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Actualités - CHRONOLOGIE

Arakji et Merhej se déchaînent contre le Cabinet et critiquent l'arrestation de Saba

Au cours de la séance matinale, hier, les députés semblent particulièrement dissipés. Rares sont ceux qui suivent les interventions des 10 parlementaires qui se sont succédé à la tribune dans un hémicycle à moitié vide. L’assistance réalise que Sleiman Kanaan, député de Jezzine, a terminé son discours, lorsqu’elle entend son collègue Nadim Salem applaudir. Les deux parlementaires insistent sur la situation dans cette partie du Liban-Sud après le retrait des forces du général Antoine Lahd. Salem déplore la fermeture des voies de passage vers Jezzine entre 19h et 7h, tous les soirs. Il demande un allègement des mesures de sécurité appliquées dans le périmètre de cette ville pour qu’elle redevienne un centre d’estivage. Il plaide ensuite pour une amnistie en faveur des miliciens de l’ALS qui se sont livrés à la Justice, soulignant qu’il faut tenir compte du fait qu’ils se sont enrôlés dans cette milice par la force ou pour des raisons socio-économiques. Salem exprime de nombreuses réserves sur la gestion du gouvernement. Il cite des extraits du discours d’investiture du président Émile Lahoud, pour poser une série de questions au gouvernement. «Qu’est-ce que le Cabinet a fait pour édifier l’État des institutions. A-t-il respecté, dans ses agissements, la population qu’il représente ? Comment peut-il parvenir à assurer l’intégrité et l’indépendance de la magistrature alors qu’il envisage une épuration au niveau de cette même magistrature qui s’est déjà prononcée dans une série d’affaires et qui poursuit son enquête dans d’autres. Le gouvernement était supposé ouvrir avant tout le dossier de la magistrature». M. Salem insiste sur les anomalies qui ont entaché, selon lui, le processus de réforme administrative, déplorant «le clientélisme» qui l’a caractérisée. Il s’interroge sur la sécurité dans le pays, sur le sort de la loi électorale et demande à savoir s’il est vrai que la nouvelle loi sur la naturalisation autorise l’octroi de la nationalité libanaise à des Palestiniens. «Est-ce que le gouvernement est sérieux lorsqu’il affirme refuser l’implantation ? Quand est-ce que le Conseil d’État prononcera son verdict après avoir été saisi d’un recours en invalidation du décret de naturalisation ?», demande-t-il. Le ton posé du député de Jezzine détonne franchement avec celui que Adnane Arakji adopte pour ouvrir le feu sur un gouvernement, dont les membres écoutent, impassibles, le flot de critiques qui déferle sur eux. Le député de Beyrouth crie et gesticule tellement que ses propos sont à peine compréhensibles. Comme M. Béchara Merhej, plus tard, il déplore le fait que le gouvernement ait omis dans le projet de budget des fonds destinés au développement de la capitale. Il insiste tellement sur ce point qu’on a l’impression qu’il prépare d’ores et déjà sa campagne électorale en prévision des législatives de l’an 2000. Un déficit de plus de 50 % Comme ses collègues au sein du bloc Hariri, lundi et mardi, il accuse le gouvernement de suivre une politique qui exacerbe la crise économique et juge incorrects les chiffres du budget. Ce thème sera repris plus tard par Béchara Merhej. Arakji fait aussi partie de ceux qui pensent que le déficit budgétaire dépassera les 50 %. Comme son raisonnement n’est pas nouveau, les parlementaires en profitent pour former de petits groupes et discuter entre eux. Ils s’arrêteront lorsque M. Arakji se met pratiquement à hurler après avoir lu un extrait d’une allocution du ministre des P. et T., Issam Naaman, accusant «la classe politique et économique pourrie et lésée par l’effort de réforme d’être impliquée dans le massacre de Saïda et d’avoir opté pour l’attaque». Chaque phrase qu’il prononce est ponctuée d’un «oui M. le ministre». «Oui, M. le ministre, l’attaque doit être dirigée contre Israël et ses agents et non pas contre la classe politique et économique. Une attaque est nécessaire pour améliorer le niveau de vie des pauvres, pour assurer des opportunités de travail aux jeunes, pour lutter contre la corruption, pour sanctionner l’auteur du communiqué attribué à des sources ministérielles et non pas pour dénigrer les efforts de reconstruction, pour profiter des tribunes médiatiques afin de lancer des théories...» Il évoque ensuite l’arrestation de l’ancien mohafez de Beyrouth, Nicolas Saba, et déplore qu’il ait été mis en garde à vue un vendredi «afin qu’il passe le week-end dans les hôtels cinq étoiles du gouvernement», en allusion au dépôt du Palais de justice. Berry ne peut s’empêcher de le taquiner : «Le vendredi est peut-être un jour béni». Mais le député hurle tellement qu’il l’entend à peine. Il ne voit même pas le petit billet que Berry lui fait parvenir et dans lequel il le prie d’être concis. Ironique, il accuse indirectement le gouvernement d’avoir respecté l’équilibre communautaire en autorisant les poursuites contre Saba et contre l’ancien directeur du port, Mouhib Itani. Les thèmes développés par Arakji sont repris point pas point par Béchara Merhej, même s’ils sont formulés autrement. Les heures passent interminables et sont d’autant plus pénibles que le député de Beyrouth prend un ton moralisateur pour critiquer le gouvernement. Il faut écouter pour la énième fois les représentants du bloc Hariri douter des intentions du ministre Corm dans le domaine économique. Corm est accusé d’adopter une attitude «vindicative». Merhej reproche vivement au gouvernement de fouler aux pieds les libertés publiques et de court-circuiter le rôle des institutions. «La confiance est méritée. Elle n’est pas mendiée», lance-t-il à l’adresse de Corm, avant de contester la procédure administrative et judiciaire suivie dans le cadre des enquêtes ouvertes dans une série d’affaires de malversations. Il demande au chef du gouvernement s’il a étudié le dossier des affaires dans lesquelles Mouhib Itani et Nicolas Saba sont poursuivis et s’il a recueilli l’avis des autorités compétentes avant d’autoriser les poursuites contre ces deux derniers. Il conteste dans le même temps la procédure suivie par M. Hoss pour transmettre le rapport de la Cour des comptes sur les irrégularités au niveau de la dépense des fonds municipaux au Parquet de la Cour avant de recueillir les points de vue des trois anciens ministres en cause : Hagop Démirdjian, Fouad Siniora et Bassem Sabeh. Merhej prête au gouvernement l’intention de vouloir faire «mainmise sur le secteur privé et sur la municipalité de Beyrouth», accusant sans le nommer le ministre Michel Murr de geler toutes les décisions émanant du conseil municipal de la capitale. Concernant le projet de loi de Finances et le plan de redressement, le député ne leur trouve aucun élément positif, qu’il s’agisse des objectifs fixés, ou des prévisions budgétaires. Merhej, Arakaji et, plus tard, Jihad Samad réclament tous trois une réunion parlementaire qui sera consacrée à l’explication des articles de la Constitution relatifs à l’immunité parlementaire, portant ainsi à sept le nombre de députés favorables à cette réunion. Les sept, note-t-on, sont en majorité proches de Hariri. Même s’il est très sévère à l’égard de l’équipe Hoss, Akram Chehayeb adopte un ton plus modéré que ses collègues du bloc Joumblatt qui l’ont précédé à la tribune. Il note le retard dans la présentation du projet de budget et reproche au gouvernement de n’avoir pas tenu ses promesses. Selon lui, quels que soient les problèmes posés, «ils ne doivent pas empêcher (le gouvernement) de travailler et de planifier». Chehayeb juge «inadmissible de paralyser l’administration et l’activité économique sous prétexte de vouloir attendre» pour établir un plan de réforme et de redressement. Tout en soulignant la nécessité d’une réforme fiscale, le député du Chouf juge «inopportun l’optimisme que le plan de redressement financier et économique laisse transparaître». Ce qu’il reproche principalement au gouvernement, c’est de «vouloir rééquilibrer les finances publiques sans tenir compte des critères sociaux et de bâtir ses prévisions sur une série de calculs qui ne tiennent pas compte d’imprévus sociaux, économiques et politiques». Chehayeb accuse en outre l’Exécutif de considérer les médias officiels «comme ceux du pouvoir et non pas de l’État» et de «s’en servir à des fins politiques et parfois en employant des méthodes antidémocratiques». Le député s’arrête ensuite sur le dossier des déplacés pour déplorer le fait que le gouvernement a choisi de le traiter «superficiellement sans tenir compte des considérations sociales et politiques qui lui sont inhérentes». Il invite l’équipe Hoss à réviser sa politique, notamment au niveau social, avant de déclarer : «Si nous nous abstenons de dire “oui” au budget, c’est parce que nous voulons assurer le gouvernement que ses erreurs ont commencé au niveau de sa politique générale et se sont confirmées dans le budget, les deux étant, pour nous, indissociables». Jihad Samad (Liban-Nord), proche de M. Hariri, est particulièrement virulent à l’égard de l’équipe Hoss «qui est devenue par excellence celle qui s’attire le plus d’ennemis», même s’il rend un vibrant hommage aux chefs de l’État et du gouvernement. Il conteste vigoureusement la politique économique et financière de l’Exécutif alors que Mohammed Ali el-Meiss et Rabiha Keyrouz déplorent qu’on n’accorde pas davantage d’attention au développement de Baalbeck. Antoine Haddad prend farouchement la défense du gouvernement soulignant qu’il ne peut pas offrir un meilleur budget étant donné les contraintes financières dont il est prisonnier. L’intervention d’Abraham Dédéyan (Beyrouth) est très particulière : le député se contente de proposer à l’État d’exploiter «les ressources naturelles du Liban, minérales et pétrolières, pour améliorer ses finances publiques et combler son déficit budgétaire». Il cite de nombreux experts internationaux pour souligner que le sol libanais est très riche et qu’il recèle l’or noir ainsi que de nombreux minéraux. En tout, dix députés auront pris la parole au cours de la séance matinale.
Au cours de la séance matinale, hier, les députés semblent particulièrement dissipés. Rares sont ceux qui suivent les interventions des 10 parlementaires qui se sont succédé à la tribune dans un hémicycle à moitié vide. L’assistance réalise que Sleiman Kanaan, député de Jezzine, a terminé son discours, lorsqu’elle entend son collègue Nadim Salem applaudir. Les deux...