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Actualités - REPORTAGES

Partenariat euro-méditerranéen - Ouverture, hier, de la conférence de Stuttgart Le Liban ne pourra retarder indéfiniment un accord avec l'Europe

La capitale de l’Europe, c’était hier Stuttgart, où s’est ouverte la troisième conférence ministérielle sur le partenariat euro-méditerranéen. Comme l’a souligné d’emblée à la séance inaugurale M. Joschka Fischer, ministre allemand des AE et président de la Commission européenne, c’est la première fois que les ministres concernés se réunissent en un lieu qui, géographiquement, n’est pas situé sur la Méditerranée. Et c’est significatif. L’Euro-Méditerranée va redéfinir la notion de proximité. Entamé à Barcelone, en 1995, ce processus s’est développé à plusieurs niveaux, depuis. Barcelone II s’est tenu à Malte, en 1997. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Allemagne, qui assure en ce moment la présidence tournante de l’Union européenne (UE), d’accueillir cette conférence, partie la plus visible du processus de Barcelone. Ouverte hier, la conférence s’achève aujourd’hui. Vingt-six pays d’Europe et du pourtour méditerranéen sud et est, ainsi que l’Autorité palestinienne, sont pour le moment parties prenantes à ce projet, ou faut-il dire à cette ouverture : la création, autour du bassin méditerranéen, d’une zone de prospérité, de stabilité et d’échanges. Tous les ministres concernés se sont retrouvés, hier, à la Maison de l’Économie de Stuttgart pour une première assemblée générale à huis clos. Assis entre les ministres luxembourgeois et jordanien des Affaires étrangères, M. Nasser Saïdi, ministre de l’Économie, représentait le Liban. L’instauration d’une zone de libre-échange (à l’exclusion des produits agricoles), est jusqu’à présent la locomotive de ce projet ambitieux et complexe. L’économie, prévoit-on, entraînera nécessairement l’établissement de rapports politiques et d’échanges culturels significatifs, basés sur une acceptation commune, par les pays et État partenaires, d’un ensemble de principes dont la source est la Charte universelle des droits de l’homme de 1948, comme M. Manuel Marin, vice-président de la Commission européenne, a tenu à le rappeler hier, à la séance d’ouverture. Cette Charte servant d’ailleurs, et la bouche est ainsi bouclée, de boussole ou de fondement aux rapports économiques, sociaux et politiques que l’on cherche à instaurer. Les crises régionales Si l’économique est la locomotive du partenariat, c’est bien évidemment, mais toujours relativement, pour des raisons pratiques. Il est moins conflictuel que le politique. La crise du Proche-Orient, omniprésente aux discussions de Barcelone et de Malte, la crise chypriote et d’autres antagonismes ouverts ou larvés, condamnent à l’avance le dialogue politique. Le poids de la crise régionale pèse d’ailleurs de tout son poids sur le Liban, et l’on constate chez les responsables, vis-à-vis du partenariat, des attitudes ambivalentes. C’est ainsi que le blocage du processus de paix et la coordination obligée avec la Syrie, beaucoup plus lente à libéraliser son économie, sur toute les questions stratégiques, semble retarder la signature, par le Liban, d’un accord de partenariat avec l’UE. Mais il n’y a pas que cela, évidemment, et l’existence d’une pesanteur bureaucratique et d’enjeux budgétaires et sociaux, retardent aussi le renoncement du Liban à ses recettes douanières, et leur remplacement par la TVA. Mais quelles que soient les pesanteurs, le Liban n’échappera pas longtemps, pour des raisons aussi bien économiques que culturelles, à l’accord de partenariat. Culturellement, ce projet correspond à des principes qu’il peut revendiquer comme siens. Indépendamment de cet aspect, le projet économique a, par ailleurs, sa propre cohérence. Trois grands ensembles Selon le premier rapport du Forum euro-méditerranéen des instituts économiques (Femise, février 1999), tout laisse prévoir en effet que le début du XXIe siècle sera marqué par la consolidation des trois grands ensembles régionaux en formation : L’Euro-Méditerranée, l’American Free Trade Area (Afta) et l’Asia Pacific Economic Cooperation (Apec). «C’est dans ce contexte qu’il faut situer le caractère éminemment stratégique du pari euro-méditerranéen», souligne le rapport, qui ajoute qu’«en signant avec les pays méditerranéens des accords d’association qui s’inscrivent dans une conception partenariale plus large (...) l’Union européenne a voulu étendre à ses partenaires de Méditerranée une démarche qui s’inspire du processus qu’elle a elle-même suivi pour se rassembler. Cette démarche consiste à libéraliser le système économique en renforçant les marchés, tout en veillant à maintenir la cohésion des sociétés et en les faisant converger». Cette volonté de promouvoir le développement dans le respect des équilibres sociaux distingue le partenariat euro-méditerranéen des autres approches de développement, ajoute en substance le rapport, qui souligne, dans ce domaine, que des moyens financiers externes suffisants sont indispensables pour que la transition ne conduise pas à une baisse de l’accumulation du capital, plutôt qu’à la prospérité. À cet accompagnement de la transition, l’Europe a déjà consacré un budget de plus de 4 milliards de dollars pour la période comprise entre 1995 et 1999. La réunion de Stuttgart doit normalement déboucher sur l’allocation d’un nouveau budget pour les quatre prochaines années. L’Europe reçoit chez elle cela veut dire que l’Europe a le devoir de l’hôte. C’est un privilège et une responsabilité. L’Europe a aujourd’hui le devoir d’honorer ses engagements, et de mener à terme ce qu’elle a commencé. Aujourd’hui, l’Europe a beaucoup plus d’obligations que de droits, et s’il faut aller dans le sens de l’histoire, il faut le faire sans piétiner les foules. Le partenariat doit être vécu comme un risque dont toutes les parties doivent assumer la responsabilité, mais principalement le Nord, principal bailleur de fonds. Ce n’est pas seulement une question d’argent. la solidarité sociale doit être sans faille, généreuse, visionnaire, si le projet doit un jour se concrétiser. En contrepartie, les pays de la rive sud ont le devoir d’accueillir l’initiative du partenariat et d’y répondre. S’il a été, initialement, une idée du Nord, le partenariat doit, pour réussir, devenir le projet de tous.
La capitale de l’Europe, c’était hier Stuttgart, où s’est ouverte la troisième conférence ministérielle sur le partenariat euro-méditerranéen. Comme l’a souligné d’emblée à la séance inaugurale M. Joschka Fischer, ministre allemand des AE et président de la Commission européenne, c’est la première fois que les ministres concernés se réunissent en un lieu qui,...