que s’exprime ainsi le député du Chouf», souhaitant que l’on règle les problèmes à la lumière des intérêts du Liban, alors que Neemetallah Abi Nasr s’est employé à préciser de nouveau que ces questions ne se traitent que dans le cadre des institutions de l’État, «à savoir le Conseil des ministres». Sur l’ouverture de Walid Joumblatt aux chrétiens, le député du Kesrouan a affirmé que la démarche de ce dernier était «franche et positive», et que son récent mutisme peut être interprété comme étant un «accord implicite et sincère aux positions nationales de Bkerké, tant au sujet de l’entente qu’à celui des bonnes relations avec la Syrie, sur la base du respect de la décision nationale libanaise. Sauf qu’à notre grand regret, les choses changent brusquement avec Walid bey, et c’est ce que nous craignions : rien ne justifiait ses attaques gratuites contre la présidence de la République». À la question de savoir s’il partageait les appréhensions joumblattiennes, Michel Eddé a fait part de sa certitude selon laquelle le leader du PSP avait pris «une décision stratégique», et qu’il était soucieux de la coexistence, une des bases de la viabilité du Liban. «À chacun son style, et le style de Walid Joumblatt est différent de tous les autres. Il n’empêche que pour l’intérêt du pays, en ces circonstances délicates, il faudrait à tout prix que cessent ce genre de débats et de prises de position. Et je pense que la solution n’est pas loin», a déclaré l’ancien ministre de la Culture. «S’agissant de ses propositions concernant les rapports libano-syriens, nous appuyons Walid Joumblatt comme nous l’avions fait place de l’Étoile, a affirmé pour sa part Neemetallah Abi Nasr. Mais sa charge contre le chef de l’État ne rentre pas dans le cadre de l’intérêt national». Avec Hariri et Satterfield D’autre part, le leader du PSP, accompagné des ministres Marwan Hamadé et Ghazi Aridi, s’est rendu hier soir au palais de Koraytem où il s’est entretenu avec le Premier ministre Rafic Hariri. «Il semblerait que la visite du président Hariri en Iran ait été un succès, notamment au niveau du soutien supposé dont bénéficierait le Liban pour la reconstruction du Sud – et pas uniquement le Sud évidemment...», a déclaré Walid Joumblatt à l’issue de son entretien. La réponse de ce dernier à la question : avez-vous évoqué la situation sur la scène locale, a été un monument de diplomatie : «Je sais que le face-à-face avec Israël est très délicat, je sais que la solidarité libano-irano-syrienne est primordiale et stratégique, je sais également, à mon avis, que les horizons d’un éventuel compromis sont bel et bien bouchés, sauf que tout ce sur quoi j’insiste, c’est la protection et la défense de la société civile au Liban. Rien de plus, rien de moins. C’est une bataille essentielle – la bataille pour la sauvegarde des libertés et de la démocratie afin que soient améliorées les conditions de la lutte avec Israël», a souligné Walid Joumblatt. Ce dernier avait rencontré, avant-hier samedi à Moukhtara, l’ambassadeur américain à Beyrouth, David Satterfield. Une réunion de travail avait regroupé, autour des deux hommes, les ministres Fouad el-Saad, Marwan Hamadé et Ghazi Aridi, ainsi que les députés Salah Honein, Antoine Andraos, Ayman Choukeir, Abdallah Farhat, Bassem Sabeh et Akram Chehayeb. La réunion aura duré trois heures – trois heures à l’issue desquelles ni le seigneur de Moukhtara ni le diplomate américain n’ont voulu répondre aux questions des journalistes.
Cela fait bientôt cinq jours que Walid Joumblatt a repris sa place, de nouveau et après presque deux mois de mutisme, au cœur du tourbillon médiatico-politique. La double conséquence de ce retour qui s’est effectué, comme seul sait le faire le leader du PSP, en fanfare, a été immédiate et naturelle. D’une part, une kyrielle de réactions en tous genres, parfois exacerbées...