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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Universités- Le Liban prend une connotation politique L'UL entre autonomie et contestation

La revendication relative à l’autonomie de l’UL a toujours été d’actualité dans les milieux de l’université, mais aussi dans les différents cercles politiques, héritiers des grands mouvements de contestation qui ont marqué la naissance et l’évolution de la seule institution universitaire nationale libanaise. En appelant, la semaine dernière, le gouvernement à redonner au Conseil de l’université le droit de conclure des contrats avec de nouveaux professeurs, le président de la Chambre M. Nabih Berry est venu ajouter de l’eau au moulin de tous ceux qui militent depuis des années pour que l’université récupère l’autonomie qu’elle avait perdue du fait de la guerre. Mais en prenant une telle initiative, le président de la Chambre risque de réveiller de nombreux démons, dont celui de la contestation, car il serait plus aisé aux corps constitués que sont la Ligue des professeurs à plein temps ou tout autre formation syndicale estudiantine de s’opposer à un Conseil d’université plutôt qu’à un Conseil des ministres. Prenant la parole au cours de la dernière cérémonie de remise des diplômes des étudiants de la faculté de droit de l’UL, cérémonie qu’il se réserve le privilège de patronner par nostalgie et par devoir, comme il le dit, vu qu’il est un ancien de la maison, M. Berry a notamment dit que «le Conseil des ministres ne doit plus se réserver le droit d’autoriser l’université à engager de nouveaux professeurs, car cette tâche est du seul ressort du Conseil de l’université». Et pour être plus explicite, le président de la Chambre n’a pas hésité à rappeler que «le rôle que s’est octroyé le Conseil des ministres n’est nullement légal, le président du Conseil lui-même M. Sélim Hoss ayant dénoncé une telle situation du temps où il était dans l’opposition». En clair, cela veut dire que le président de la Chambre réclame que les instances universitaires soient souveraines, conformément à la loi fondamentale qui avait accordé à l’université une entière autonomie, administrative, académique et financière. Présidé par le recteur de l’université, le Conseil de l’université comprenait les doyens des différentes facultés, les représentants du corps enseignant et, à l’apogée du mouvement estudiantin, les représentants des étudiants. Cette situation était celle des années d’avant-guerre durant lesquelles le Conseil de l’université décidait du budget de l’université – qu’aucun gouvernement ne refusait –, de même qu’il organisait le recrutement des fonctionnaires et décidait de l’engagement des professeurs, dont la majorité étaient des boursiers, embauchés directement, une fois leur doctorat obtenu. Pourquoi l’intransigeance ? Mais avec la guerre, le Conseil de l’université a été réduit à sa plus simple expression et a été limité au seul recteur. Boutros Dib, conscient des difficultés au moment où il avait été nommé recteur de l’université à la fin de 1976, avait tenté de récupérer les prérogatives du Conseil de l’université pour ne pas avoir à subir les lois d’un Conseil des ministres, souvent très peu au fait des choses. Mais Boutros Dib n’avait pas réussi à faire passer son projet. Le recteur Georges Tohmé, un vieux routier des arcanes de la politique libanaise, a réussi, quant à lui, à constituer un Conseil de l’université avec les seuls doyens, nommés comme lui par l’autorité politique. Avec le recteur actuel, M. Assaad Diab, le Conseil de l’université a été reconstitué, et les représentants du corps professoral, de nouveau élus par leurs pairs, ont recommencé à y siéger, mais en plus grand nombre suite à la création de nombreuses nouvelles facultés. Actuellement, le Conseil de l’UL compte une trentaine de membres, sans compter les représentants des étudiants, dont les élections demeurent toujours bloquées. Mais le Conseil de l’université reste soumis à la volonté du pouvoir politique, c’est à dire, à celle du ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, son ministre de tutelle, et donc au Conseil des ministres, qui décide de la finalité de toute mesure retenue, y compris de l’engagement de nouveaux professeurs. C’est cet état de fait que le président de la Chambre dénonce, au risque d’ouvrir une boîte de Pandore, qui peut cacher plus d’une surprise. Mais pourquoi le Conseil des ministres n’entend-t-il pas lâcher du lest en la matière ? Plusieurs raisons à cela, estiment certains observateurs. La première serait financière : le Conseil des ministres veut contrôler l’embauche, tendance amorcée par les précédents Cabinets Hariri qui n’ont pas hésité à amputer l’université d’une importante partie de son budget. Raison difficilement défendable, estiment certains, d’autant plus que des directives bien claires pourraient amener n’importe quel Conseil de l’université à adopter une gestion plus rigoureuse. La seconde, plus délicate, serait d’ordre politique : de l’avis de tous, l’université est un important terreau de contestation. Il suffirait alors qu’elle récupère ses anciennes prévogatives pour qu’on soit de nouveau confronté à un mouvement de contestation plus vaste, qui ne serait pas du goût de certains. Ces réalités, le président de la Chambre doit bien les connaître, et s’il a fait sienne une telle revendication, lors d’une cérémonie officielle, il doit avoir ses raisons. Certaines sources généralement bien informées pensent que le président de la Chambre s’est approprié le discours des contestataires tout en sachant bien qu’il ne portera pas, dans l’état actuel des choses, à conséquence. Ainsi il se serait démarqué de l’autoritarisme gouvernemental tout en s’attirant les bonnes grâces de ceux qu’il est censé «ne pas trahir». D’autres tentent d’inscrire cette intervention du président de la Chambre à l’actif des représentants du mouvement Amal fortement implantés au sein des cadres syndicaux et administratifs de l’université : M. Berry, aurait ainsi soumis aux siens une matière à réflexion pour leur prochaine campagne électorale, ce qui leur permettrait de consolider leurs positions. En tout état de cause, la question de l’autonomie de l’université libanaise ne sera plus, après l’intervention de M. Berry, ce qu’elle a été jusqu’ici. Un pas a été franchi vers la réalisation de cet objectif. Il n’y a plus qu’a attendre que ce dossier épineux soit inscrit à l’ordre du jour des préoccupations officielles.
La revendication relative à l’autonomie de l’UL a toujours été d’actualité dans les milieux de l’université, mais aussi dans les différents cercles politiques, héritiers des grands mouvements de contestation qui ont marqué la naissance et l’évolution de la seule institution universitaire nationale libanaise. En appelant, la semaine dernière, le gouvernement à redonner au...