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Actualités - ANALYSE

JEZZINE - La région a peur d'être oubliée La Rencontre de Mar Roukoz mène compagne pour une amnistie

Un clou chasse l’autre, un événement gomme les retombées d’un précédent. Déjà les gens de Jezzine ont peur d’être oubliés, de se heurter comme d’autres régions à l’indifférence de pouvoirs focalisés sur d’autres sujets. Si le massacre des quatre magistrats à Saïda avait encore fait parler de Jezzine, dans la mesure où il a été considéré comme une riposte à sa libération, les agressions israéliennes en profondeur d’il y a une semaine ont occulté les différents problèmes qui se posent à cette région. Le fait est que la priorité est accordée actuellement à la reconstruction des ponts, au rétablissement de la jonction routière entre Beyrouth et le Sud, au ravitaillement de la capitale en électricité, en attendant la fin des réparations dans les centrales énergétiques de Jamhour et de Bsalim. Le chantier de réhabilitation de l’infrastructure promis à Jezzine par les diverses administrations, sur instructions pressantes du chef de l’État, passe dès lors au second plan. Les pôles de la cité s’en alarment et harcèlent les responsables pour qu’ils ne traînent pas des pieds sous prétexte qu’ils ont pour l’heure d’autres soucis. Les notables de Jezzine soulignent que les habitants qui se sont accrochés au sol peuvent être considérés comme des résistants exemplaires, que l’État qui leur a toujours demandé instamment de rester, de prendre leur mal en patience en attendant la libération, doit maintenant tenir les promesses répétées sous tous les régimes. Ces personnalités de la région demandent pour commencer qu’on allège le dispositif de blocage de la région, qui est encore maintenu et qui reste sévère. En effet, les barrages routiers de contrôle, qui sont autant de frontières, subsistent aux entrées de la région et sont toujours fermés la nuit de 19 heures à 7 heures le lendemain. Ces mesures, soulignent les intéressés, retardent le retour des jezziniotes qui ont quitté la ville et entravent le tourisme qui est de loin la principale ressource de la région. Ils affirment que les hôtels, les cafés et les restaurants restent pratiquement déserts, que les artisans couteliers ne vendent presque rien. Sur un plan parallèle, la Rencontre de Mar Roukoz mène campagne pour une amnistie en faveur des lahdistes de Jezzine qui se sont livrés à la justice. À l’issue d’une réunion tenue au couvent sur initiative de l’abbé Youhanna Slim, il a été décidé que ce dernier accompagné du député Nadim Salem, de l’ancien ministre et haut magistrat Youssef Gebrane, du général de gendarmerie en retraite Antoine Nasr et de l’ancien ambassadeur Simon Karam rendra visite ce jeudi au patriarche Sfeir pour lui remettre copie d’une proposition de loi élaborée par des députés portant amnistie des lahdistes repentis. De son côté, le parlementaire juriste Boutros Harb a également préparé un texte dans ce sens. Le Hezbollah, pour sa part, auteur d’une proposition remontant à plusieurs années, ne veut plus entendre parler d’amnistie. C’était bon pour lui quand une telle mesure aurait contribué à précipiter les défections au sein de l’ALS. Maintenant que cette milice est au bord de l’effondrement, le parti intégriste ne penche plus pour la clémence. Le Hezbollah peut dès lors remercier les responsables, dont M. Nabih Berry, qui avaient su persuader la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice de geler la proposition présentée au nom du parti par le député Mohammed Raad. Aujourd’hui, le Hezbollah se prononce contre une amnistie collective tout en concédant qu’on peut étudier les dossiers au cas par cas. Et il a lui aussi envoyé une délégation à Bkerké pour expliquer sa position. Le patriarcat, indiquent des sources informées, n’est pas contre l’idée qu’on étudie chaque cas à part. Mais il met l’accent sur le volet humanitaire et social du dossier, en soulignant que la plupart des jeunes gens en cause ont été effectivement contraints de s’enrôler sous la bannière de Lahd pour des raisons économiques et qu’ils font vivre leurs familles. Pour régler le problème le plus vite possible, Bkerké estime donc qu’une loi d’amnistie aurait été souhaitable.
Un clou chasse l’autre, un événement gomme les retombées d’un précédent. Déjà les gens de Jezzine ont peur d’être oubliés, de se heurter comme d’autres régions à l’indifférence de pouvoirs focalisés sur d’autres sujets. Si le massacre des quatre magistrats à Saïda avait encore fait parler de Jezzine, dans la mesure où il a été considéré comme une riposte à sa...