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Actualités - CHRONOLOGIE

AFFAIRE TÉLÉ-LIBAN - Le PSP s'en prend vivement au gouvernement Début de mobilisation en faveur de Naïm, Schoucair et Khoury

L’enquête au sujet de la gestion des fonds à Télé-Liban n’a pas encore démarré, il est vrai, mais, d’ores et déjà, une mobilisation médiatique en faveur des journalistes mis en cause dans le cadre de cette affaire commence à prendre forme. L’Ordre des rédacteurs s’est étonné de ce que des poursuites judiciaires aient pu être engagées contre trois membres de l’ancien conseil d’administration de Télé-Liban – tous des journalistes – soupçonnés de dilapidation de fonds, avant même qu’ils ne soient entendus par le Parquet financier. Dans le même temps, le Parti socialiste progressiste a laissé entendre que les journalistes sont poursuivis «parce qu’ils ont relevé les erreurs commises par le pouvoir». Le point de vue exprimé par l’Ordre des rédacteurs reflète en quelque sorte les questions qui se posent depuis que des poursuites judiciaires ont été engagées par l’avocat général financier p.i., M. Joseph Samaha, contre MM. Fouad Naïm, ancien président du conseil d’administration de Télé-Liban, Walid Schoucair et Ibrahim Khoury, anciens membres de ce même conseil. Tous trois sont des hommes de presse. Naïm travaille au quotidien al-Moustaqbal, Schoucair au Hayat et Khoury faisait partie de l’équipe du Anwar. Il est actuellement directeur de l’information à l’AUB. Le président de l’Ordre des rédacteurs, M. Melhem Karam, a pris contact hier matin avec le procureur général près la Cour de cassation pour essayer d’en savoir plus sur cette affaire. Il a insisté devant le magistrat sur le fait que «les poursuites ont été engagées avant que le Parquet financier ne recueille les dépositions des trois journalistes dans le cadre de l’enquête sur Télé-Liban, contrairement à la procédure en vigueur». Dans le même temps, l’Ordre de la presse convoquait une réunion urgente, sous la présidence de M. Mohammed Baalbacki. Les membres de l’Ordre ont décidé de coordonner leur action avec celle des rédacteurs et de tenir une réunion conjointe à cette fin. Plus tard dans la journée, des sources proches de M. Karam on souligné la confiance de l’Ordre des rédacteurs dans le Parquet et la justice. Elles ont indiqué que l’Ordre doit être informé de toute action judiciaire décidée contre un journaliste avant qu’elle ne soit entreprise. Elles ont souligné l’honnêteté et l’intégrité des trois journalistes poursuivis, leur respect des lois et leur sens du devoir. Elles ont précisé que les avocats de l’Ordre ont été chargés de les défendre. La gestion de Télé-Liban Parallèlement, de sources proches de l’ancien conseil d’administration, on a confirmé que MM. Naïm, Schoucair et Khoury n’ont pas été entendus par le juge Samaha qui a chargé le premier juge d’instruction de Beyrouth, M. Saïd Mirza, d’instruire le dossier de cette affaire. Tous les trois auraient eu l’occasion de communiquer au magistrat les données dont ils disposent. Conformément aux explications fournies par ces sources, toutes les dépenses effectuées à Télé-Liban sous le mandat du conseil d’administration soupçonné de dilapidation de fonds étaient effectuées dans les règles. Elles portaient toutes la signature des deux ministres concernés : celui de l’Information (Michel Samaha puis Farid Mékari) et celui des Finances. Les 60 milliards qui auraient été «dilapidés» avaient été réclamés en 1993 par ce même conseil qui avait élaboré un plan de développement de la chaîne nationale : ce plan prévoyait un rééquipement des locaux, le licenciement des fonctionnaires surnuméraires, le remboursement des dettes contractées auprès des banques et l’achat des actions du secteur privé à Télé-Liban. Le coût de cette opération «coup de balai» avait été estimé à 60 milliards de livres. Mais ce n’est que deux ans plus tard, en 1995, que Télé-Liban obtiendra cette somme. Entre-temps, la dette s’était aggravée et les salaires des fonctionnaires avaient augmenté en raison des majorations entre 1993 et 1995. Le conseil d’administration n’avait plus les moyens de licencier le nombre fixé de fonctionnaires surnuméraires, d’autant qu’il n’arrivait pas à contourner une décision administrative adoptée en 1989 et multipliant par 3 ou par 5 les indemnités de fin de service accordées en cas de licenciement. Dans le même temps, le programme de développement de la chaîne commandait d’importantes dépenses. À cette époque, Télé-Liban avait été dotée de six nouvelles stations de relais : à Barouk, à Akroum dans le Akkar, à Bickfaya, dans le Koura, à Choukine au Liban-Sud et à Terbol dans la Békaa. Toutes ces informations ont été obtenues par L’Orient-Le Jour des sources susmentionnées. Celles-ci ont ajouté que l’enquête avait été ouverte il y a près de cinq mois, suite à une note d’information parvenue au Parquet financier. M. Naïm avait été entendu à l’époque par le juge Ahmed Takieddine, mais à titre de témoin. L’affaire n’avait plus eu de suite. Diatribe du PSP Sur le plan politique, seul le PSP a réagi aux poursuites engagées contre Naïm, Schoucair et Khoury. Le PSP, que préside M. Walid Joumblatt, a violemment pris à partie les autorités qu’il a accusées de suivre «une politique vindicative». Il a mis l’accent, dans un communiqué, sur l’effort de développement entrepris à Télé-Liban sous le mandat de M. Naïm. Signé par une «source responsable du PSP», le communiqué a vivement reproché au «gouvernement-façade» de «suivre une politique de règlement de comptes et de porter atteinte à la réputation des personnes qui n’ont pas pris part aux louanges et à la déformation des vérités». Il a contesté le bien-fondé des poursuites judiciaires, en se demandant «pourquoi le gouvernement actuel a recruté de nouveaux fonctionnaires à Télé-Liban, sachant que d’anciens responsables ont été accusés d’avoir aggravé les difficultés financières de la chaîne nationale, parce qu’ils avaient procédé à des recrutements». «Est-ce en prenant des décisions attestant du clientélisme pratiqué à Télé-Liban et de la politique de partage des parts qu’il suit, que le gouvernement exprime son souci de préserver la chaîne nationale et freine les dépenses ? Est-ce que le Parquet engagera des poursuites judiciaires contre les pôles du gouvernement, conformément aux mêmes charges ?», s’est interrogé la source du PSP, qui a accusé le ministère de l’Information d’avoir engagé des dépenses inutiles, dans le cadre des efforts menés pour régler les difficultés financières de Télé-Liban. Le communiqué a en outre critiqué les «procès engagés sur la base d’une note d’information envoyée par fax ou par “la dactylo”» avant de se demander «jusqu’à quand continuera-t-on de tenter de punir certains journalistes intègres accusés d’avoir bafoué le prestige de l’autorité en place en relevant ses erreurs et en répercutant ce qui se dit dans divers milieux politiques et populaires».
L’enquête au sujet de la gestion des fonds à Télé-Liban n’a pas encore démarré, il est vrai, mais, d’ores et déjà, une mobilisation médiatique en faveur des journalistes mis en cause dans le cadre de cette affaire commence à prendre forme. L’Ordre des rédacteurs s’est étonné de ce que des poursuites judiciaires aient pu être engagées contre trois membres de l’ancien...