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Actualités - ANALYSES

Le pouvoir ne s’entend pas avec lui-même !

Il se confirme que les dirigeants locaux ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde en ce qui concerne le retour du général Michel Aoun ou la libération de M. Samir Geagea. Ce qui signifie qu’ils ne sont pas d’accord entre eux sur le projet de réconciliation nationale. Les mêmes dissonances que l’on avait relevées au sujet du retour du président Amine Gemayel se retrouvent à l’ordre du jour. Sans que l’on sache avec exactitude quelles sont les parties influentes qui télécommandent les tiraillements intérieurs. Sur le plan théorique, certains pôles du pouvoir conviennent qu’il faut récupérer l’Est politique. D’autres pensent que l’unité nationale est déjà un fait acquis, au niveau de la population. Et n’hésitent pas à soutenir qu’en réalité le retour sur scène d’éléments comme MM. Aoun et Geagea, au lieu de conforter cette unité, ne peut que lui nuire. Le président Rafic Hariri a pris clairement position en faveur du retour du général Aoun. Mais «on» l’a aussitôt contré par le biais, encore une fois, de «sources» occultes, vaguement présentées comme judiciaires. Le procureur général de la République, M. Adnan Addoum, a eu beau nier toute implication, les mêmes interdits ont été répétés. Et pas plus que son prédécesseur, M. Hariri n’a pu remporter l’épreuve face aux «fantômes». Sur le fond de la question, il est assez évident que les objections d’ordre judiciaire, les accusations d’usurpation du pouvoir et de dilapidation des fonds publics lancées contre l’ancien président du Conseil couvrent en réalité un tir de barrage de nature purement politique. M. Aoun reste en effet redouté par beaucoup pour son «indiscipline» politique, notamment en ce qui concerne les relations avec Damas, la présence militaire syrienne dans ce pays et l’opposition farouche à l’ordre établi. Il ne cache pas en effet que s’il devait retourner au pays «ce ne serait pas pour bénir le système mais pour réaliser la IIIe République et libérer la patrie», comme il dit. Un objectif qui n’effraie pas M. Hariri. Le président du Conseil proclame en effet que le général ne serait poursuivi en justice que s’il enfreignait la loi d’amnistie, non pour avoir reçu des donations. Quant aux fonds publics, M. Hariri souligne que s’il existe un dossier de réclamations bien fondées, M. Aoun devrait restituer les sommes dues au Trésor et cela s’arrêterait là. Pour tout dire, M. Hariri a cru pouvoir affirmer qu’en cas de retour, M. Aoun ne serait pas appréhendé. Le président du Conseil, peut-on s’en étonner, a été contredit pas son propre ministre de la Justice, M. Samir el-Jisr. Ce dernier a en effet déclaré que «nul ne peut parler au nom de la justice», ajoutant qu’à son avis, les propos de M. Hariri «reflètent une prise de position purement politique, en accord avec la teneur de la déclaration ministérielle». «Ce qui ne saurait, conclut le ministre, ôter le dossier des poursuites judiciaires des mains de la justice, dossier qui existe bel et bien et suivra normalement son cours». Un bras de fer qui se poursuit entre dirigeants à coups de directives : M. Hariri a prié le département des Finances de tirer au clair la question des fonds publics que le général Aoun devrait ou non au Trésor. Tandis que M. Jisr de son côté enjoignait à la justice de trancher sans tarder les dossiers judiciaires en suspens, dont celui du général. Des instructions qui font écho aux recommandations du chef de l’État. En effet, recevant le Conseil supérieur de la magistrature pour les vœux traditionnels du Nouvel An, le président Émile Lahoud a exprimé le souhait exprès de voir s’accélérer les procédures judiciaires devant les tribunaux, «pour que les justiciables puissent parvenir à obtenir leurs droits». Toujours est-il que selon des sources fiables, malgré les assurances du président Hariri, le général Aoun ne compte pas retourner au pays tant que l’épée de Damoclès de poursuites judiciaires reste suspendue au-dessus de sa tête. Certains pensent qu’il se soucie également d’obtenir de solides garanties quant à sa sécurité physique et à celle des siens.
Il se confirme que les dirigeants locaux ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde en ce qui concerne le retour du général Michel Aoun ou la libération de M. Samir Geagea. Ce qui signifie qu’ils ne sont pas d’accord entre eux sur le projet de réconciliation nationale. Les mêmes dissonances que l’on avait relevées au sujet du retour du président Amine Gemayel se...