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Actualités - ANALYSE

Réforme : le pouvoir veut aller jusqu'au bout

Ça y est, cela recommence. L’indiscipline ministérielle, le manque de cohésion gouvernementale reviennent en force. Les ministres donnent en effet des signes de plus en plus fréquents d’une inquiétante autonomie de propos par rapport au pouvoir. On a pu entendre ainsi l’un d’eux soutenir que la réforme administrative il faut en faire son deuil. Car selon lui l’épuration est stoppée pour ne pas fâcher M. Nabih Berry. Ajoutant que tout au mieux, pour sauver la face et jeter un peu de poudre aux yeux, on procéderait à un mouvement administratif assorti de permutations entre directeurs généraux. Ces assertions ont failli mettre hors de lui cet homme tranquille qu’est M. Sélim Hoss. Il se résigne dès lors à son corps défendant, malgré son goût de banquier pour la discrétion en matière de linge sale familial, à condamner publiquement le comportement du franc-tireur. Le président du Conseil confie ainsi en substance à l’opinion via les représentants des médias rencontrés à cet effet que «ces indications attribuées à une source gouvernementale nuisent à la stratégie du gouvernement en matière de réforme administrative. Elles laissent en effet entendre que les décisions de révocation ou de mise à disposition de fonctionnaires déterminés sont motivées par leur appartenance politique non par des dérapages ou des fautes de service qui leur seraient imputables. Dans le même ordre d’idées, les propos en question impliquent que le gouvernement inflige des mesures vindicatives arbitraires à des cadres administratifs relevant de parties politiques ou parlementaires déterminées. Et qu’en revanche, il évite de toucher à d’autres fonctionnaires parce qu’ils dépendent de pôles qui trouvent grâce à ses yeux. En réalité le gouvernement, comme il l’a certifié d’entrée de jeu et ne cesse de le répéter, ne bâtit pas son action sur des considérations politiciennes et encore moins revanchardes. Il se base sur des rapports qu’élaborent pour lui les organismes de contrôle à la lumière du dossier de chaque fonctionnaire. Sans tenir compte de ses allégeances. Tout coupable, à quelle partie qu’il appartienne, est dès lors sanctionné». C’est donc uniquement le fruit du hasard si le couperet n’a tranché jusque-là que des têtes venant d’un même parc. À moins que cet enclos, situé à l’Est, ne soit un bouillon de culture microbienne virulente, les autres espaces ou espèces restant par chance préservés de toute contamination, de toute corruption. Toujours est-il que prenant la relève côté plaidoyer, une source proche de M. Hoss affirme que «le meilleur démenti aux déductions du ministre déloyal est que le Conseil des ministres vient de confirmer les décisions suivantes : – Réenclencher la réforme administrative dès l’approbation du budget 99. – Pourvoir les postes vacants au niveau de la première catégorie. – Instituer un système de rotation entre directeurs généraux. – Statuer sur le sort des fonctionnaires mis à disposition. – Demander au conseil de la Fonction publique de déposer ses recommandations au sujet du pourvoi des postes et de la rotation dans un délai d’un mois. – De même demander leurs suggestions au conseil de la Fonction publique, à l’Inspection centrale et à la Cour des comptes, sous la supervision du ministre de la Réforme, en ce qui concerne le sort des cadres mis à disposition». Un bon programme certes, mais dont tous les éléments restent virtuels. Le seul point tangible étant que la réforme ne sera pas reprise avant le vote du budget. Probablement parce que le Cabinet, comme la fillette de la bande dessinée pour enfants Bob et Bobette, ne peut jamais «faire deux choses à la fois». Quoi qu’il en soit, sans trop se soucier de tact, de prévenance ou de délicatesse à l’égard d’un Exécutif qui s’est après tout montré très compréhensif à l’égard de leur leader, certains partisans d’un pôle parlementaire affirment sans ambages que «la charrette de l’épuration s’est arrêtée tout simplement parce qu’il n’est pas question d’y embarquer nos hommes. Le gouvernement n’oublie pas que son propre sort dépend d’un vote à la Chambre. Ou encore, sans aller jusque-là, qu’il ne peut pas faire grand-chose si nous lui mettons des bâtons dans les roues». Et c’est tout dire.
Ça y est, cela recommence. L’indiscipline ministérielle, le manque de cohésion gouvernementale reviennent en force. Les ministres donnent en effet des signes de plus en plus fréquents d’une inquiétante autonomie de propos par rapport au pouvoir. On a pu entendre ainsi l’un d’eux soutenir que la réforme administrative il faut en faire son deuil. Car selon lui l’épuration est...