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Actualités - ANALYSE

GOUVERNEMENT - Les déclarations de Farid Abboud s'ajoutent à d'autres problèmes Le ministre des Affaires étrangères dans le collimateur

Les déclarations de l’ambassadeur du Liban à Washington, M. Farid Abboud, provoquent des remous qui ne sont pas seulement d’ordre diplomatique ou politique. Elles constituent en effet une occasion en or pour mettre sur la sellette le cadre diplomatique libanais et son organisation, à la lumière des dernières nominations ou permutations qui sont loin de faire l’unanimité. Certains noms, certains choix d’affectation sont en effet vivement contestés comme «inadéquats» (le terme même dont avait usé M. Sélim Hoss lorsqu’il avait avoué l’inopportunité des nominations administratives) par plus d’une partie. En fait, on reproche au gouvernement, parfois de manière plutôt brutale comme l’a fait M. Walid Joumblatt, de ne pas accorder assez d’importance aux Affaires étrangères. Et l’on s’étonne communément qu’un secteur aussi sensible n’ait pas droit à un ministre à plein temps, nonobstant sa prise en charge partielle par les décideurs qui, comme nul ne l’ignore, vont pratiquement négocier pour deux, au nom du jumelage. On sait, en effet, que c’est M. Hoss lui-même qui s’est réservé le portefeuille des AE, dont bien évidemment il ne peut s’occuper que d’une façon assez marginale, «descendant» signer le courrier au palais Bustros deux petites matinées par semaine et parfois une seule. Tant que la situation régionale était bloquée, ce n’était pas trop grave. Mais il est évident qu’avec la reprise prochaine des pourparlers de paix, la diplomatie libanaise a besoin d’un chef à part entière qui suive, le cas échéant, les développements heure par heure. Toujours est-il que les petits problèmes, dus principalement à l’absence d’un vrai titulaire, s’accumulent. Ainsi, le nouvel ambassadeur du Liban à Paris, M. Raymond Baaklini, se tourne les pouces : pour des raisons qui ne sont pas bien précisées, les Français ont reporté la présentation de ses lettres de créance au mois d’octobre prochain. Et en attendant, ils traitent par-dessus sa tête avec le premier conseiller de l’ambassade, puisqu’il n’est pas encore accrédité. Selon des sources qui se disent informées, les Français auraient été agacés par certains propos de M. Baaklini tenus devant des journalistes libanais et dans lesquels il n’aurait pas été très tendre pour son homologue français à Beyrouth, M. Daniel Jouanneau. Ces sources ajoutent qu’il faut sans doute ajouter à cela le désir de l’Élysée d’apporter un baume quelconque aux ulcérations de l’ami Hariri, en asticotant un peu son successeur. D’autant plus volontiers semble-t-il que l’ancien chef du gouvernement n’apprécie pas beaucoup M. Baaklini, à qui il avait reproché d’avoir manqué de zèle lorsque M. Hariri avait visité la Corée où il était en poste. La presse française, Le Canard Enchaîné en tête, a réservé ces derniers temps de larges espaces au refroidissement des relations franco-libanaises depuis l’éviction de M. Hariri qui est très lié au président Jacques Chirac. Le dernier épisode, relatif aux rumeurs concernant le peu d’empressement français à secourir cette fois l’EDL (alors qu’en 96 cela s’était fait en un clin d’œil), illustre ces malaises. Et les protestations indignées du Quai d’Orsay contre ces rumeurs, pour justifiées qu’elles paraissent, ne font en réalité qu’ajouter à la tension. Car si la France ne recule toujours pas quand il s’agit d’aider le Liban, elle ne prend pas cette fois les devants : c’est le 2 juillet seulement, au reçu de la demande expresse de l’EDL, que l’assistance a été enclenchée, indique le communiqué même des Français. Toujours est-il que le nucleus de tous ces petits problèmes reste d’ordre intérieur administratif. Certaines nominations ont été faites à la hâte sans les discrètes préconsultations d’usage avec les pays d’accréditation. Ainsi, les Émirats arabes unis n’ont toujours pas donné leur agrément à la désignation du nouvel ambassadeur du Liban qui de ce fait n’a pas encore pu rejoindre son poste à Abou Dhabi et attend patiemment à Beyrouth de recevoir le feu vert des responsables émiriens. Du reste, des sources informées n’excluent pas que cet ambassadeur, M. Moussaoui, reçoive bientôt une autre affectation d’un autre diplomate ayant l’heur de mieux plaire aux dirigeants de l’EEAU devant être nommé à sa place.
Les déclarations de l’ambassadeur du Liban à Washington, M. Farid Abboud, provoquent des remous qui ne sont pas seulement d’ordre diplomatique ou politique. Elles constituent en effet une occasion en or pour mettre sur la sellette le cadre diplomatique libanais et son organisation, à la lumière des dernières nominations ou permutations qui sont loin de faire l’unanimité. Certains...