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Actualités - ANALYSE

IMPLANTATION - Un gros problème qui reste en suspens Le Liban menacé de se retrouver face à un fait accompli

On peut être blanchi sous le harnais et garder ses illusions. Avec une fraîcheur d’âme qui confine à la naïveté, cet ancien responsable estime qu’avec la conclusion d’une paix régionale, «le Liban pourra recouvrer sa souveraineté, son indépendance, son pouvoir de décision autonome». À condition, précise-t-il, que le pays sache «unifier solidement ses rangs intérieurs et cimenter cette entente nationale qui reste encore à réaliser». Mais cet homme d’expérience reste réaliste quand il souligne qu’avant la paix, «le Liban devra obtenir un retrait israélien effectivement inconditionnel, ce qui n’est pas acquis d’avance». «Puis, relève-t-il avec force, une fois l’arrangement conclu, on s’apercevra qu’il reste un gros problème : la présence palestinienne et le déséquilibre intérieur qu’elle entraîne en influant sur le tableau démographique autant que confessionnel du pays». Et de remarquer avec pertinence que «les Libanais sont certes d’accord entre eux pour rejeter l’implantation, refus qu’ils ont inclus dans leur Constitution même. Mais ils sont bien les seuls. Et on ne voit pas par quels moyens ils pourraient empêcher ce fait déjà accompli. Les autorités locales vont même être confrontées à des pressions accentuées, exercées prétendument à titre humanitaire, pour que progressivement, par diverses prestations sociales ou réglementations laxistes, elles assimilent les réfugiés. En effet, une fois la paix régionale conclue, l’Unrwa, qui est en charge des camps, pourrait être dissoute. Et le Liban sera invité à se substituer à elle pour scolariser, soigner, hospitaliser les Palestiniens. Il devra en outre leur permettre de construire en dur, de se déplacer à volonté, de s’installer où ils voudront dans le pays, de travailler sans entrave puis, une fois les camps disparus, de devenir Libanais s’ils le souhaitent. Et ils seraient certainement sollicités dans ce sens par les politiciens dont ils deviendraient les électeurs». Cette personnalité note ensuite que «la période qui s’ouvre peut susciter un nouvel élément de perturbation pour le Liban. Dans le cadre des pressions ou contre-pressions liées aux négociations, il est possible que l’on soit tenté de lâcher la bride aux formations palestiniennes hostiles au processus qui tentent toujours de reprendre la lutte armée à partir de leurs positions dans ce pays. Les décideurs pourraient peut-être obtenir des avantages en utilisant cette carte. Mais il est douteux qu’elle nous soit profitable, bien au contraire». En marge de cette éventualité, dont le degré de probabilité semble à vrai dire réduit, l’ancien ministre souligne les «inquiétantes indications de Clinton. Il dit souhaiter que les Palestiniens se sentent libres de vivre là où ils veulent. Mais, en même temps, il affirme que la question de leur retour reste tributaire du règlement global qui sera conclu et dépendra du laps de temps que leur absence aura duré. Le président américain ajoute qu’il faudra d’ailleurs voir si les Palestiniens souhaitent vraiment retourner. Et il n’a pas tort au fond de soulever ce point, dans la mesure où les Palestiniens d’Arafat ne cachent pas pour leur part qu’il faut parler d’un droit de non-retour plutôt que d’un droit de retour. Ils ne sauraient en effet où mettre les réfugiés. Israël, on s’en doute, ne veut pas les voir affluer dans ses parages. Et eux-mêmes, dans leur majorité, n’ont pas envie d’aller crever de faim dans les territoires alors qu’ailleurs ils vont être indemnisés, trouver du travail». L’ancien responsable rappelle ensuite deux points également inquiétants : «Les États-Unis avaient été, après le drame de 1948, le seul pays à s’opposer à la résolution numéro 181 proclamant le droit de retour. Quant aux Arabes, ils ont affirmé dans le communiqué final du sommet tenu à Fès en 1982 que “les Palestiniens qui ne souhaitent pas retourner recevront des indemnités». Bien entendu, la délégation libanaise s’était inscrite en faux contre cette résolution qui est une prime à l’implantation, mais n’avait pu la faire annuler». En tout cas, la question des réfugiés fait partie des multilatérales, qui prendront beaucoup de temps pour être menées à bien. Grosso modo, le scénario de règlement est déjà connu : le Liban garderait 150 000 réfugiés, toucherait une prime pour chacun d’eux, le reste étant réparti entre des États arabes du Golfe et des pays d’immigration comme le Canada ou l’Australie.
On peut être blanchi sous le harnais et garder ses illusions. Avec une fraîcheur d’âme qui confine à la naïveté, cet ancien responsable estime qu’avec la conclusion d’une paix régionale, «le Liban pourra recouvrer sa souveraineté, son indépendance, son pouvoir de décision autonome». À condition, précise-t-il, que le pays sache «unifier solidement ses rangs intérieurs et...