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Actualités - CHRONOLOGIE

ENSEIGNEMENT - Un bras de fer que personne n'avoue La correction des examens officiels est toujours bloquée

On ne peut même pas parler de dialogue de sourds dans la crise qui a débouché sur la grève de la correction des examens officiels. Le contact est en effet rompu entre la Ligue des enseignants du secondaire et le ministre de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, M. Mohammed Youssef Beydoun ; les premiers refusant toujours d’entamer la correction des examens officiels et le second attendant, comme tout semble l’indiquer, une certaine lassitude qui aboutirait à la cessation de ce mouvement. Comment en est-on arrivé là malgré toutes les déclarations de bonnes intentions répétées à chaque occasion par les uns et les autres ? Bien qu’au Liban le préavis de grève ne soit pas obligatoire, on ne comprend tout de même pas comment le ministre de l’Éducation n’a pas pu prévoir la naissance d’un tel mouvement ? De plus, on se demande où sont passées les personnes de bonne volonté, notamment les membres de la commission parlementaire de l’Éducation nationale, qui, en d’autres temps, n’hésitaient pas à offrir leurs bons offices aux parties en conflit, avec souvent un taux de réussite non négligeable. Avant de répondre à ces interrogations, rappelons les faits qui ont porté les enseignants du secondaire officiel à entamer une grève qui dure depuis plus de quinze jours. «Un pays pris en otage» Le mouvement de contestation actuel avait commencé à prendre de l’ampleur dans les derniers jours du gouvernement Hariri. A l’époque, les enseignants avaient décrété une grève de quinze jours, tout en sachant bien que leur action n’aboutirait nulle part, pour protester contre la politique de l’ancien Cabinet et plus encore contre celle du ministre d’État aux Finances Fouad Siniora, «par qui étaient arrivés tous les scandales ayant abouti à des conflits sociaux», selon eux. Ils s’étaient promis de reprendre la grève sous l’actuel mandat le jour où ils ne trouveraient pas d’échos favorables à leurs revendications, ce qu’ils n’ont pas hésité à faire. Mais que demandent-ils d’aussi crucial pour se permettre «de prendre tout un pays en otage», comme l’affirment certains de leurs détracteurs ? Les faits remontent à 1966. Cette année-là, le Liban avait connu un boom énorme dans la création de lycées officiels secondaires. Le ministère de l’Éducation et des Beaux-Arts, comme il s’appelait à l’époque, a eu recours aux enseignants déjà en place pour combler le vide qui menaçait la bonne marche de ces nouvelles institutions en plein essor. Les enseignants du secondaire et le ministère de l’époque avaient conclu un accord en vertu duquel le travail de l’enseignant secondaire passait de 15 heures effectives à 20 heures hebdomadaires, moyennant quoi il obtenait une prime spéciale de l’ordre de 60 % de son salaire de base . Cet accord est resté en vigueur jusqu'à l’arrivée au pouvoir de M. Siniora, qui a voulu créer une certaine harmonisation entre les différentes prestations financières que l’État accorde à ses fonctionnaires dans les différentes administrations, y compris le ministère de l’Éducation . Un acquis financier Les enseignants affirment qu’ils auraient pu admettre cette harmonisation, même au risque de perdre le sacro-saint principe du «particularisme» de leur profession comme ils l’ont toujours revendiqué. Mais ce à quoi ils ne pouvaient se résoudre, disent-ils, c’est le fait de perdre un acquis financier que l’État leur avait consenti depuis 1966 moyennant un travail supplémentaire. C’est cet acquis que M. Siniora leur a retiré le jour où il a fait adopter, en 1997, une nouvelle échelle des salaires . Les enseignants ont automatiquement répliqué par une vague de protestations et une série de grèves, mais ce mouvement avait été suspendu à l’avènement du général Émile Lahoud. Depuis, c’est un scénario rudement éprouvé qui a été repris : des rencontres, un dialogue qui s’ouvre, des déclarations encourageantes de part et d’autre, et la série continue, le tout se terminant par la traditionnelle rencontre avec le chef de l’État qui a été «positive» mais qui a aussi permis à la délégation des enseignants «de saisir toute la gravité de la crise économique que traverse le pays et qui soumet le trésor public à de rudes pressions», comme le soulignent les grévistes eux-mêmes. Faisant preuve de «bonne volonté», les syndicalistes ont proposé alors au ministre de l’Éducation, avec qui ils étaient encore en contact, d’échelonner sur trois ans les sommes que le Trésor leur devait, avec même une période de rémission. Mais les membres de la Ligue des enseignants ont commencé à avoir des doutes sur le sérieux des promesses qui leur ont été faites, lorsque le projet de loi les concernant a été retiré de l’ordre du jour des commissions, sans qu’aucun parlementaire ne parvienne à leur expliquer les motifs d’une telle décision, ni à déterminer l’instance qui avait décidé de cette mesure. S’étant adressé au Conseil des ministres, ils ont eu droit à la formation d’une nouvelle commission ministérielle, comprenant M. Beydoun, le ministre de la Réforme administrative Hassan Chalak et le ministre des Finances Georges Corm. Voyant que rien n’arrivait, ils ont décidé de faire du «porte-à-porte», comme leur porte-parole se plaît à appeler les contacts que ses collègues et lui-même ont entrepris avec chacun des ministres . Tous les membres de la commission, comme d’ailleurs tous les autres membres du Cabinet, se sont déclarés favorables à leurs revendications, sans pourtant faire avancer le dossier. Le triste épisode Ce qui semble avoir mis le feu aux poudres, c’est une malheureuse déclaration que M. Beydoun aurait faite, selon les grévistes, et dans laquelle il aurait rappelé un triste épisode de la vie syndicale libanaise, lorsque, sous le mandat Frangié, plus de trois cents enseignants avaient été congédiés pour cause de grève. Selon les grévistes, M. Beydoun se serait déclaré prêt à prendre une mesure identique, mais le ministre a nié à plusieurs reprises avoir brandi pareille menace. Face au ministre, qui semble vouloir engager un bras de fer avec un des corps constitués les plus difficiles à mater jusqu’ici au Liban, les grévistes affirment qu’ils iront jusqu’au bout car, rodés comme sont la plupart d’entre eux par des années de lutte syndicale, certains depuis les années 60, ils assurent qu’ils ne vont pas hésiter à durcir leur mouvement. Pour illustrer l’ampleur de l’enjeu de la grève, il suffit de citer les chiffres relatifs aux candidatures aux examens officiels : – Sciences expérimentales : 11 934. – Mathématiques élémentaires : 3654. – Philosophie : 14 400 . – Anticipation, section littéraire : 9970. – Anticipation, section scientifique : 18 178. – Brevet d’études : 51 488. – Total général : 109 624.
On ne peut même pas parler de dialogue de sourds dans la crise qui a débouché sur la grève de la correction des examens officiels. Le contact est en effet rompu entre la Ligue des enseignants du secondaire et le ministre de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, M. Mohammed Youssef Beydoun ; les premiers refusant toujours d’entamer la correction des examens officiels et le...