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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

DÉVELOPPEMENT - Rencontre internationale à Byblos " Municipalité et cité" , des rapports nouveaux dictés par les temps modernes

La relance d’une participation active des citoyens, et plus particulièrement des jeunes, à la vie publique, notamment au niveau municipal ; la nécessité d’éviter que le développement soit exclusivement économique, au détriment du développement social ; les problèmes d’aménagement du territoire et de la lutte contre la détérioration du paysage ; le rôle des municipalités et le lien avec le pouvoir central : telles sont les principales lignes directrices du colloque international ayant pour thème “Municipalité et cité” qui a ouvert ses travaux hier à Byblos, à la Maison paroissiale St-Jean Marc. Placé sous le patronage du chef du gouvernement Sélim Hoss, représenté par le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Moussa, le colloque poursuivra ses travaux aujourd’hui vendredi et demain samedi, en présence de nombreux experts libanais et étrangers. Il est organisé par l’Institution Cortbawi, la Congrégation des Saints-Cœurs, la municipalité de Jbeil et la Fondation Friedrich Ebert. Le mot d’ouverture a été prononcé par mère Louise-Marie Chidiac qui a notamment souligné que ce colloque «s’inscrit dans le sillage d’un programme de recherche dans le domaine de l’éducation, lancé en 1982, et ayant pour titre : Génération de la relève. Ce programme de recherche se voulait une évaluation systématique de notre projet éducatif», a souligné Mère Chidiac qui a poursuivi : «L’éducation à la citoyenneté était au cœur de nos recherches. Or, quel peut être le terrain le plus approprié à une telle éducation sinon le projet municipal ? Il reste que le souffle de ce colloque est le fruit d’une expérience qui a plus de 50 ans d’âge et qui était dotée d’une structure qui en a fait une école de citoyenneté. Cette expérience, je la résume comme suit : d’une institution dans la ville à une institution pour la cité. Il s’agit de la cité Mgr Antoine Cortbawi, congrégation des Saints-Cœurs». Cardahi appelle à la décentralisation De son côté, le président du conseil municipal de Jbeil, M. Jean-Louis Cardahi, a déclaré : «La cité de Byblos à travers les temps a assuré d’importants apports à l’humanité, ne serait-ce que son alphabet. Aujourd’hui, consciente de son rôle pionnier, notre ville-cité souhaite participer à un chantier collectif nécessaire à la relance socio-économique de notre pays, à savoir la décentralisation administrative». «Nos amis français présents aujourd’hui parmi nous peuvent témoigner de l’amélioration vécue en France suite à leur décentralisation. L’État ne doit pas craindre cette décentralisation, ne doit pas se mettre devant les yeux, que le seul contrôle des municipalités par des fonctionnaires. Le véritable contrôle, la garantie de bon fonctionnement c’est celle du peuple, qu’il doit exercer à travers une pratique démocratique réelle et intense». «Nous souhaitons que ce colloque, qui va aborder toutes les dimensions de la cité, puisse mobiliser les forces vives de la nation autour d’un projet fédérateur qui nous permettra d’assurer un renouveau pour nos municipalités, nos villes et notre pays». Kahi : L’impact de la révolution informatique sur la cité Pour sa part, le ministre de la Santé a prononcé une allocution dans laquelle il a notamment mis l’accent sur l’importance des thèmes examinés au cours de ce colloque, soulignant qu’une telle initiative devrait être également entreprise dans d’autres régions du pays «afin que nos villes et villages puissent atteindre un niveau évolué par le biais des municipalités». Prenant à son tour la parole, le coordinateur du colloque, M. Abdo el-Kahi, a exposé les grandes lignes et l’esprit général qui sous-tendent le colloque. Évoquant les retombées de la révolution informatique, M. Kahi a déclaré à ce propos : «Une nouvelle problématique du rapport à l’espace, au savoir et au pouvoir est ainsi posée. Elle nous invite, selon Michel Serre, à passer de la mentalité de gestion de la rareté du savoir à l’aménagement de son abondance et de la vitesse de son mouvement. «Cette deuxième révolution de la mémoire n’a pas eu les mêmes effets que la première. Car, si l’alphabet a permis d’installer la cité et de la faire prospérer, l’informatique la perturbe profondément et la dérègle foncièrement à l’heure actuelle. «Des crises surgissent partout. Elles touchent les fondements de la cité : le lien social civique, le lien avec l’environnement et l’organisation de l’espace. « – Comment réguler de nouveau nos liens sociaux et environnementaux à l’approche du XXIe siècle ? « – Comment la municipalité, comme pouvoir local, peut-elle participer à cette entreprise ? « – Comment l’intérêt public, ou l’implication collective de la population dans la construction et la gestion de ses intérêts communs, fondateurs du bien commun, peut-il être réactivé, dans le projet municipal ? «Nous nous proposons d’interroger la municipalité, comme instance et lieu d’exercice du pouvoir local au Liban, sur son rôle régulateur et organisateur, en vue de la consolidation du lien social civique, du plan local au plan global, et pour que les lieux physiques qu’elle gère se transforment en territoires et espaces publics, bref en lieux de cité. «Nous traverserons de la sorte le concept de cité à plusieurs niveaux : « – La cité comme œuvre de droit, dans ses dimensions : politique, axiologique, économique, sociale et institutionnelle, pour activer la dynamique citoyenne au Liban. « – La cité comme œuvre d’organisation et de gestion de l’espace, pour faciliter la mise en œuvre d’une culture territoriale au Liban, selon la terminologie de Bernard Lassus. « – La cité comme œuvre de communication et de création de liens sociaux, pour construire la proximité humaine dans une perspective sociétale et universelle. « – La cité comme œuvre d’esthétique, où la magie du visuel s’articule avec l’aspiration des sens, pour en construire un enchantement poétique. « – La cité comme œuvre de maîtrise de la complexité de notre environnement, pour développer et maintenir la qualité de vie sur terre. « – La cité comme œuvre de civilisation, pour mettre en relief les expressions diverses et multiples de l’humanité de l’homme». Et de conclure : «Pour rendre plus explicite la portée finale de ce colloque, nous pouvons dire que si la cité était autrefois un territoire où les habitants se gouvernaient par leurs propres lois, car trouvant son origine dans la légalité (nomoi ou loi en grec), elle ne manquait pas d’être aussi un lieu d’installation et d’activité, et un réseau de circulation et d’échanges ; le site de Jbeil nous offre de merveilleuses illustrations à ce triple niveau. La cité que nous cherchons à revaloriser aujourd’hui, nous la voulons fidèle aux origines. Nous voulons de la cité qu’elle soit à la fois lieu et réseau, “où se conjuguent et s’articulent”, sans se contredire ni s’annuler, le public et le privé, l’un et le multiple, l’homogène et l’hétérogène, le sédentaire et le nomade».
La relance d’une participation active des citoyens, et plus particulièrement des jeunes, à la vie publique, notamment au niveau municipal ; la nécessité d’éviter que le développement soit exclusivement économique, au détriment du développement social ; les problèmes d’aménagement du territoire et de la lutte contre la détérioration du paysage ; le rôle des municipalités et le...