Débat - Les horizons du dialogue islamo-chrétien - Le malaise intercommunautaire existe, reconnaît Mohammed el-Sammak

C’est sur le thème des «horizons du dialogue islamo-chrétien» que s’est tenue, mardi dernier, rue Sadate, la quatrième séance des tables rondes organisées par le Centre culturel islamique. À cette occasion, le président de la Ligue maronite, M. Hareth Chéhab, et le secrétaire général du Comité national du dialogue islamo-chrétien, M. Mohammed el-Sammak, ont exposé leur point de vue concernant le dialogue intercommunautaire avant que ne soit lancé le débat avec l’assistance, composée de plus d’une centaine de personnes. Au tout début de la séance, une minute de silence a été observée en mémoire du président Charles Hélou. M. Mohammed al-Sammak a ensuite commencé par souligner le fait qu’un malaise existe bel et bien entre les diverses communautés religieuses au Liban et qu’il ne sert à rien d’occulter ce problème. D’après lui, l’identification de ce malaise constitue déjà un début de solution sachant que dans ce jeu de rencontre nationale, il s’agit de sortir des égoïsmes communautaires pour pouvoir se mettre à la place de l’autre afin de mieux le comprendre. «Les différences religieuses, linguistiques, raciales ou autres sont l’œuvre de Dieu. On peut donc conclure que ces différences sont la résultante de la volonté divine», a affirmé M. Sammak qui, pour étayer son point de vue, s’est basé sur des références coraniques, avant de conclure qu’«il ne s’agit pas d’éliminer ces différences, mais de permettre leur épanouissement». Sur le plan politique, le secrétaire général du Comité national du dialogue islamo-chrétien a comparé les dix-huit communautés religieuses à un orchestre dont la clé de voûte serait le président de la République. Dans ce même ordre d’idées, M. Sammak a estimé que le texte des accords de Taëf ne peut faire l’objet de différentes lectures qui seraient susceptibles de causer des dissonances au sein d’une société qui recherche l’harmonie. Prenant à son tour la parole, M. Hareth Chéhab a axé son intervention sur la nécessité de transformer le dialogue islamo-chrétien en un projet d’avenir concret qui garantirait l’avenir du Liban. Cependant, la réalisation de ce projet ne peut se faire si les questions cruciales, sensibles et parfois même taboues, ne sont pas débattues dans les hautes sphères du pouvoir et sur la place publique. D’après lui, le dialogue ne peut être continuellement ajourné. M. Chéhab a abordé à tour de rôle la question de l’accord de Taëf qui n’a été que partiellement appliqué, le problème de la représentativité des députés chrétiens, les méfaits d’une loi électorale adoptée à la va-vite, la crise économique et l’émigration des jeunes de toutes confessions. «Face à tous ces blocages, l’absence d’une vision commune nous met en danger», a-t-il finit par conclure. Après un bref rappel de l’histoire du Liban le président de la Ligue maronite a déploré l’absence de dialogue intercommunautaire en ce qui concerne la présence syrienne au Liban ainsi que le silence de l’État qui refuse de dialoguer avec ses citoyens. En stigmatisant les défis qui attendent le Liban à l’échelle régionale et mondiale, M. Chéhab a appelé les partis politiques pluriconfessionnels à prendre la relève du pouvoir et à assurer l’alternance, dans le cadre d’une «démocratie gérée par des démocrates». Au cours de cette table ronde, intervenants et public ont certes constaté que la nécessité du dialogue faisait l’unanimité. Cependant, et malgré une volonté manifeste et sincère de réflexion commune, les contradictions jaillissaient dès lors que l’on tentait d’approfondir un des problèmes posés.