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Actualités - ANALYSE

RÉFORME - Le train va redémarrer après le budget Dissensions entre les ministres sur les buts à atteindre

Le président Sélim Hoss assure devant ses visiteurs que le train de la réforme administrative va redémarrer après le budget. Il ajoute que cette fois-ci il n’y aura pas de dérapage. Toutes les évictions, les mutations, les permutations, les nominations aux postes vacants auraient lieu à la lumière d’études détaillées établies avec soin par les organismes de contrôle. Une façon de souligner que l’on ne s’en tiendra pas, comme pour les précédentes tentatives, aux recommandations singulières du ministre de la Réforme, M. Hassan Chalak. Cependant, l’enfer étant pavé de bonnes intentions, des voix sceptiques se font déjà entendre même au sein du Cabinet. Ainsi un ministre influent, qui s’en est déjà pris publiquement par le passé à M. Chalak, estime que «le projet risque de capoter parce qu’après tout on ne peut éviter que le ministre de la Réforme soit impliqué dans l’opération. Or M. Chalak, dont personne ne met en doute la probité, considère encore l’Administration avec les yeux du haut fonctionnaire qu’il a été, non dans une perspective de politique d’État. Il a tendance à agir en fonction des jugements qu’il a pu porter sur des hommes et non dans une optique purement institutionnelle. Dans un premier temps, cela nous avait valu des erreurs que le président du Conseil avait dû reconnaître, pour s’en excuser. De plus, poursuit impitoyablement cette personnalité, M. Chalak, fervent chéhabiste, en est resté aux conceptions réformatrices des années soixante, sans bien voir que tout a changé de fond en comble. Ainsi contre toute logique, il ne veut tenir aucun compte des projets actualisés établis par ses prédécesseurs, qu’il critique abondamment sous prétexte que leurs textes ne touchent pas le fond du problème. Visiblement, pour lui, la réforme c’est essentiellement la lutte contre les nids d’influence politicienne au sein de l’administration et contre la corruption. Certes, ce sont là deux points très importants, mais moins préoccupants que la vétusté, la lourdeur de l’appareil et des procédures ou formalités. Il faut moderniser avant tout, doter le pays d’une administration efficiente et dynamique. La propreté commence pour sa part à apparaître d’elle-même car sous un régime aussi ferme, avec un pouvoir aussi solide, soutenu par des organismes de contrôle revivifiés, les pratiques douteuses disparaissent presque automatiquement. Il faut songer aux compétences, à leur bonne utilisation. C’est une priorité évidente aux yeux des techniciens modernes de la gestion publique mais pas à ceux des bureaucrates de la vieille école». – Un autre ministre s’étonne que «M. Chalak refuse de discuter ses vues en Conseil des ministres. Il a ainsi éludé nos questions concernant le devenir des ministres mis à disposition, se contentant d’indiquer qu’il compte appliquer la loi à tous et qu’il attend des autres membres du gouvernement qu’ils fassent de même. Ce qui va de soi et ne veut strictement rien dire. Nous ne sommes donc pas fixés sur le degré de préparation réelle de l’opération envisagée et nous avons dès lors des raisons de craindre qu’une fois de plus elle ne soit improvisée. En effet, au stade actuel, nous n’avons aucune idée de ce que les rapports des organismes de contrôle peuvent contenir. Certes on peut, par souci d’éviter des remous, nous celer les détails, mais nous pensons que le Conseil des ministres est en droit d’être informé des orientations de base qui vont être suivies. En d’autres termes, le gouvernement ne sait pas où il va et nous sommes fondés à penser qu’il n’existe pas de plan global d’action». – Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, ne se montre pas moins critique à l’encontre de M. Chalak que ces ministres. Dans ses assises privées, il soutient que l’intéressé est mû par des considérations d’ordre politique et non technique. Il en veut pour preuve l’aspect, arbitraire selon lui, des mesures prises jusqu’à présent. Mais – également en privé – le président Hoss défend M. Chalak contre ces attaques. Pour lui, les partisans de M. Berry ont tout simplement peur d’être saqués, d’où leur réaction. Le chef du gouvernement certifie enfin, comme son ministre, que le couperet ne va épargner cette fois aucun coupable, quel qu’en soit le protecteur.
Le président Sélim Hoss assure devant ses visiteurs que le train de la réforme administrative va redémarrer après le budget. Il ajoute que cette fois-ci il n’y aura pas de dérapage. Toutes les évictions, les mutations, les permutations, les nominations aux postes vacants auraient lieu à la lumière d’études détaillées établies avec soin par les organismes de contrôle. Une façon...