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Actualités - CHRONOLOGIE

MUNICIPALES - Net recul des partis Les clivages de familles reprennent le dessus

Baabda, Hadeth, Beit Chabab, Haret Hreik et pour finir Jounieh : les résultats des municipales partielles ou complémentaires confirment un net recul des partis. Et un retour aux clivages de familles soutenues par tel ou tel camp politique. Les électeurs pour leur part ont répété partout qu’ils ne se soucient pas de politique, que ce qui leur importe c’est la qualité des services qu’on peut leur rendre et la fiabilité des candidats édiles. Or, dans les agglomérations citées, où le climat est si passionnel qu’on avait dû y reporter le scrutin de plusieurs mois, ce sont d’habitude les partis qui se manifestent. En coagulant autour d’eux les familles. L’idéologie ou l’engagement purement partisans prenaient le pas sur toute autre considération et même sur les intérêts particuliers ou les puissances d’argent, ce qui est tout à fait remarquable dans le domaine dit politique. Il y avait bien un marais d’indécis ou d’électeurs intéressés qui attendaient de voir à qui il serait profitable d’apporter son appui. Mais cette frange était tout à fait minoritaire et ne pesait pas vraiment dans la balance. Les militants ou sympathisants de partis poussaient souvent l’enthousiasme jusqu’à sacrifier leurs intérêts les plus directs sur l’autel de leurs convictions. Ils allaient parfois jusqu’à goûter de la prison pour avoir trop bien soutenu leur idéal. On était ainsi destourien, BN (Bloc national), Kataëb, PPS (Parti populaire syrien devenu PSNS, Parti syrien national social) chamounien ou communiste à mort. On faisait du porte-à-porte de propagande, on collait des affiches et des coups de gourdin aux gars d’en face, au nom de cheikh Béchara, du président Eddé, de cheikh Pierre, d’Antoun Saadé, du Nemr ou du camarade Staline. Aujourd’hui, la plupart des partis sont en déroute, pour ne pas dire en faillite. La guerre a fait son travail dans les mentalités, les âmes et les esprits. Les électeurs ont perdu leurs attachements antérieurs ou, plus exactement, ils n’ont plus dans des formations politiques, trop dépassées par les événements, la confiance aveugle de jadis. Sans compter que pour les nouvelles générations les figures de proue d’antan, toutes disparues maintenant, ne veulent pas dire grand-chose. Dès lors ce sont les vieux réflexes de clans qui jouent, les partis se mettant à la traîne des familles, à l’inverse de ce qui se produisait autrefois. De nouveaux rapports de force sont apparus et il est probable que les prochaines législatives, prévues pour l’automne de l’an 2000, viendront dans la plupart des cas confirmer ces données. Les calculs d’alliances vont s’en trouver affectés, sans nul doute. Ainsi, certaines grandes familles qui pouvaient auparavant se payer le luxe de se diviser en leur propre sein en des rivalités entre cousins vont presque certainement amorcer un processus de réunification, après avoir été battues par d’autres familles. Toujours est-il que, point noir pour les vues de certains responsables qui veulent promouvoir les formations organisées aux dépens des zaamate, il est très possible que les listes-vedettes excluent l’an prochain les partis dans plusieurs circonscriptions. Et il est également possible que des pôles individuels en vue, réputés faiseurs d’élections, perdent nettement de leur influence, au profit des familles. Une autre aile du pouvoir se réjouit d’ailleurs de cette tendance. À son avis, une Chambre dominée par des familles qu’on pourra facilement dresser les unes contre les autres devrait être assez facile à manipuler. D’autant qu’on aura pris la précaution de soutenir, discrètement mais efficacement, des astres montants et des familles qui font soudain montre d’une force qu’on ne leur connaissait pas, écrasant tout sur leur passage tout en soutenant n’avoir reçu aucun appui. Sauf peut-être la maladresse de leurs adversaires. Ainsi à Jounieh, les électeurs n’ont manifestement pas voulu croire ce député qui dénonçait les mille et un travers de son rival ancien ministre dont il chantait les louanges à la télévision il y a deux mois à peine quand ils étaient encore alliés pour les municipales générales. Toujours à ce propos et à propos des familles : dans cette même agglomération, l’électorat semble montrer qu’il veut bien des familles mais pas des monopoles. Ce qui aurait été le cas si les Khazen, après avoir décroché la députation, avaient obtenu le contrôle de la présidence de la municipalité.
Baabda, Hadeth, Beit Chabab, Haret Hreik et pour finir Jounieh : les résultats des municipales partielles ou complémentaires confirment un net recul des partis. Et un retour aux clivages de familles soutenues par tel ou tel camp politique. Les électeurs pour leur part ont répété partout qu’ils ne se soucient pas de politique, que ce qui leur importe c’est la qualité des services...