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Actualités - ANALYSE

Perplexité dans les milieux politiques Un piège diplomatique de premier ordre

Après avoir déjoué d’innombrables pièges au cours des années écoulées, après avoir réussi à harmoniser sa position avec la Résistance active, le Liban officiel se retrouve empêtré dans la nasse d’Arnoun. Et adopte une position assez peu claire. Apparemment en porte-à-faux par rapport à la Résistance, qui proteste par le truchement de sa principale constituante, le Hezbollah. Ainsi, il a été décidé de s’en remettre à une médiation franco-américaine déployée, élément important, non pas par les canaux diplomatiques ordinaires mais par les délégués de ces deux puissances au sein du comité de surveillance. D’où les interrogations et les observations que développent à Beyrouth des députés et d’anciens ministres : – Le comité de surveillance dans sa globalité reste-t-il concrètement compétent pour connaître des plaintes qu’il reçoit ? Ces derniers temps, il n’a fait qu’éluder les problèmes sans trancher. – Ce qui est d’autant plus regrettable qu’on demande au Liban de s’adresser à cette instance, quand il y a lieu, en laissant désormais de côté les Nations unies. Et surtout le Conseil de sécurité. C’est ce que veulent les États-Unis, pour s’épargner de devoir user de leur droit de veto en cas de plainte libanaise devant le Conseil. Une protection d’Israël qui fait mauvais effet de la part d’une superpuissance censée gérer le processus de paix dans la région et rester impartiale. Ainsi, quand Israël a «chipé» Arnoun une première fois en l’entourant de barbelés, les Américains ont fait des pieds et des mains pour dissuader Beyrouth de s’adresser au Conseil de sécurité. – La médiation franco-américaine, trop vite acceptée par la partie libanaise, va certainement permettre à Israël de marquer des points. Car un tel marché suppose bien évidemment que chaque partie peut poser des conditions déterminées, tout en étant appelée à faire des concessions. En clair, les Israéliens vont sans nul doute négocier une redéfinition des accords d’avril, comme le réclame leur ministre de la Défense Moshé Arens. Qui affirme que le prétendu «droit de traque et de poursuite» de l’occupant contre les «subversifs» ne doit pas être limité par l’interdiction de toucher aux civils. Les Israéliens veulent donc que les accords d’avril permettent des frappes générales quand un élément armé utilise une zone habitée pour préparer ou pour mener une opération, ce qui est interdit en principe. Les Israéliens veulent aussi et surtout frapper non pas seulement en représailles, mais aussi d’une manière dite préventive, sous prétexte qu’on aurait signalé la présence de résistants dans une région. Sans que l’on ne puisse parler, après de tels bombardements, d’agression caractérisée ou de crime. En d’autres termes, Israël cherche tout simplement à vider complètement de leur contenu les accords d’avril, conclus pour protéger la population civile. On n’aurait plus qu’à biffer les accords dont la principale clause souligne que «quelles que soient les circonstances, il est interdit d’exposer les civils à des attaques et d’utiliser les zones occupées par des civils ou des installations industrielles et électriques comme plate-forme de départ pour des opérations». Ces dispositions ont amené le comité de surveillance à juger les deux charges dirigées contre les forces israéliennes et l’ALS qui ont explosé dans la région d’Arnoun le 13 avril comme étant une violation des accords d’avril. Le délégué libanais a exprimé la volonté de Beyrouth de prendre des mesures supplémentaires pour améliorer la situation sur le terrain, mais sans préciser lesquelles. Et pour cause : le Liban officiel n’est pas présent sur le terrain. Le délégué libanais a ajouté que le Liban respecte les points qui interdisent d’utiliser les zones habitées comme rampe de lancement pour des opérations militaires. Là aussi, ce n’est pas le Liban officiel qui est concerné. Toujours est-il, et c’est important, que le comité de surveillance a également jugé comme une violation des accords d’avril les tirs effectués par les Israéliens et leurs auxiliaires et qui ont blessé un journaliste de télé à Arnoun. C’est important, répétons-le, parce que cela signifie que même en cas de violation du côté libanais, Israël n’a pas le droit de se venger contre des civils, comme il exige de pouvoir le faire, dans le cadre des négociations qui s’engagent. On voit dès lors que, pour les politiciens de Beyrouth, les développements sur le plan diplomatique se présentent comme piégés. Et ils se demandent si le pouvoir ne devrait pas faire machine arrière, pour refuser fermement toute négociation, même par tiers interposé, avec Israël.
Après avoir déjoué d’innombrables pièges au cours des années écoulées, après avoir réussi à harmoniser sa position avec la Résistance active, le Liban officiel se retrouve empêtré dans la nasse d’Arnoun. Et adopte une position assez peu claire. Apparemment en porte-à-faux par rapport à la Résistance, qui proteste par le truchement de sa principale constituante, le...