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Actualités - REPORTAGES

Ré-Mi Bendali : toujours dans la note !

Avec un prénom pareil, cette enfant ne pouvait faire autre chose que chanter, et chanter juste. Ré-Mi Bendali est née Do-Ré-Mi, de parents musiciens qui avaient la musique dans le cœur et dans le sang. Ces trois notes entonnées le soir au bébé, avant de dormir, ont agi sur elle comme une formule magique… Quand les autres enfants apprenaient à parler, Ré-Mi, elle, chantait ; et le public pleurait d’émotion… C’était un soir de janvier 1984. Le président de l’époque, M. Amine Gemayel, recevait les ambassadeurs accrédités au Liban, lors d’une réception retransmise en direct à la télévision. À la fin de la soirée, et comme sortie d’un songe, une petite fille de trois ans apparaissait avec sa petite robe blanche et chantait en trois langues (arabe, français, anglais) Sauvez l’enfance. Les Libanais succombent instantanément au charme innocent de cette enfance, dans une période de sombre guerre. Ré-Mi devient un véritable phénomène qui incarne le Liban dans le monde entier. On se souvient du phénomène Ré-Mi. On se souvient de cet air, devenu un deuxième hymne national, défilant à longueur de journées dans les rues de Hamra, sur les charrettes des vendeurs ambulants, spécialistes en piratage de cassette, transformés en chefs d’orchestre pour l’occasion. Pour elle, ce sont de vagues images stimulées par des photos, des films vidéos, témoignages d’un succès précoce. Ce 8 janvier 84 était en fait la consécration d’une «carrière» qui avait démarré l’année précédente à Télé-Liban. Sa mère, Hoda, professeur de piano, se faisait une joie de la voir participer à l’émission Alam el-Sabah (Le monde du matin), «C’était juste pour le souvenir», nous confiera-t-elle. Le père de Ré-Mi, René, compositeur connu, lui écrit sa première chanson, en collaboration avec Georges Yammine, Imani Ahla Iman, (Ma foi est la plus belle) qu’elle interprétera avec brio. Elle rejoint le programme pour une seconde performance, à l’occasion des fêtes de Noël, Ta’a, Ta’a Ya Papa Noël (Viens, viens Père Noël). Encore, exigera le public ravi! Le soir du Nouvel An, et dans la même émission, elle chantera Baadni Sghiri wa Albi Kbir (Je suis encore petite mais mon cœur est grand). La petite fille au grand cœur explosera à sa quatrième apparition, devant un président qui avait promis ce soir-là de sauver le Liban et des invités émus jusqu’aux larmes. «Cet instant ne se répétera jamais! Depuis, toute notre vie a changé…». La famille Bendali s’embarque, destination le monde, représenter ce petit pays en guerre. Trois années durant, Ré-Mi participera à des émissions télévisées, avec Michel Drucker en prime, chantera beaucoup, grandira un peu, conservant toute sa fraîcheur. En 1987, on la verra sur scène, avec le Ré-Mi show, qui fera le tour du Liban et ira jusqu’à Washington. L’année suivante, toute la famille se retrouvera dans le spectacle Riznemet Jeddi (le calendrier de mon grand-père), avant de s’expatrier pour un exil de 5 ans. Ré-Mi rejoint les bancs de l’école et ses jeux d’enfant. Et continue à chanter. Peut-on demander à une cigale de se taire? Les Bendali reviennent au Liban pour de courtes parenthèses, avant de mettre un point final à l’aventure canadienne et retrouver la terre-mère. Passe, passe le temps… Quelques années plus tard… un après-midi de l’été 1999. Plongés dans des photos éparpillées sur la table, bercés par la voix d’une mère qui conte l’aventure de son enfant, on découvre, surgissant du présent, une jeune fille de 19 ans qui ressemble vaguement à Ré-Mi. Comme une sœur aînée… La môme qui voulait sauver l’enfance a mûri. Ado en jeans et baskets, elle aime le sport et sa famille à qui elle doit tout, le succès, des moments inoubliables mais aussi son équilibre. Ré-Mi étudie la musicologie depuis 2 ans et joue du piano et de la flûte traversière. Le temps en a fait une artiste au «visage double», avec ses deux publics : Celui «d’avant», qui ne la connaît plus, ne la reconnaît plus, et celui d’aujourd’hui, qui ne la connaissait pas avant! «La génération qui m’a découverte a changé. Certaines personnes qui me croisent dans la rue me demandent quel lien j’ai avec Ré-Mi Bendali! Ils ne m’ont pas vue grandir… Dans l’esprit du public, il y a deux personnes distinctes, la petite et la grande Ré-Mi!» L’adolescente rigole, son drôle de parcours l’amuse. Son dernier spectacle Khabariat Ré-Mi (Les Histoires de Ré-Mi) vient confirmer son talent auprès d’une audience nouvelle et de nombreux nostalgiques qui tentent de retrouver l’émotion d’une soirée pluvieuse mais intense. Les histoires de Ré-Mi intéressent. Celles de demain, surtout…
Avec un prénom pareil, cette enfant ne pouvait faire autre chose que chanter, et chanter juste. Ré-Mi Bendali est née Do-Ré-Mi, de parents musiciens qui avaient la musique dans le cœur et dans le sang. Ces trois notes entonnées le soir au bébé, avant de dormir, ont agi sur elle comme une formule magique… Quand les autres enfants apprenaient à parler, Ré-Mi, elle, chantait ; et le...