Liban-Sud - L'Etat hébreu menace, via Washington, de frapper durement le Hezbollah Des blindés israéliens acheminés à l'est d'Arnoun

Les renforts de blindés israéliens acheminés hier à l’est d’Arnoun, les propos qu’ont tenus des sources de sécurité citées par la radio de l’État hébreu concernant la ferme volonté d’empêcher une réédition de l’attaque à l’explosif perpétrée lundi contre les forces d’occupation à proximité de la forteresse des Croisés, tout semble confirmer l’éventualité d’une escalade que laissaient déjà présager les menaces de «frapper durement» le Hezbollah transmises mardi soir par l’ambassadeur américain, David Satterfield, aux dirigeants libanais. À en croire le député du parti islamiste, Mohammed Raad, ces menaces sont destinées à calmer le jeu tout au long de la période électorale en Israël. Mais pour le Hezbollah, une trêve est inacceptable, la seule solution étant un retrait inconditionnel du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest. Sur instructions du secrétaire d’État américain adjoint pour le Proche-Orient Martin Indyk, M. Satterfield a remis des «messages urgents» au Premier ministre Sélim Hoss et au président de l’Assemblée nationale Nabih Berry. Washington y évoque «l’atmosphère tendue» qui règne en Israël à la suite des attaques meurtrières menées par le Hezbollah contre les troupes israéliennes dans la zone occupée au Liban-Sud. Rappelons qu’un militaire israélien avait été tué lundi par l’explosion d’une bombe télécommandée près de sa position dans le Château de Beaufort. M. Satterfield a également transmis une demande de l’État hébreu relative à l’installation d’une position permanente de l’armée libanaise à Arnoun afin d’empêcher toute opération contre ses troupes dans le Château de Beaufort. Mais MM. Hoss et Berry ont rejeté cette demande et réitéré l’appui de l’État libanais aux combattants anti-israéliens. Lundi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait tenu une réunion extraordinaire avec des responsables des services de sécurité pour examiner la riposte à l’attaque menée près d’Arnoun. Le lendemain, mardi, les journaux israéliens, citant des sources politiques et militaires, indiquaient que l’État hébreu entendait infliger au Hezbollah «des coups douloureux par des frappes aériennes et des barrages d’artillerie». Des renforts blindés Israël mettrait-il déjà ses menaces à exécution ? Dès l’aube d’hier, une unité blindée de Tsahal a pris position à l’est de la localité d’Arnoun surplombée par le Château de Beaufort. Et pour cause : la Résistance avait attaqué la nuit une patrouille de l’Armée du Liban-Sud sur la route de la forteresse. Durant la matinée, l’artillerie israélienne a pilonné nombre de régions en bordure de la zone occupée : Majdel Zoun, Wadi Rahrah, Jabal el-Rafih… La Résistance a riposté à ces bombardements en attaquant des positions israéliennes au lieudit Radar et dans la localité de Soueida. Selon le mouvement Amal, qui a revendiqué l’opération, l’attaque aurait fait des victimes dans les rangs de l’ennemi. Par ailleurs, le député membre du Bloc de fidélité à la résistance, Mohammed Raad, a exclu toute «trêve électorale» souhaitée par Israël. La seule solution pour l’État hébreu est de se retirer du Liban, affirme M. Raad. Celui-ci a commenté la demande d’Israël relative à l’installation d’une position permanente de l’armée libanaise à Arnoun, en déclarant : «Les opérations de la Résistance sont conformes aux arrangements d’avril et l’ennemi n’a rien à demander au gouvernement libanais». Et d’affirmer que la Résistance est disposée à riposter «comme il convient» à toute nouvelle agression israélienne. Sur un autre plan, le comité de surveillance s’est réuni hier matin à Naqoura pour examiner quatre plaintes, une libanaise et trois israéliennes. Le Liban accuse les forces navales israéliennes d’avoir ouvert le feu sur des embarcations de pêcheurs au large de Tyr. Quant aux représentants de l’armée israélienne, ils accusent notamment la Résistance d’avoir posé des bombes télécommandées dans la localité occupée de Rab Thalathin et d’avoir bombardé des lieux habités à Majdel Selm.