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Actualités - CHRONOLOGIES

Décès - L’oraison funèbre prononcée par le patriarche Sfeir - Grand au ciel comme il fut grand sur terre

L’homme de culture, le journaliste, l’homme politique et l’homme de bien. C’est autour de ces quatre qualités du président de la République défunt que s’est articulée l’oraison funèbre du président Charles Hélou prononcée par le patriarche Sfeir. Le chef de l’Église catholique a commencé par évoquer la figure d’un brillant étudiant en droit de l’Université Saint-Joseph dont l’étonnante mémoire lui avait permis de retenir des poèmes anciens et modernes, qu’il récitait encore à l’âge où cette mémoire commence à trahir son homme. «C’est sans doute son amour des livres qui lui a valu d’être nommé président du Conseil de la francophonie pendant de nombreuses années, lui qui était lié d’amitié aux hauts responsables français, à commencer par le général Charles de Gaulle, pour finir par le président Jacques Chirac», a ajouté le patriarche Sfeir. Élu président, il avait fourni un effort particulier pour mieux maîtriser une langue arabe jusque-là négligée, au point de pouvoir en fin de compte écrire l’arabe aussi bien que le français, a poursuivi le patriarche. La culture arabe devait lui ouvrir les portes des capitales arabes qui l’ont accueilli, à commencer par Le Caire du président Gamal Abdel Nasser. «La plume ne lui est tombée des mains qu’avec la mort. Il laisse un legs culturel considérable», a conclu sur ce point le patriarche. «C’est avec tout son bagage culturel, littéraire, juridique et politique que Charles Hélou abordera une carrière de journaliste qui ne fut pas accidentelle, comme le prouvent très bien les éditoriaux publiés par le quotidien Le Jour», a poursuivi le patriarche. Dans ce domaine, «il prit comme modèle le grand Michel Chiha, et lutta pour la liberté de la presse comme il lutta pour la liberté religieuse, clé de toutes les autres libertés». Même après son élection, il resta attaché à une profession qui, tous les journalistes en conviendront, «est une vocation». «Il ne quitta le journalisme que pour l’arène politique», a enchaîné le patriarche. Il n’hérita pas de ses fonctions, mais se sentit quand même dans son élément, parmi ses pairs, entamant sa carrière comme premier ambassadeur du Liban au Vatican, où il se lia d’amitié avec celui qui devait devenir le pape Paul VI. Député, ministre, président, il fut lié au président Béchara el-Khoury par des liens particuliers d’affection, devait préciser le patriarche. Son action politique s’inspira des grands principes définis par le concile Vatican II, devait souligner le chef de l’Église maronite. Mais il ne parvint pas à appliquer tous ces principes et son mandat fut marqué par des crises successives. L’accord du Caire fut un épisode particulièrement pénible, qui le suivit pour le reste de ses jours, et il écrivit de nombreux articles pour justifier sa prise de position alors. De même, il tenta une réforme administrative qui n’aboutit pas. Il n’en est pas moins demeuré fidèle à sa vocation chrétienne, «cédant à la colère, mais pas à la haine, luttant contre des rivaux sans s’en faire des ennemis, ne refusant jamais de pardonner, animé d’une foi évangélique qui se manifesta avec éclat durant ses derniers jours». L’action humanitaire fut la vocation de ses dernières années, de ses derniers jours, a enchaîné le patriarche. «Homme de foi qui n’a pas eu honte de l’afficher», il fut proche de l’Église, fidèle dans ses vieux jours à la messe quotidienne à l’église Saint-Georges de Sarba. Cette foi fut la principale motivation de ses actes de bienfaisance, notamment de la fondation des «Restaurants du cœur». Il donna généreusement à tout nécessiteux, vendant même son domicile pour en donner le produit, présidant Télé-Lumière, ne cédant jamais aux caprices de la vieillesse, «toujours prêt à se mélanger aux autres, même s’il fallait pour cela se faire aider de quelqu’un pour marcher». Et le patriarche d’achever son oraison funèbre en révélant qu’il s’était entretenu avec le grand disparu la veille de sa mort, samedi. À cette occasion, a-t-il dit, le président Hélou a exprimé une filiale affection pour le siège patriarcal et s’est promis de se forcer à y effectuer une visite pour les fêtes. «Il fut véritablement grand sur terre, prélude à une grandeur qu’il aura, espérons-nous, au ciel», a conclu le patriarche.
L’homme de culture, le journaliste, l’homme politique et l’homme de bien. C’est autour de ces quatre qualités du président de la République défunt que s’est articulée l’oraison funèbre du président Charles Hélou prononcée par le patriarche Sfeir. Le chef de l’Église catholique a commencé par évoquer la figure d’un brillant étudiant en droit de...