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Actualités - REPORTAGES

Byblos, du village à la ville, - du Chalcolithique au Bronze ancien -

Les villages qui précèdent les cités de l’âge du Bronze sont connus à Dakerman (Sidon) et à Byblos. À la fin du IVe millénaire, on y trouve des maisons à pièce unique de plan ovale ou aux angles arrondis, qui se groupent sans ordre dans un espace sans doute limité par un mur à Dakerman, mieux structuré à Byblos par la présence du point d’eau central. Entre les maisons, les espaces laissés libres pour les activités domestiques et artisanales ou pour les animaux sont aussi ceux où l’on enterre les morts. Cette architecture villageoise trouve des parallèles très exacts dans le Bronze ancien palestinien, entre 3200 et 3000 / 2900 environ : à cette époque, le sud du Liban et le nord de la Palestine forment une entité culturelle homogène. Mais cette tradition est à Byblos très ancienne : l’installation dite «énéolithique» recouvre, sans changements apparents dans la culture matérielle et les genres de vie fondés sur l’agriculture et la pêche, la plus grande partie du IVe millénaire et elle se termine au début du IIIe. Elle est suivie par une autre installation, de caractère toujours villageois, mais aux maisons plus vastes et de plan rectangulaire, qui sont enfin recouvertes par le premier rempart. Au même moment est édifié le plus ancien temple de la Baalat et se met en place la structure urbaine qui caractérisera Byblos jusqu’au Bronze moyen : le quartier central des principaux temples autour de la source, le plan rayonnant de la voirie, les quartiers d’habitat dense à l’est et au sud, aux constructions plus vastes et espacées à l’ouest, du côté de la mer. Cette transition rapide, après presque un millénaire d’évolution insensible du modèle villageois, est vraisemblablement due en grande partie à un stimulus externe, l’établissement de relations suivies avec l’Égypte. Des contacts existent certes dès le IVe millénaire : quelques tombes de la nécropole dite «énéolithique B» ont livré des parures en argent et des statuettes en ivoire d’un type courant dans l’Égypte prédynastique. Mais les relations qui s’établissent au IIIe millénaire sont d’une tout autre nature. Alors affluent à Byblos des objets à caractère royal, produits de luxe et vases de pierre marqués de cartouches pharaoniques. Le plus ancien est au nom de Khasekhemoui, dernier souverain de la IIe dynastie, vers 2700, et ceux des principaux pharaons des IVe, Ve et VIe dynasties sont attestés par de nombreux exemplaires, jusque vers 2200 environ. Ce que recherchaient les Égyptiens, outre les produits typiques de l’économie méditerranéenne comme l’huile ou le vin, était essentiellement le bois de cèdre, bois de charpente et de marine dont l’Égypte de l’âge des pyramides fit une consommation prodigieuse, sans doute aussi les résines utilisées pour la momification. Ces ressources forestières de la montagne libanaise durent longtemps paraître inépuisables, à l’échelle des exploitations antiques, et assurèrent à Byblos pendant près de deux millénaires une place prépondérante dans les échanges entre l’Égypte et le Proche-Orient. Jean-Paul Thalmann «Liban, l’autre rive», Paris
Les villages qui précèdent les cités de l’âge du Bronze sont connus à Dakerman (Sidon) et à Byblos. À la fin du IVe millénaire, on y trouve des maisons à pièce unique de plan ovale ou aux angles arrondis, qui se groupent sans ordre dans un espace sans doute limité par un mur à Dakerman, mieux structuré à Byblos par la présence du point d’eau central. Entre les...