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Actualités - OPINIONS

L’Éthique d’un président -

Les hommes politiques, dans le monde, à une majorité débridée, trouvent dans l’exercice du pouvoir, au-delà des obligations traditionnelles, la place de choix pour promouvoir et développer leurs moyens économiques et leurs aises temporelles. Le président Charles Hélou demeure au sein d’une minorité, de plus en plus restreinte, un responsable pour qui l’attrait des avantages matériels est invariablement demeuré l’objet constant d’un grand dédain. Il fut l’homme public, qui a honorablement assumé à travers plus d’un demi-siècle le plus grand nombre de charges officielles, sans que l’on puisse déceler dans aucune de ses démarches la plus minime attention aux biens périssables. Peut-être est-il avec Fouad Chehab, dans la série des présidents contemporains, celui qui s’est le plus complu dans une constante répugnance face aux passe-droits personnels et familiaux, à la tête d’une charge soumise à des tentations permanentes. Nul n’ignore que la politique au Liban et ailleurs, «ce métier impur», disait Mauriac, n’est point l’objet d’un comportement monastique, et que le siècle qui vient de s’écouler ne peut s’en orgueiller dans l’accomplissement des charges, qu’au souvenir de rares noms à réputation de détachement exemplaire, tels que le Pandit Nehru, le général de Gaulle et Nelson Mandela. La rencontre chez les petits États de figures présidentielles inimitables n’est souvent qu’un mythe ou un heureux hasard. Nous nous sentons tenu personnellement, ayant connu de près le parcours du président Hélou, d’apporter un témoignage direct de sa désaffection naturelle à l’endroit des richesses et de la thésaurisation. À travers les étapes d’une collaboration professionnelle, qui dura un temps, et à la chance d’avoir défendu ensemble d’importants dossiers judiciaires, sous le regard tutélaire et compétent de celle qui fut son épouse incomparable, nous avions tous les jours l’éclatante manifestation d’un dépouillement franciscain vis-à-vis des règlements financiers. Au cours de son sexennat au pouvoir, auquel nous fûmes associé à ses débuts avec l’appui inconditionnel du grand Kamal Joumblatt, nous avons pu mesurer à travers un déroulement quelquefois agité, combien le président Hélou avait soin de vouloir se tenir au-dessus de la mêlée et combien il lui coûtait de faire entendre raison à des pressions arabes, souvent incohérentes. Aussi importe-t-il sans cesse de reconnaître que ni le bien-être personnel ni les tendresses familiales légitimes ne purent d’aucune manière ébranler une haute abnégation au sein de la charge suprême. Un petit pays, croyait-il, ne peut être tributaire que d’une ferme et inlassable éthique.
Les hommes politiques, dans le monde, à une majorité débridée, trouvent dans l’exercice du pouvoir, au-delà des obligations traditionnelles, la place de choix pour promouvoir et développer leurs moyens économiques et leurs aises temporelles. Le président Charles Hélou demeure au sein d’une minorité, de plus en plus restreinte, un responsable pour qui l’attrait des...