Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

ÉPURATION - Les inquiétudes ne paraissent pas infondées La hantise de l'échec persiste

Le temps mort se prolonge sur la scène publique, alors que la récession bat son plein. Et comme toujours dans ces conditions, idéales pour les pêcheurs en eau trouble, l’on entend clapoter dans le marais des grenouilles à bulles, c’est-à-dire qui propagent des rumeurs, qui s’en donnent à cœur joie. En évoquant aussi bien un bog informatique prématuré, un virus malin qui frapperait les ordinateurs de la région, que le présumé fiasco de la réforme administrative. Le petit jeu de la panique logicielle ne prend certainement pas. Par contre les inquiétudes qu’exprime plus d’une partie raisonnable au sujet de l’épuration ne paraissent pas infondées. Après tout, le président du Conseil a avoué en personne que l’affaire avait été mal engagée, qu’il y avait eu des couacs, notamment au niveau des désignations. Et, surtout, il y a cette hantise récurrente de tous les précédents qui ont fini en queue de poisson, pour continuer à user d’images aquatiques. Dont la tentative avortée effectuée en 1993 par le premier gouvernement Hariri qui semblait pourtant détenir tous les atouts possibles et imaginables. Un député opposant trouve ainsi qu’il y a tout lieu «de craindre que l’on ne bute sur les mêmes blocages qu’il y a six ans. D’une part, des réticences politiques faciles à deviner. D’autre part des ministres qui manquent d’expérience politique. Et qui n’ont même pas l’avantage, comme naguère les boys de M. Hariri, d’être couverts côté assises populaires par leur chef de file». Ce que cet honorable membre de l’Assemblée omet de mentionner, et pour cause, c’est qu’en 1993 c’est la Chambre qui avait pratiquement sabordé le projet de réforme. En retouchant le texte gouvernemental de manière à permettre aux fonctionnaires évincés de rentrer par la fenêtre (du Conseil d’État) après avoir été sortis par la porte (du Conseil des ministres). Cependant l’opposant marque un point quand il relève que «les rapports délateurs des organismes de contrôle, qui ont eux-mêmes besoin d’être régénérés et réhabilités, manquent manifestement de consistance. On ne trouve que rarement trace dans les dossiers de charges précises, datées, certifiées par des contre-enquêtes, motivées. La plupart du temps, les accusations se fondent sur des on-dit. Et cela explique sans doute pourquoi le gouvernement n’a pas étalé sur la place publique les reproches sur lesquels il a basé ses sanctions. Cette discrétion, le pouvoir la justifie, d’une manière tout à fait absurde, en soutenant qu’il veut ainsi préserver «la réputation» des gens. Un beau souci quand on vire des cadres comme des malpropres et qu’on les désigne à l’opprobre populaire. C’est d’autant plus regrettable que ce pouvoir a brandi d’entrée de jeu le slogan de la transparence. Or il est pour le moins opaque que l’on mélange dans un même panier d’infamie des fonctionnaires sans tache dont le seul tort est de ne pas plaire politiquement ou personnellement au nouveau pouvoir et des pourris». Après avoir dévidé ces arguments déjà connus, le député note au crédit des dirigeants qu’ ils «ont décidé en fin de compte de ne plus s’en remettre aveuglément aux recommandations du ministre de la Réforme, qui vient des rangs de la fonction publique et d’exiger désormais des dossiers consistants, étayés de preuves, pour punir ou récompenser les commis de l’État. C’est là une résolution qui s’impose. Mais qui va techniquement poser un problème au pouvoir. Car les organismes de contrôle, comme ils ne cessent eux-mêmes de le souligner, manquent de moyens, de personnel et de compétence pour assumer le nettoyage de l’administration. À quelque chose malheur est bon : ce constat d’incapacité temporaire, ajouté aux bévues commises, doit faire comprendre aux responsables qu’une réforme administrative ne se limite pas à l’éviction de quelques têtes. Et que, pour l’ensemble de la machine, la réorganisation et la modernisation sont plus importantes que l’épuration, même si elles ne peuvent la précéder dans l’ordre opérationnel du processus. Il faut un plan global. C’est plus facile à dire qu’à faire. Théoriquement, sur le papier, on peut toujours tracer un canevas excluant les considérations confessionnelles, sociales, politiques ou d’intérêt matériel. En pratique, le tissu des traditions perverses ou tribales est si large, si solide, la toile d’araignée si serrée et si étendue qu’il faudrait un prodige surnaturel pour en venir à bout. Cependant, pour être tout à fait honnête, c’est notre rôle à nous opposants de mettre en relief de telles réalités. Et c’est le rôle du pouvoir de ne pas s’y arrêter, de tenter quand même de redresser la barre, sans se décourager. Or, et nous sommes les premiers à le regretter, nous entendons dire dans les coulisses que la réforme administrative est gelée sine die…». Ce qui n’est pas tout à fait exact à en croire un ministre qui affirme que le train va redémarrer sans faute une fois terminé le débat sur le budget. L’affaire reste donc à suivre.
Le temps mort se prolonge sur la scène publique, alors que la récession bat son plein. Et comme toujours dans ces conditions, idéales pour les pêcheurs en eau trouble, l’on entend clapoter dans le marais des grenouilles à bulles, c’est-à-dire qui propagent des rumeurs, qui s’en donnent à cœur joie. En évoquant aussi bien un bog informatique prématuré, un virus malin...