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Actualités - CHRONOLOGIE

DÉBAT BUDGÉTAIRE - Quatre jours de discours clôturés par un vote Soixante-douze députés approuvent la loi de finances

Un grand sourire éclaire le visage du chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, pour la première fois depuis le début du débat budgétaire. C’était à sa sortie du Parlement, au terme de la séance matinale d’hier. Le député Boutros Harb venait de terminer un vibrant plaidoyer en faveur d’un gouvernement houspillé et dénigré au cours des trois derniers jours.Ce que Hoss ne pourra pas dire dans sa réponse au flot de critiques qui déferle depuis lundi sur son équipe, c’est Harb qui le dit, sans détour, voire même brutalement. Pourtant le chef du gouvernement ne mâche pas ses mots en répondant, le soir, aux «critiques diffamatoires et injustes» lancées contre son équipe et, parfois, contre sa propre personne. Hoss va plus loin, en s’attaquant directement à son principal détracteur, son prédécesseur Rafic Hariri, sans toutefois le nommer. Mais à qui d’autre peut-il faire allusion en parlant d’un «orchestre dirigé par un même chef» lorsqu’il critique les orateurs qui ont dénoncé au cours du débat budgétaire l’absence de fonds destinés au développement de Beyrouth ? L’allusion est on ne peut plus claire. Les sifflements d’étonnement qui ponctuent ses propos l’attestent. Mais au-delà du duel auquel se livrent depuis déjà sept mois l’actuel et l’ancien chef du gouvernement, il faut voir dans les joutes oratoires des derniers jours le début d’une bataille entre les principaux pôles politiques de Beyrouth, en prévision des législatives de l’an 2000. Comment expliquer autrement les vifs reproches des députés de Beyrouth contre Hoss, accusé de ne pas avoir prévu des fonds pour le développement de la capitale ? Comment expliquer autrement la virulence de la réplique de Hoss : «Où étiez-vous, vous et celui qui vous manipule, lorsque Beyrouth était en flammes, lorsqu’elle avait faim et soif ? Où étiez-vous au moment où l’on subissait les bombardements et les tirs des francs-tireurs et où l’on défiait les vagues de massacres ?» Hoss répond à ses détracteurs, en établissant une sorte de comparaison entre son mandat et celui de son prédécesseur. L’intervention du chef du gouvernement éclipse presque celle de Harb qui est incontestablement la plus violente parmi les 65 qui ont marqué les huit séances du débat budgétaire. Mais les critiques et les réserves exprimées, trois jours durant, n’empêchent pas le vote du budget, en soirée, au terme d’un examen rapide des 65 articles du texte. Sur les 87 députés présents, 15 s’abstiennent de voter : il s’agit de Alaeddine Terro, Abdo Bejjani, Georges Dib Nehmé, Akram Chéhayeb, Antoine Andraos, Ayman Schoucair (bloc Joumblatt), Bahaeddine Itani, Béchara Merhej, Sélim Diab, Khaled Saab, Adnane Arakji, Hussein Yatim (bloc Hariri), Ahmed Fatfat, Misbah Ahdab et Farid Makari (Liban-Nord, proches de Hariri). Il y a lieu de relever que les députés arméniens du bloc Hariri ont voté en faveur du projet de budget. Ils s’étaient désolidarisés une première fois de leur bloc, lorsqu’ils avaient accordé leur confiance au Cabinet Hoss. Le vote se déroule dans une ambiance amicale et particulièrement turbulente, qui détonne franchement avec la tension qui a dominé durant le débat budgétaire et qui rappelle cette remarque de M. Khalil Hraoui, président de la commission parlementaire des Finances et du Budget : «Le débat budgétaire est une chose et l’examen du projet de loi en est une autre. Le premier sert essentiellement à marquer des points politiques». Bien que la politique fiscale du Cabinet Hoss ait été sévèrement critiquée, les articles relatifs à la nouvelle grille d’impôts soulèvent une opposition moyenne. Le débat qu’ils suscitent met en évidence la présence de deux courants parlementaires : le premier voit le Liban comme étant un paradis fiscal et plaide en faveur d’une réduction des impôts sur les tranches supérieures des revenus et le deuxième défend la fonction sociale de ces impôts et appelle à l’imposition des grosses fortunes. Aucun des deux ne parviendra à faire prévaloir son point de vue. C’est l’article relatif à l’émission des bons du Trésor en devises qui suscite le plus de réserves, même s’il est par la suite approuvé. Le projet de budget est voté sans amendements majeurs : un article relatif à l’institution d’une nouvelle loterie électronique est abrogé et deux autres sont légèrement modifiés. L’examen du projet de budget prend un peu plus d’une heure. Les dépenses prévues pour cette année s’élèvent à 8 395 milliards de livres contre 4 990 milliards de livres pour les recettes, avec un déficit prévu de 40,6 %.
Un grand sourire éclaire le visage du chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, pour la première fois depuis le début du débat budgétaire. C’était à sa sortie du Parlement, au terme de la séance matinale d’hier. Le député Boutros Harb venait de terminer un vibrant plaidoyer en faveur d’un gouvernement houspillé et dénigré au cours des trois derniers jours.Ce que Hoss ne pourra pas...