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Actualités - REPORTAGES

ENVIRONNEMENT - Le port de pêche pollué À Dora , la mer agonise

L’eau dans le port de pêche de Dora est devenue noire. Des dérivés pétroliers, provenant probablement des sociétés établies dans la région ainsi que des navires pétroliers et des égouts, forment une masse qui flotte sur la surface et détériore le matériel de pêche. Mais les matières polluantes sont aussi déversées par des camions appartenant à des compagnies privées. Le conducteur d’un poids-lourd de la société d’entrepreneurs Hamid Keyrouz, venu décharger son contenu près du port, a d’ailleurs été arrêté par les forces de l’ordre hier, devant les journalistes. M. Wissam Eid, conseiller au ministère de l’Environnement, ainsi que les experts écologiques rattachés au ministère, MM. Hanna Abou Habib et Samih Wehbé, ont effectué une tournée sur le site. L’affaire, qui a pris une tournure sérieuse il y a un mois environ, a éclaté au grand jour après le dépôt d’une plainte auprès du procureur du Mont-Liban. Les forces de l’ordre ont alors commencé leur enquête, en coordination avec le ministère de l’Environnement. L’eau autour des barques de pêche est noire ainsi que les rives. Des objets gluants flottent à la surface. Des algues ont changé de couleur. Si la pollution, importante dans le port, n’affecte pas vraiment la pêche, elle occasionne de sérieux dégâts aux barques. Les pêcheurs sont en effet obligés de repeindre souvent leurs embarcations, ce qui peut coûter au moins 200 ou 300 dollars, sans compter les jours de chômage ainsi provoqués. Les barques, mais pas les poissons Selon M. Eid, il n’a pas encore été établi que les sociétés pétrolières ayant leur siège dans la région sont responsables de la pollution. Il existe trois autres sources possibles : les quatre égouts de la capitale qui se déversent dans la mer, les navires pétroliers qui peuvent causer des accidents et les camions qui déversent leurs résidus pétroliers dans la mer, comme celui qui a été intercepté hier. Mais selon des informations citées par M. Hanna Chaouah, membre du comité exécutif du syndicat des pêcheurs, une société pétrolière voisine serait principalement responsable du désastre. Les experts ne se sont pas encore prononcés. «Nos techniciens se rendent actuellement dans les usines pour vérifier l’existence d’un système de filtrage et un dépôt pour les résidus», a précisé M. Eid. «En cas d’absence de ces dispositifs, les sociétés seront obligées de l’acquérir». L’expert Samih Wehbé a soulevé le point suivant : «Comment s’assurer de la source de pollution ? La seule solution consiste à surveiller longtemps les usines et les navires. Nous avons suggéré la construction de centres d’observation le long du littoral. Il est arrivé souvent qu’un navire ancré au port vidange son huile la nuit, dans la mer». Mais il est douteux que les matières polluant le port de Dora soient de l’huile. «Il peut s’agir d’essence, d’asphalte ou de mazout», selon M. Wehbé. M. Chaouah a tenu à préciser que «la pollution est grave dans le port parce qu’il s’agit d’un espace semi-clos, gardant les matières dans son enclave». «Mais il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une catastrophe nationale touchant l’ensemble du littoral libanais», a-t-il dit. «Les poissons n’ont pas été affectés. Il ne faut pas que ce scandale se répercute sur les ventes. Il y a ici quelque 1 000 familles qui vivent de la pêche». Crime écologique d’une part, difficultés sociales des pêcheurs de l’autre. Quel est le plus urgent ? Entre-temps, la mer agonise.
L’eau dans le port de pêche de Dora est devenue noire. Des dérivés pétroliers, provenant probablement des sociétés établies dans la région ainsi que des navires pétroliers et des égouts, forment une masse qui flotte sur la surface et détériore le matériel de pêche. Mais les matières polluantes sont aussi déversées par des camions appartenant à des compagnies privées. Le...