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Actualités - CHRONOLOGIE

Un départ qui révèle les limites de l'alliance

Le bilan du général américain Wesley Clark à la tête du commandement suprême de L’Otan en Europe apparaît positif puisqu’il a mené la première guerre de l’Alliance au Kosovo avec succès, mais montre aussi les limites d’une organisation largement dominée par les États-Unis. Spécialiste des Balkans où il a secondé l’émissaire américain Richard Holbrooke pendant les négociations de Dayton qui ont conduit à l’accord de paix en Bosnie en 1995, Wesley Clark, qui a pris ses fonctions en juillet 1997 et les quittera en 2000, a poussé pour une intervention de l’Otan au Kosovo. «Général politique», selon un diplomate, il estimait qu’aucune solution diplomatique ne pourrait y être trouvée tant que le président yougoslave Slobodan Milosevic serait au pouvoir, un président qu’il a côtoyé et qu’il considère comme «un menteur» en qui il est impossible d’avoir confiance. Une fois la décision prise d’intervenir, il a tout fait pour obtenir toujours plus de moyens aériens afin d’accélérer la capitulation du régime de Belgrade, obtenue après onze semaines de bombardements intensifs alors que les stratèges de l’Alliance pensaient au départ en finir en quelques jours. Il n’a cependant pas réussi à persuader le président américain Bill Clinton dont il est proche de déclencher une opération terrestre très risquée. Le porte-parole de L’Otan Jamie Shea a qualifié de «superbe» le travail effectué par le général Clark. «Il a gagné le conflit au Kosovo et il a énormément fait pour promouvoir la paix en Bosnie. Il suffit de voir le nombre de criminels de guerre arrêtés», a-t-il dit. Mais au-delà de l’autosatisfaction, la première guerre menée par l’Otan en cinquante ans d’histoire, conduite par le général Clark, pose un certain nombre de questions, notamment sur le rôle joué par le Conseil de l’Alliance, composé des 19 ambassadeurs des pays membres. «Le général Clark agissait franchement sur instruction de Washington, pas du Conseil qui n’a exercé aucun contrôle sur l’opération», indique-t-on de source diplomatique à l’Alliance. La gestion de l’opération Force alliée s’est faite entre états-majors et gouvernements des grands pays, États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, ajoute-t-on. L’écrasante majorité des frappes aériennes opérées en Yougoslavie – environ 80 %, selon des experts – ont été américaines, ce qui pose le problème des moyens militaires de l’Otan. «On peut dénoncer l’hégémonie américaine, elle est basée sur des faits», selon un diplomate. En outre, les stratèges militaires de l’Otan, Wesley Clark à leur tête, n’ont absolument pas prévu le «nettoyage ethnique» de masse organisé par le président Milosevic tout de suite après les premiers bombardements de l’Alliance: massacres de Kosovars, incendies de villages, exode forcé de centaines de milliers de réfugiés vers l’Albanie et la Macédoine. «Non seulement ce nettoyage ethnique n’avait pas été prévu, mais en plus, l’Otan n’a pas su y faire face. Cela prouve la pauvreté de la réflexion stratégique de l’Alliance qui dépasse bien sûr le cas du général Clark», affirme-t-on de source diplomatique. Reste que pour Wesley Clark, militaire orgueilleux et ambitieux dont la consécration ultime serait de devenir chef d’état-major des armées américaines, la guerre au Kosovo a permis de réaliser un vieux rêve : réussir à faire capituler Slobodan Milosevic qu’il détestait et avec qui, selon des diplomates, «il avait un vieux compte à régler».
Le bilan du général américain Wesley Clark à la tête du commandement suprême de L’Otan en Europe apparaît positif puisqu’il a mené la première guerre de l’Alliance au Kosovo avec succès, mais montre aussi les limites d’une organisation largement dominée par les États-Unis. Spécialiste des Balkans où il a secondé l’émissaire américain Richard Holbrooke pendant...