La communauté chiite commémore Achoura Nasrallah appelle l'ALS à " retourner ses armes " contre Israël

D’importantes manifestations ont été organisées dans les différentes régions du pays pour commémorer Achoura qui marque la mort du deuxième imam des chiites, Hussein, tué à Kerbala (au sud de l’Irak) en l’an 680. La plus grande manifestation, celle du Hezbollah, a rassemblé selon des agences de presse, plus de 200 000 personnes, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Devant cette foule immense composée de jeunes gens vêtus de noir en signe de deuil, le secrétaire général du parti, sayyed Hassan Nasrallah, a appelé les miliciens de l’Armée du Liban-Sud (ALS) à «retourner leurs armes contre l’occupant israélien». «J’appelle tous les officiers et les miliciens de l’ALS non seulement à rendre leurs armes, mais à mener des attaques-surprises contre l’ennemi, a-t-il dit. Je leur demande de tourner leurs armes contre la poitrine des officiers et des soldats d’occupation dans la bande frontalière». sayyed Nasrallah a averti les miliciens de l’ALS qu’ils risquaient de s’exposer à des représailles de la Résistance s’ils ne rendaient pas leurs armes. «Le Hezbollah ne les attaquera pas seulement dans la rue, dans les vallées et dans les montagnes mais aussi aux portes de leurs maisons et dans leurs lits», a-t-il martelé devant la foule. S’adressant aux miliciens de l’ALS, sayyed Nasrallah a déclaré : «Les Israéliens vous utilisent comme sacs de sable pour se protéger contre les frappes de la Résistance. Mais aucune milice ne pourra nous empêcher de leur porter des coups de plus en plus durs. Rendez les armes et retournez-vous contre l’occupant». Sayyed Nasrallah a en outre réitéré son opposition à un retrait conditionnel d’Israël du Liban-Sud et a appelé une nouvelle fois à «l’éradication de l’État hébreu». «Toutes les expériences ont prouvé que la Résistance armée était le seul moyen de récupérer la terre. Israël est une tumeur cancéreuse dans cette région et le seul choix pour notre nation arabe et islamique est qu’il cesse d’exister», a-t-il dit. La « révolte des affamés » Le discours de Nasrallah a été émaillé par les cris de la foule qui se levait à intervalles réguliers pour scander «mort à Israël». Des milliers de personnes se sont également rassemblées dans la mosquée du Centre culturel à Chatila où le président du Conseil supérieur chiite (CSC), l’imam Mohammed Mehdi Chamseddine, a prononcé un prêche axé sur la signification «du sacrifice consenti par Hussein et par ses camarades à Kerbala». «La logique de Achoura est celle de la résistance et du refus de la reddition, a-t-il dit. Les sacrifices de nos fils au Liban-Sud face à l’agression sioniste s’inscrit dans le même cadre. C’est le peuple libanais tout entier et non pas seulement une de ses composantes qui résiste aujourd’hui à Israël». Une foule nombreuse a par ailleurs répondu à l’appel lancé par le mouvement de la «Révolte des affamés» de cheikh Sobhi Toufayli, ancien secrétaire général du Hezbollah qui vit dans la clandestinité. Des centaines de personnes se sont ainsi retrouvées devant la mosquée el-Ghadir à Bourj-Barajneh, où le principal adjoint de cheikh Toufayli, cheikh Zouheir Kanj, a prononcé un prêche appelant notamment à une révision de la politique fiscale du gouvernement «pour alléger les souffrances des plus démunis». C’est la première fois que la révolte des affamés organise une manifestation de cette ampleur dans la banlieue-sud depuis les combats sanglants d’Aïn Bourday, près de Baalbeck, en janvier 1998. Des affrontements entre des partisans de Toufayli et les forces de l’ordre avaient fait plusieurs morts des deux côtés et l’ancien secrétaire général du Hezbollah, radié des rangs du parti, s’était réfugié dans le jurd de Baalbeck. À Nabatiyé, au Liban-Sud, des centaines de fidèles, partisans du mouvement Amal dans leur majorité, ont transgressé l’interdit des autorités religieuses iraniennes, en se lacérant le crâne à l’aide de rasoirs, en souvenir du martyre de l’imam Hussein. Des hommes, des femmes et des enfants se sont frappés la poitrine à l’aide de chaînes, parfois jusqu’au sang. Une vingtaine de personnes, dont des femmes et des enfants, se sont évanouies et ont été hospitalisées durant la procession, au cours de laquelle la foule a scandé des slogans anti-israéliens.